Pionnier de l’union des droites aux régionales de 1998, Charles Millon avait été exclu de l’UDF pour avoir emporté la présidence de Rhônes-Alpes grâce au Front national. L’ancien ministre de la Défense, qui porte un regard bienveillant sur Eric Zemmour, a été interrogé dans L’Express :
Les adhérents LR choisiront en décembre leur candidat à l’élection présidentielle. Vous avez soutenu la candidature de François Fillon en 2017. Que vous inspire cette compétition ?
Tout cela est terne. Le discours des candidats LR est convenu. Ils incarnent une droite institutionnelle, qui a peur d’elle-même et des mots. Cette droite manque de convictions, elle est conformiste. Ils commencent à peine à parler d’immigration car les Français le réclament, alors que le sujet est posé depuis près de trente ans. Je défendais le concept d’assimilation dès les années 70. Lors du premier débat télévisé, Éric Ciotti est toutefois sorti du lot. C’est le seul qui dit ce qu’il pense au lieu de dire ce qui est “convenable”. Les autres ne parlent pas assez de la France.
Vous venez de Rhône-Alpes, la candidature de Michel Barnier ne vous emballe pas ?
Il est tellement lisse. Il a opéré un revirement récent sur l’immigration et l’Europe. Ce n’est pas crédible. Il a été au coeur des institutions européennes pendant dix ans. Cette politique est aujourd’hui contestée par les électeurs, y compris par les autres candidats de droite. Sans juger de sa sincérité, on ne peut pas être un personnage multiple.
Vous incarnez une droite libérale et conservatrice. Le congrès LR est-il orphelin de cette ligne, portée au sein de LR par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ?
Je ne comprends pas leur renoncement. C’était leur heure, surtout celle de Wauquiez. Il a dirigé Les Républicains avant d’être mis sur la touche en raison des idées qu’il professait. Mais ces idées sont devenues centrales à droite ! En conséquence, Éric Ciotti préempte cette ligne politique. Il n’a pas le même statut que les trois favoris, mais son discours parle à la droite.
Il y a un décalage entre l’offre politique de LR et les attentes de l’électorat de droite. En outre, on ne comprend plus ce mur installé entre ce que l’on appelle “l’extrême droite” et la droite classique. Ce mur n’existe dans aucun pays au monde, sauf en France. Il a été installé par François Mitterrand puis Jacques Chirac. Il n’a pourtant jamais été institué entre le PS et le Parti communiste, allié à une époque avec l’URSS. Il y a des idées inacceptables que l’on entend parfois au RN, mais établir un mur absolu n’a pas de sens.
Eric Zemmour tente aujourd’hui de casser ce mur. Près d’un quart des électeurs de François Fillon en 2017 sont tentés par un vote en faveur du polémiste. C’est votre cas ?
Eric Zemmour répond à un besoin : celui de l’expression d’un certain nombre de jugements et d’analyses qui correspondent à la réalité. Quand il dit que la France doit rester une communauté nationale avec les mêmes idéaux et convictions, il a raison. Il est contre une société communautarisée, moi aussi. Je suis en phase avec le point central du discours d’Eric Zemmour.
Sur le plan économique et social, il a repris un discours de la responsabilité et d’autonomie de la personne. C’est le discours classique des conservateurs sociaux-libéraux. Mais ce discours était étouffé par un discours technocratique en France et en Europe.
Quand il affirme que la France est menacée de guerre civile, vous souscrivez à son analyse ?
Le mot est un peu fort. Le pays est menacé de tensions intracommunautaires qui sont préoccupantes. On le voit dans un certain nombre de quartiers et de cités. Il faut une assimilation dans la communauté nationale de ceux qui viennent sur notre territoire. A défaut, la France va se morceler. Cela ne correspond pas à notre histoire.
