Le CFCM, Conseil français du culte musulman, qui était resté silencieux au moment de la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan, s’est fendu d’un communiqué suite à une partie du débat entre M. Zemmour et M. Onfray le 4 octobre 2021 consacrée à un verset du Coran que les lecteurs du Salon beige connaissent déjà bien, le verset 32 de la sourate 5. L’article était intitulé : « L’islam religion de paix et de tolérance ? La pantalonnade de la référence au verset 5-32 du coran ».
Lors du débat, M. Onfray avait repris la vulgate musulmane qui exhibe ce verset comme une preuve essentielle de la bonté intrinsèque de la religion musulmane ; M.Zemmour l’avait tempéré en lui rappelant que certaines catégories échappaient à la mise en pratique de cette bonté.
Nous sommes ainsi positionnés au bon niveau de discussion avec l’islam, celui des textes. C’est là que ça gratte, comme le démontre la réaction du CFCM, car le texte, lui, ne ment pas comme eût pu dire (on aime la provocation potache) le Maréchal que vous savez…. Cette réaction nous a néanmoins déçus car, après tout, rien n’empêche à des gens de bonne foi de considérer qu’une partie des écrits considérés comme sacrés peuvent être violents. Là, pas du tout, le CFCM enfourche la doxamusulmane officielle et, de ce fait, ment comme nous allons le montrer.
Sur Twitter, le message est le suivant, publié le 6 octobre :
Lors de son dernier débat avec M. Onfray, É.Zemmour s’est permis d’inventer une version fallacieuse du verset coranique 5:32. N’en déplaise à E.Z, le Coran qualifie tout assassinat de crime contre l’humanité et l’assistance à une personne en danger de don de vie pour l’humanité pic.twitter.com/GcWyqZo8iR
— CFCM (@CfcmOfficiel) October 6, 2021
Et le contenu intégral du communiqué est le suivant, avec au milieu la citation effectivement intégrale [ce n’est pas toujours le cas] du verset en question :
Pourquoi alors accuser le CFCM de mensonge ? Trois éléments simples :
- Tout d’abord parce que cette exclusion du meurtre ne s’applique pas au meurtre des meurtriers et de ceux qui sont « coupables d’une corruption sur terre». Or, si on sait ce qu’un est meutrier, qu’est-ce que c’est qu’une personne coupable d’une corruption sur la terre ? Pour faire simple (mais on pourrait là aussi se rapporter aux exemples précis repris dans l’article du Salon beige cité plus haut), ce sont tous ceux qui « ont rompu le pacte avec Allah ». On pourrait citer en vrac les juifs, les chrétiens, les polythéistes, les hypocrites, les apostats, les athées… Ca fait quand même du monde.
- Deuxièmement, parce que, comme toujours quand on se plonge dans le coran en entier pris comme référence dans le communiqué, il faut regarder ce qui entoure la citation extraite. Ici, le verset suivant, verset 33 :
Alors après, venir écrire que le coran qualifie tout assassinat de crime contre l’humanité parait très légèrement surfait. Voire mensonger.
- Mais il y a encore un troisième mensonge contenu dans le communiqué et recopié dans le message twitter lui-même : c’est la notion « d’assistance à une personne en danger», qui n’est absolument pas celle contenue dans le verset que nous rappelons.
Dans le verset, il s’agit de « faire don de la vie », l’expression étant parfois traduite par le verbe « épargner la vie » [il serait intéressant d’avoir des notions d’arabe pour connaître le terme originel]. Prêter assistance à une personne en danger, c’est venir secourir une personne menacée par un tiers. Dans le verset du coran, il n’y a pas de tiers. C’est simplement que celui qui est interpellé accepte (quasiment gentiment…) de ne pas tuer la personne qu’il a en face de lui. Et encore, c’est pour le cas où cette personne, là encore, n’est ni un meurtrier ni un corrupteur ! Ceux-là, par construction du verset, ne sont pas concernés. On aura ainsi noté que, dans cette religion dite non-violente, il n’y a pas de choix d’aimer ou non, de choix de prendre soin ou non, de choix d’élever ou non : c’est de façon beaucoup plus rustique le choix entre tuer et épargner.
Nous est alors revenue à l’esprit cette antienne qui circulait à Paris pendant l’Occupation : Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand…