À l’occasion du centenaire de la publication par le pape Pie XI de l’encyclique Quas Primas sur le Christ-Roi, Ichtus, en partenariat notamment avec La Nef, organise un colloque consacré à l’actualité de la royauté sociale du Christ, le samedi 22 novembre 2025 à Paris. Guillaume de Prémare, délégué général d’Ichtus et rédacteur en chef de la revue Permanences, a été interrogé dans La Nef. Extrait :
[…] L’objectif de ce colloque est très actuel : il vise à éclairer l’action et les buts des catholiques engagés dans les grandes affaires de notre temps. À cet égard, la notion de royauté sociale du Christ peut et doit être actualisée parce que le constat des impasses de la sécularisation donne, d’une certaine manière, raison à Pie XI. Celui-ci a voulu nous avertir que c’était une illusion de prétendre construire une société sans Dieu.
Cet avertissement n’a pas été entendu et la Modernité a triomphé. Ce triomphe serait-il illusoire ?
Les peuples d’Europe de l’Ouest – après avoir ignoré la visée ultime de la chose politique et oublié ce qui construit et conserve les sociétés – paraissent livrés à l’angoisse et à l’incertitude, sans Dieu, sans racines, sans véritables perspectives terrestres et sans espérance surnaturelle. Nous avons basculé dans une forme de dissociété qui ne sait plus s’appuyer sur ce que l’on nomme désormais « les communs ». Le moment est venu de penser de nouveau ce que pourrait signifier aujourd’hui le règne social du Christ, ce que pourrait être une société chrétienne, une société imprégnée par l’Évangile. Nous le devons à nous-mêmes, en tant que catholiques engagés dans la vie civique ; et nous le devons à nos contemporains qui, sans forcément s’en rendre compte, sont en quelque sorte orphelins de leur religion.
Précisément, l’idée d’une société chrétienne paraît aujourd’hui inaccessible. Ne craignez-vous pas de formuler une question qui ne se pose pas pour l’immense majorité de nos contemporains ?
Certainement, la manière d’aborder Quas Primas ne peut se résumer à affirmer des principes irréalistes et inaudibles pour nos contemporains. Qui pourrait aujourd’hui surgir de manière crédible dans l’agora et affirmer tout de go que le remède à nos maux est la constitution d’un État catholique et la restauration d’une chrétienté ? L’actualisation de la notion de Christ-Roi ne saurait ignorer le contexte historique que nous vivons, les contraintes prudentielles et une certaine gradualité. Le pape Pie XI lui-même a montré que la politique était un espace de négociation en affirmant, d’un côté, des grands principes, et en pratiquant, de l’autre côté, une politique des concordats très pragmatique. Cependant, je pense qu’il est nécessaire que les catholiques sortent d’une certaine pusillanimité sur la question religieuse en tant qu’enjeu de nature publique. […]