Sœur Marie de Nazareth, en mission à Alep pendant plusieurs mois, a rencontré les volontaires de SOS Chrétiens d’Orient, en visite à la paroisse d’Anjara en Jordanie. Elle vous livre son témoigne sur la vie à Alep.
La mission des religieuses apostoliques de l’Institut du Verbe Incarné à Alep est multiple. Tout d’abord, elles s’occupent des étudiantes chrétiennes de l’université d’Alep, bloquées dans la ville durant la majeure partie de l’année. Elles viennent également en aide aux familles chrétiennes pauvres de la ville, réparties dans plusieurs quartiers d’Alep, dont ceux de Sulaminiyeh, Midan (quartier arménien) et Assiyeh sont majoritairement chrétiens.
De nombreuses familles ont quitté leurs maisons à cause des bombardements ou de la dangerosité du quartier. Les échanges de tirs intensifs entre groupes armés y sont fréquents. La congrégation du Verbe Incarné aide ces familles en détresse notamment en les soutenant financièrement pour payer le loyer de leur nouveau lieu de vie.
Depuis le mois de mai, l’électricité est de nouveau disponible dans la ville, une heure par jour et à des horaires irréguliers. Une heure seulement pour laver le linge, préparer à manger (le gaz étant une ressource rare et particulièrement chère, la majorité des aleppins ont opté pour une cuisinière électrique) ou encore recharger les différents appareils électroniques.
L’énergie solaire n’est pas une alternative envisageable dans certains quartiers de la ville. En effet, l’accès aux panneaux solaires, installés sur le toit et les balcons des immeubles ou des maisons, n’est pas sécurisé. Toute personne aperçue sur le toit est immédiatement prise pour cible par les snipers.
L’accès à l’eau, potable ou non, est également problématique dans l’ensemble de la ville. Plusieurs puits ont été creusés par la congrégation, et, d’autre part, l’UNICEF a mis en place un système de distribution d’eau à travers la ville. Mais cela ne suffit pas ; c’est pourquoi de nombreux Aleppins n’ont d’autre choix que de boire de l’eau non potable avec les risques que cela comporte.
Ceux qui quittent la ville ne sont généralement pas satisfaits de leurs nouvelles conditions de vie. Après avoir abandonnés leur maison, ces déplacés se retrouvent dans des conditions de précarité extrême et ne peuvent généralement pas subvenir à l’éducation de leurs enfants. C’est pourquoi, nombre d’entre eux désirent revenir à Alep.
Chaque dernier samedi du mois, une messe est célébrée en l’honneur des défunts. La plupart des familles ayant été touchées par le conflit, cette messe rassemble un grand nombre de fidèles.
Un samedi matin jugé particulièrement dangereux, la congrégation hésitait à ouvrir les portes de l’église, estimant que personne ne prendrait le risque de venir assister à la messe. Il avait alors été décidé de n’ouvrir les portes que durant dix minutes pour permettre la venue éventuelle de quelques fidèles. A la grande surprise des membres de la congrégation, l’église s’est remplie en moins de 10 minutes, alors que les obus de mortiers tombaient à moins de 50 mètres de là.
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons comprendre la grande inquiétude qu’éprouvent les parents lorsqu’ils envoient leurs enfants à l’école, qui risquent leur vie à chaque instant en traversant la ville.
Depuis le début de la guerre, 13 hôpitaux ont été détruits à Alep. L’accès aux soins est donc extrêmement difficile ; le manque électricité ne facilite pas le traitement des blessés et patients. Par ailleurs, le blocus international empêche l’arrivée de médicaments dans le pays.
Pour compléter le tableau, il faut préciser que le personnel médical est en sous-effectifs, étant donné que de nombreux médecins ont fui la zone de conflit.
Priez pour la paix.
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