Lu dans Présent du 16 avril via le blog des amis de Chesterton une présentation du dernier livre édité par les éditions de l'Homme Nouveau, Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, de G.K. Chesterton:
Le Plaidoyer de Chesterton est un recueil d’articles paru en 1926. […]
Son livre est, à bien des égards, prophétique. Trois ans avant le début de la grande crise de 1929 et de la longue dépression économique qui a suivi, des décennies avant notre crise actuelle, il a vu les faiblesses intrinsèques du système libéral capitaliste. Il écrivait : « Le capitalisme est en train de s’effondrer, et d’une certaine manière nous n’en sommes pas fâchés. […] L’idéal serait que les parties qui le composent se dissocient de l’ensemble et reprennent chacun leur autonomie. »
Chesterton explore plusieurs voies pour cette réforme possible du capitalisme, certaines vont carrément à contre-courant. Il prône un « retour à la terre », pour des citadins qui ne craindraient pas de retrouver les valeurs du travail au rythme des saisons et de la propriété individuelle. Il défend « la renaissance du petit commerce » contre le grand magasin qui « n’est pas seulement vulgaire et insolent, mais incompétent et inconfortable » et qui incite à consommer toujours plus sous de fallacieux attraits (« on trouve de tout », « c’est moins cher », etc.).
Et aussi il est partisan de la diffusion de la propriété, y compris la propriété des entreprises. Non pas forcément par le morcellement des grandes entreprises mais par ce qu’on appellerait aujourd’hui l’actionnariat populaire et l’intéressement (ce que Chesterton appelle « la division des profits »). […]
Chesterton n’était pas contre le capitalisme en général, il était hostile aux monopoles qui font disparaître la propriété et la responsabilité. Pie XII avait mis en garde, contre les excès, dans le capitalisme, d’une « classe prépondérante » qui « disposera des moyens de production, donc aussi du pain, et, en fin de compte, de la volonté de travail des individus » (message du 3 septembre 1944). Et il prônait, en contrepoint, « l’espoir d’acquérir quelque bien en propriété personnelle », où il voyait un « stimulant » pour « encourager au travail laborieux, à l’épargne, à la sobriété ».
Son livre est, à bien des égards, prophétique. Trois ans avant le début de la grande crise de 1929 et de la longue dépression économique qui a suivi, des décennies avant notre crise actuelle, il a vu les faiblesses intrinsèques du système libéral capitaliste. Il écrivait : « Le capitalisme est en train de s’effondrer, et d’une certaine manière nous n’en sommes pas fâchés. […] L’idéal serait que les parties qui le composent se dissocient de l’ensemble et reprennent chacun leur autonomie. »
Chesterton explore plusieurs voies pour cette réforme possible du capitalisme, certaines vont carrément à contre-courant. Il prône un « retour à la terre », pour des citadins qui ne craindraient pas de retrouver les valeurs du travail au rythme des saisons et de la propriété individuelle. Il défend « la renaissance du petit commerce » contre le grand magasin qui « n’est pas seulement vulgaire et insolent, mais incompétent et inconfortable » et qui incite à consommer toujours plus sous de fallacieux attraits (« on trouve de tout », « c’est moins cher », etc.).
Et aussi il est partisan de la diffusion de la propriété, y compris la propriété des entreprises. Non pas forcément par le morcellement des grandes entreprises mais par ce qu’on appellerait aujourd’hui l’actionnariat populaire et l’intéressement (ce que Chesterton appelle « la division des profits »). […]
Chesterton n’était pas contre le capitalisme en général, il était hostile aux monopoles qui font disparaître la propriété et la responsabilité. Pie XII avait mis en garde, contre les excès, dans le capitalisme, d’une « classe prépondérante » qui « disposera des moyens de production, donc aussi du pain, et, en fin de compte, de la volonté de travail des individus » (message du 3 septembre 1944). Et il prônait, en contrepoint, « l’espoir d’acquérir quelque bien en propriété personnelle », où il voyait un « stimulant » pour « encourager au travail laborieux, à l’épargne, à la sobriété ».
francoisdesaintjean
Bravo. Les 3 points fondamentaux d’un capitalisme a dimension humaine sont très bien vus.
