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Liberté d'expression

Charlie Hebdo : lettre d’un général à un officier musulman

Le général Poncet dénonce, dans une lettre adressée au capitaine Djamel, publiée le 24 janvier, la manipulation qui a suivi les attentats de Paris et ses conséquences. Extrait :

"L’élan émotionnel et spontané a été récupéré pour initier une opération de manipulation des foules qui a engendré ces manifestations de très grande ampleur. Je te rassure, si j’avais été en France, je m’en serais également abstenu. La liberté d’expression n’excuse pas tout et ne justifie en rien le droit à la caricature outrancière que j’assimile à  l’insulte la plus méprisable. D’ailleurs, j’ai un peu de mal à comprendre comment l’on peut emboucher les trompettes du vivre ensemble sans un minimum de respect de l’autre en particulier vis-à-vis de tout ce qui touche à son espace symbolique ou sacré, qu’il soit profane ou religieux. J’ai un peu de mal à comprendre comment on peut brandir l’étendard d’une laïcité dévoyée en insultant l’autre, et tu sais que, chrétien, je suis attaché à une laïcité bien comprise qui rassemble autour de valeurs communes, une laïcité dont la signification doit être repensée. Il faut regarder la réalité en face. La France d’aujourd’hui est faite de communautés. Gageons qu’avoir porté ces caricatures en valeur républicaine et en symbole de liberté, d’avoir voulu leur donner une caution nationale, va nous entraîner à chercher à marier la carpe et le lapin. Je peux plus sérieusement rappeler ce qu’a écrit Albert Camus dans L’Homme révolté: « La liberté absolue raille la justice. La justice absolue nie la liberté. Pour être fécondes, les deux notions doivent trouver l’une dans l’autre leurs limites ». Et toujours dans L’Homme révolté,  il évoque cette limite en se référant aux Grecs et à « Némésis, déesse de la mesure, fatale aux démesurés ». Il s’interdit de transgresser la limite pour rester à « hauteur d’homme ».  C’est cela le respect de l’autre, ce message que Lyautey nous a laissé pour conquérir les cœurs.

J’ajoute enfin que je comprends ton inquiétude pour la suite de nos engagements militaires au Sahel où il va falloir continuer à combattre un ennemi agressif et manœuvrier tout en sachant qu’il va lui être plus facile de trouver le soutien d’une partie importante de la population.  C’est tout un pan de nos opérations d’action psychologique qui vient de s’écrouler. J’espère que nos autorités ne vont pas oublier que la liberté d’expression se décline aussi avec la responsabilité."

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