Nous avions évoqué fin février le roman scout de Christophe de Sansal. L’auteur a bien voulu répondre à nos questions :
Vous publiez un premier roman sur le scoutisme catholique : pourquoi avoir choisi cet univers particulièrement ?
J’ai été scout sur le tard. J’ai prononcé ma promesse à 17 ans, en tant qu’assistant chef de meute. Le virus m’a pris immédiatement. J’ai été assistant chef de troupe, puis chef de troupe deux années durant, et enfin routier pendant trois ans, avec pour apothéose, mon départ routier. En huit ans, j’ai été transformé. Par le souffle des amis que j’ai côtoyés, par la joie omniprésente d’une simple sortie comme celle d’un camp d’été, par le dynamisme spirituel proposé et enfin, par la beauté de la nature. Qui plus est, j’ai été bercé, dès mon enfance, par la lecture des romans Signe de Piste. Alors, tout naturellement, quand un projet d’écriture s’est invité dans mon esprit, conter une aventure scoute tombait sous le sens !
Au dos de l’ouvrage, il est précisé “à partir de 16 ans”, alors que l’aventure scoute commence dès 12 ans : pourquoi cette réserve ?
J’ai voulu écrire pour les adultes. Tout d’abord parce qu’écrire pour les plus jeunes me paraissait un exercice plus difficile, et ensuite parce que je voulais faire ressurgir du fond des cœurs quarantenaires une madeleine de Proust : la saveur résineuse d’un roman scout. Pour créer cette nostalgie tout en intéressant mes lecteurs seniors, j’ai souhaité garder la fraîcheur et le rythme d’un Signe de Piste, tout en adaptant le message principal à la psychologie des adultes. Cela donne, je pense, une intrigue un peu plus dramatique. Autant la première partie pourrait convenir à des jeunes de douze ans, autant la seconde partie traite de sujets qui pourraient ne pas les intéresser : les héros ont grandi ! ils ont vingt ans.
Cependant, j’ai eu quelques bons retours de jeunes gens de onze-douze ans, alors peut-être suis-je mauvais juge de cet âge conseillé !
Vous êtes ingénieur, docteur en mécanique – et l’on voit que cette spécialité vous a servi pour décrire précisément les chars de la 2e guerre mondiale -, mais comment un ingénieur devient-il écrivain ?
Un jour, terrassé par des problèmes techniques et humains insolubles, l’ingénieur a levé les yeux de son écran, puis levé le pied quelques mois et s’est pris à rêver. Lors d’une session de diagnostic de talents, mon formateur, un homme remarquable, me posa cette question : « Qu’est-ce qui vous fait vibrer ?» . Ce n’était qu’une question, elle n’engageait pas, elle ne posait ni conditions ni limites : c’était une invitation à rêver. J’ai discerné à ce moment qu’écrire était un désir enfoui au plus profond de moi et j’ai voulu intégrer cette activité dans mon rythme professionnel. J’avais depuis longtemps en mémoire, des images et des actions, plongées dans l’histoire de France, qui me faisaient vibrer et j’ai ressenti le brûlant désir de les partager. Je suis un homme qui aime les défis : j’ai regardé quelques tutoriels sur youtube, j’ai acheté un beau cahier vierge et une grammaire méthodique, et je me suis lancé. Des proches, au pedigree littéraire irréprochable, m’ont guidé par leurs conseils et leurs relectures. Ils m’ont fait toucher du doigt que je n’aurais peut-être pas dû dormir au collège, pendant les cours de Français. Tout en avançant, je me disais intérieurement que si cela ne valait rien, on me le dirait vite et, au moins, j’aurai essayé. Je suis convaincu que tout désir profond est révélateur d’un talent. Dieu a un plan pour chacun de nous. Celui-ci est toujours taillé à notre humble mesure et il ne peut être mis en œuvre que par l’exercice de nos talents propres. Ecrire est, je l’espère du fond du cœur, un des miens. Je le mesurerai à l’aune du succès de ce livre.