[…]
Eric Zemmour est arrivé au moment où il fallait. Le monde politique français est en train de nourrir l’abstention, car il est tombé dans l’entre-soi. Quand les gens évoquent leurs problèmes, on les taxe immédiatement d’extrémisme. On l’a vu avec les gilets jaunes, qui ont été injuriés. Eric Zemmour affirme la réalité à sa manière, cela explique son succès. C’est la suite logique de ce qui s’est passé en 1998. […]
Vous êtes l’apôtre d’une droite libérale et conservatrice. Elle a été incarnée par François-Xavier Bellamy lors des européennes de 2019. Elle n’a récolté que 8,5% des voix…
Elle n’était pas assez transgressive, notamment sur l’immigration. J’aime beaucoup François-Xavier Bellamy, mais c’est un intellectuel. Il faut en politique des gens qui cassent la baraque. Je ne tire pas de conclusions politiques à long terme de cet échec des Européennes. Le courant de la droite conservatrice, libérale et d’inspiration chrétienne occupe la moitié de l’espace.
[…] Je pense qu’on va aller vers une évolution à la britannique. Un grand parti conservateur pourrait intégrer toutes les sensibilités de droite et un grand parti de gauche. Si on ne va pas là, le débat politique continuera de se dégrader. Dans cette équation, je place Emmanuel Macron à gauche. C’est un homme de gauche. La droite, c’est l’enracinement, le respect de la dignité de la personne, l’équité… Macron n’est pas de droite.
CesarevitchAlexei
Quand est-ce que les vautours de LR vont-ils s’apercevoir que leur parti est mort et que les Francais ne leur font plus confiance ?
VIVANT
M. Million ne parle pas des élites élues LR. Depuis des lustres elles sont derrière l’européiste Barnier. Ces cadres LR savent déjà, dans chaque fédération, que celui qui sortira du chapeau sera Barnier, le gendre idéal, beau gars, de la prestance, un commissaire du peuple qui fera un bon premier ministre pour le gamin président. Attention à l’ombre et à l’ombrage, le gamin est méchant et ombrageux.
Collapsus
M. Millon ne comprend pas pourquoi en France une alliance des droites n’a jamais été possible ??
Le Monde 26 mars 1986 – Article intitulé “Inquiétude dans la communauté juive” :
“Les associations B’naï B’rith lancent un appel et attirent l’attention des partis de la nouvelle majorité, … rappellent à leurs représentants leurs engagements pris au cours des forums du B’naï B’rith de ne s’allier en aucun cas au Front National”.
https://www.lemonde.fr/archives/article/1986/03/26/inquietude-dans-la-communaute-juive_2922125_1819218.html
VIVANT
La réaction de Haim Korsia va dans votre sens. Cependant les Français juifs qui souffrent des vexations et attaques musulmanes comprennent toutes les positions prises par Eric. La situation de 1986 n’est pas la même que celle de 2021 ou 2026, pas du tout la même. En 1986 il y avait un RPR aux propositions claires. En 2021 ces propositions sont en marche chez Zemmour. En 1986 il y avait une gauche de gouvernement, en 2021 il y a un marigot en marche. En 2021 il ne faut pas viser une ‘alliance des droites’ mais une alliance pour la France contre le violent wokisme fasciste de dissolution remplaçante. Regardez, le laïcard Marc Menant est pro-Zemmour.
EROUANI
Le discours des candidats LR est aseptisé, même celui de Ciotti.
On peut penser qu’une bonne partie de l’électorat LR tentée par le vote utile se partagera entre Macron, Zemmour et Le Pen.
MLP manque de charisme et tremblera au moment décisif comme en 2017. Beaucoup d’électeurs ne reconnaissent plus son parti. Ils l’aimaient, quand il était dirigé par le père, mais sentent que la fille a dilapidé l’héritage après avoir chassé le menhir.
Zemmour manque d’expérience de l’arène politique. Il est homme de plume et de plateaux télévisés mais ni tribun ni homme d’Etat. Son discours d’hier à Bordeaux était catastrophique en la forme. Je ne crois pas en ses chances après que l’effet ou l’illusion Zemmour se seront estompés et quand la campagne sera entrée dans le dur.