Le capitalisme ou libéralisme est vraiment social ainsi conçu, mais il n’est pas socialisme pour autant en ce l’individu est beaucoup moins tributaire de l’Etat pour assurer sa sécurité et prospérité économique et sociale (principe de subsidiarité de l’Etat).
En effet, la nécessité de libérer l’individu de la servitude des grands groupes ne doit pas avoir pour excès de le jeter dans une servitude au profit de l’Etat (socialisme, communisme, nazisme), ce serait tomber de Charybde en Sylla.
Les grandes chaines de distribution ont détruit 4 a 5 millions d’emplois depuis leur création, au profit seulement de la richesse d’un nombre infiniment petit de familles, alors que ce qui compte pour qu’une économie soit prospère, c’est d’avoir le plus grand nombre de famille prospères.
Alors que cyniquement, nos économistes d’aujourd’hui ne parlent jamais de “prospérité” mais de “croissance”: seul compte la progression du CAC 40 et du PIB, or depuis 1975, on est passe de 300.000 chômeurs à 2,5 Millions (+ 1,5 M de Rmiste + 1 M d’expatriés pour cause de crise + Plusieurs Millions d’emplois précaires ou sous-payes: stages, cdd etc.) mais si on les écoute la France est en croissance depuis 1975, donc tout va bien.
Car la triste vérité, c’est qu’on peut avoir des fortes croissances dans des pays pauvres en raison de la spectaculaire adaptation des entreprises bénéficiant d’une main-d’œuvre bon marche, principalement par:
-expansion à l’international pour augmenter le CA,
-adaptation à un marche de pauvres: le profit se réalise tout aussi bien par la vente en masse de produits bon marche permis par des couts salariaux bas; ainsi les voitures françaises actuelles très profitables,
-vente “plein pot” des produits de luxe pour tirer un profit à partir d’un petit nombre de consommateurs aises.
-de la part de l’Etat, augmentation constante des impôts grâce a leur multiplicité (on baisse l’un mais on monte un autre) pour maintenir un PIB toujours en hausse.
Croissance et prospérité, deux concepts à ne pas confondre.
En fait Chesterton montre qu’il n’y a généralement pas besoin d’être expert dans la plupart des domaines pour faire fonctionner sainement un système, contrairement a ce que voudraient faire croire Mr. Attali et ses acolytes de la rétention de pouvoir au profit de leur oligarchie (Mr. Rocard idem), l’expert ne se justifie que dans le détail, pas dans le principal: tout le monde est capable de comprendre le principal car Dieu a bien calibré sa Création.
Emmanuel
Chesterton prophétique ?! Il aurait vu dans les années vingt les faiblesses du système libéral capitaliste. Au point de ne pas être faché de le voir disparaître. Rien que ça. Les marxistes tiennent le même discours.
Mais restons un tout petit peu sérieux… Par quel tour de passe-passe, par quel entourloupe, des dizaines de millions (!!) d’êtres humains ont-ils pu depuis cette époque et jusqu’à aujourd’hui, sortir d’une misère effroyable si ce n’est justement grâce à ce système libéral capitaliste dont notre bon prophète Chesterton voyait l’effondrement.
Chesterton prône un retour à la terre. Bien sûr, sans doute pour cultiver nos salades, traire nos chèvres, labourer avec le cheval et adorer mère Gaia avec nos camarades Baba-cools Verts (rouge dedans) sur le plateau du Larzac ?
Chesterton défend la renaissance du petit commerce. Ben voyons. Parce-que ce môssieur trouve le grand magasin pas seulement vulgaire et insolent mais incompétent et inconfortable. Mais qui l’oblige à aller dans le grand magasin ?
Chesterton pense donc avoir trouvé la recette de notre bien-être. Sans s’aperçevoir qu’à chaque fois, cela n’est possible qu’avec une intervention de l’Etat, donc par la contrainte, ce qui est en contradiction flagrante avec le principe même du système libérale alors que, nous dit-on encore, « Chesterton n’était pas contre le capitalisme en général ». Comprenne qui pourra.
Jean-Paul II : « les causes morales de la prospérité résident dans une constellation de vertus : le travail, la compétence, l’ordre, l’honnêteté, la frugalité, l’épargne, l’esprit de service, honorer sa parole, oser, pour résumé : l’amour du travail bien fait. Aucun système ou structure sociale ne peut répondre, par magie, au problème de pauvreté en dehors de ces vertus. » Ce sont précisément ces vertus-là que peut développer le système libéral capitaliste.