Quant à Macron il n’aime que lui. Il véhicule l’image de monsieur COVID. C’est pauvre.
Charles Millon semble rêver d’un bipartisme à la britannique ou l’américaine. C’est une vieille idée, qui ressort périodiquement puis disparaît à nouveau pendant quelques années.
VIVANT
Votre pensée est clairement exprimée. C’est un bon point. Cependant des phrases sont pauvres de sens. Une bonne partie de l’électorat LR tentée par le vote utile votera Macron dès le premier tour et encore plus au second tour. MLP a un socle inaltérable. “Zemmour manque d’expérience de l’arène politique.” dites-vous ! On croirait entendre les propos de l’européiste carriériste Barnier, ancien RPR dissout dans ‘la grande dissolution’. Zemmour connaît admirablement bien le personnel politique et la politique politicienne. “L’illusion Zemmour” est centrale ! Les millions d’abstentionnistes se réveillent au son du Z. Ils ne voteront pas Barnier par la volonté ‘Du tout sauf Macron’, ils n’iront pas voter au 2ème tour ni au premier si Zemmour n’est pas bien placé dans les sondages. Barnier sera premier ministre durant un an et demi. Les présidentielles cachent les élections des députés. Si Zemmour fait un parti, Macron n’aura plus la majorité, Barnier le fusible sera éjecté par l’ingouvernabilité du pays. …
EROUANI
VIVANT vous avez apparemment une vocation de notateur, mais je ne relève pas de vos observations.
J’ai mon avis. vous avez le vôtre. Ainsi soit-il.
VIVANT
Je suis d’accord avec vous.
Antigone
“Je suis en phase avec le point central du discours d’Éric Zemmour”
“Éric Zemmour est arrivé au moment où il fallait”
“C’est la suite logique de ce qu’il s’est passé en 1998”
“Il faut en politique des gens qui cassent la baraque” etc…
Je ne sais pas ce qu’il vous faut !
En quoi serait ce la description d’un bouffon incapable de gouverner?
Il me semble que cette vision relève plutôt de votre analyse que de celle de Million.
De toutes façons Zemmour ne sera jamais plus”bouffon” que nos 3 derniers présidents (dont l’actuel), il est impossible de faire pire que ces 3 là !!
Nous n’avons plus rien à perdre !
Collapsus
Vous placez Chirac et Mitterrand dans les bons présidents 😳 ?
Antigone
Absolument pas, vous avez raison j’aurais dû remonter jusqu’à Giscard inclus, ces 3 là ont fait également beaucoup de mal à la France, malheureusement.
VIVANT
Je ne sais pas lire entre les lignes, je ne sais pas prêter à ce M. Millon qui a souffert à Lyon des propos de taupe, ou de taupe politique.
VIVANT
Nous avons un pape que l’histoire classera peut-être dans les antipapes. Benoît XVI a fait la volonté de Dieu en se retirant. Ainsi Dieu manifeste les fumées de Satan ce qui permettra une épuration salutaire opérée chirurgicalement par un des successeurs des papes précédents. C’est devenu tellement criant que les pierres n’ont pas besoin de gémir.
France Fougère
Un détail éloquent à propos de Madame Pécresse : au cimetière de Colombey les deux Églises, elle arborait une écharpe rouge. On ne porte pas de rouge à un enterrement ni dans un cimetière.
VIVANT
C’est pour la photo dans les médias. Le rouge se voit et cela fait féminin, sauf pour Barbier.
Milou
Merci VIVANT pour ces propos clairvoyants mais je vous avoue ne pas comprendre ce que vous entendez par ” un des successeurs des papes précédents”. Mystère ?
VIVANT
C’est simple avec cette clef : Il y a eu de nombreux antipapes dans l’Histoire de l’Eglise. Et seuls des papes succèdent à des papes. Nous (nos descendants) verrons quel nom aura le successeur de Benoît XVI.
lavergne21
Que Zemmour se déclare candidat, et vite ! sinon il commence à baisser dans les sondages.