André DUHAMEL
L’utopie ne se concrétisera jamais, mais parfois elle indique le bon chemin.
Ceci dit, on n’a jamais remplacé l’économie de marché qui est vieille comme le genre humain.
Pascal G.
Il y a une grande part d’utopie dans ces propositions de CHESTERTON.
Le retour à la terre : cela s’est fait au LARZAC, et d’autres l’ont fait à droite. Mais cela ne peut être un mouvement de fond, car à moins de revenir au cheval et aux boeufs attelés, l’agriculture ne peut absorber beaucoup de monde. Et même l’agriculture biologique, moins intensive, ne suppose pas plus de main d’oeuvre. On peut vivre au rythme des saisons en ville c’est une question de contemplation, et à la campagne, beaucoup d’agriculteurs contemporains vivent en dehors de tout sentiment de la nature créée.
Idem pour le petit commerce, particulièrement touché en France du fait des impôts et charges, mais qui subsiste pour ce qui est de qualité.
Enfin les solutions proposées par CHESTERTON -lutter contre les monopoles, diffuser la propriété et la liberté d’entreprendre- sont typiquement…..capitalistes et libérales.
Car le capitalisme est une des marques de l’Occident : capitaliser les ressources, et les savoirs, ainsi que les techniques, tout comme le capital au sens strict, est vraiment ce qui a permis l’éclosion de la civilisation européenne chrétienne, dans cette dimension du service collectif qui est sa marque, sa caractéristique principale. CHESTERTON semble ignorer l’histoire sociale et économique occidentale. Comment ont été construites les abbayes et cathédrales, les remparts qui les protégeaient, les Hôtels Dieu et les Universités, si ce n’est par une accumulation formidable de capital humain, intellectuel et financier ?
Les monopoles ou oligopoles que dénonce CHESTERTON à son époque sont le fruit de la politique des Etats que ce soit aux USA ou en France, ou Allemagne, avec les chemins de Fer ou la sidérurgie liée aux industries militaires.
L’actionnariat populaire existe dans de nombreux pays dits capitalistes où durant les AG des grands groupes les petits porteurs ont un poids considérable : ce n’est pas le cas en France, puisque l’Etat a barré la route de l’actionnariat populaire à l’épargne retraite qui joue un rôle négligeable.
Demeure la participation au bénéfices : est-elle économiquement possible si on maintient l’Etat-Providence ? Et si l’entreprise est un des bras armés de l’Etat pour amputer les salaires de 60 % de la richesse créée et du coût réel du travail ?
La juste intuition de CHESTERTON réside donc plus dans sa demande de libertés économiques et de diffusion de plus de propriété, afin d’augmenter ce qu’il ne comprend pas, tout en l’appelant de ses voeux : l’augmentation du capital et l’extension du marché. Car tout comme il existe une morale naturelle, il existe une économie naturelle, liée à la nature même de l’homme, et fondée sur son sens de la propriété et son désir d’autonomie. Nous avons été créés dans notre dimension sociale pour la liberté et la réalisation de sociétés libres qui aident aux oeuvres de salut.
cosaque
Encore une fois, ce genre de débat risque de déraper car il y a une confusion des termes.
Le capitalisme est surement bon en soi.
Le libéralisme l’est beaucoup moins.
Il faut également distinguer progrès techniques et progrès dus au capitalisme.
L’invention du tracteur ou de l’ordinateur ne doivent rien au capitalisme. Attention à ces raccourcis.
Aussi,le capitalisme est-il un moyen ou une fin ?
On voit bien qu’il a été promu comme une fin en soi et ça c’est très dangereux. NON, l’argent ne doit pas etre une FIN. Si c’est le cas, c’est une nouvelle dictature qui apparait : le matérialisme, Mammon. Cette dictature balaie tout et est aussi pire que le communisme. Elle subordonne la morale à l’utilité et j’en passe…
Société d’hommes libres ou d’esclaves de l’argent ?
La finalité : c’est Dieu puis l’Homme mais pas l’argent.
Une 3ème voie ?
Voir les travaux de Maurice Allais, prix Nobel d’éco. Ou encore le Crédit Social de Louis Even.
Aller, un dernier : “Alexandra” de Volkoff et Dauxois. Une merveille.