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Chute de Bachar al-Assad : un coup dur pour la Russie, l’Iran et le Hezbollah

Chute de Bachar al-Assad : un coup dur pour la Russie, l’Iran et le Hezbollah

Extrait d’une analyse de Roland Lombardi :

[…] Le pouvoir de Bachar al-Assad s’est donc effondré ! On l’a dit, il était déjà très affaibli par les sanctions occidentales et la lassitude de ses soutiens. Il faisait ainsi face à une crise existentielle. La Russie, son allié le plus influent, est fort occupée dans une guerre en Ukraine qui consomme l’essentiel de ses ressources militaires et économiques. L’Iran et le Hezbollah, quant à eux, ont subi depuis des années et surtout depuis le 7 octobre 2023, des frappes israéliennes massives et régulières qui ont finalement limité leur capacité d’action en Syrie.

C’est un terrible coup dur pour la Russie de Poutine qui risque de perdre ses bases navale et aérienne en Méditerranée orientale que sont Tartous et Hmeimim, sauf si un réduit alaouite autour de Lattaquié a été négocié en secret entre Moscou et Ankara. De même, sa réputation et sa crédibilité jusqu’ici indéniables en tant qu’allié puissant et fidèle, risquent de fait d’en prendre un sacré coup…

Pour l’Iran et ses proxys comme le Hezbollah, déjà fortement humiliés depuis ces derniers mois par l’État hébreu, cette défaite du régime d’Assad est catastrophique. C’est « l’arc chiite » qui est brisé et Téhéran perd un nouvel allié, après le Hamas (quasiment anéanti et finalement sacrifié), ainsi que sa principale voie d’accès au Liban et à la Méditerranée. « Laisser faire » (ou commanditer ?) le Hamas perpétrer les massacres du 7 octobre 2023 pour mettre à bas les Accords d’Abraham et annihiler les normalisations qui était en cours entre Israël et les pays arabes sunnites, et n’ayant pas mesurer les conséquences et les contrecoups dévastateurs, se sera avéré au final, au regard des résultats, comme une pitoyable erreur stratégique !

Du côté de certains acteurs régionaux, comme l’Égypte de Sissi, l’Irak, la Jordanie, le Liban ou encore les Émirats arabes unis, qui ne souhaitent pas voir la Syrie sombrer dans un chaos total, c’est problématique. Même l’Arabie saoudite de Mohammed ben Salmane, autrefois ardente opposante au régime (avant 2015), avait depuis réintégré la Syrie dans la Ligue arabe et semble aujourd’hui, dans son approche plus pragmatique, très inquiète de la fin de la dynastie alaouite…

En tout cas, quelle belle victoire, certes tardives après leurs premières tentatives il y a de cela treize ans, pour la Turquie et le Qatar !

Les illusions occidentales sur les « islamistes modérés »

Ce qui est particulièrement frappant dans ce contexte, c’est le retour de la petite musique maintes fois entendue depuis 2011 et les « printemps arabes », avec un discours occidental angélique, voire irresponsable, sur les « islamistes modérés ». Hayat Tahrir al-Sham, sous la direction d’Abu Mohammad al-Joulani, est présenté dans certains médias comme un groupe ayant évolué vers une gouvernance responsable et inclusive. Rien n’est plus éloigné de la réalité. Ce groupe, héritier direct d’Al-Qaïda, utilise la Taqîya – la dissimulation stratégique – pour apaiser et « enfumer » ses interlocuteurs occidentaux tout en poursuivant son objectif de mise en place d’un État islamique strict.

L’histoire récente a montré que de tels paris sur les groupes islamistes finissent toujours par se retourner contre leurs initiateurs. Assad supprimé de l’équation, il n’y aura pas en Syrie une belle démocratie à la scandinave comme le croient encore certains. Le pays risque au contraire de se fragmenter davantage, avec au mieux une république islamique (les Frères musulmans qui attendaient leur heure et les islamistes, mieux organisés, auront toujours le dessus sur une opposition démocratique faible et divisée) et au pire, comme le rappelait récemment mon ami et spécialiste du Levan Fabrice Balanche, une guerre civile interminable comme en Libye. Cette perspective devrait alarmer les Européens, qui ne manqueront pas de subir les conséquences directes avec une nouvelle vague migratoire et la réémergence d’un foyer jihadiste sur les rives de la Méditerranée qui pourrait lancer de nouveaux attentats de masse sur le sol européen…

En attendant, la France vient de « saluer la chute d’Assad »… Hallucinant !

Israël et le dilemme syrien

Israël, pour sa part, suit la situation avec une vigilance accrue. Bien qu’il ait longtemps profité du chaos syrien pour affaiblir ses ennemis, notamment le Hezbollah et l’Iran, la chute d’Assad lui pose de nouveaux défis. […]

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12 commentaires

  1. Bis repetita. En 1975, les mêmes idiots ou leurs parents applaudissaient la victoire des Khmers rouges au Cambodge et des forces communistes au Vietnam. Ils parlaient de libération. Sans autres commentaires

  2. Mais pour une fois les Occidentaux ne s’en sont pas mêlés (ou en tout cas ne s’en sont pas targués s’ils l’ont fait en sous mains mais ce dont je doute)
    Est-ce que les déstabilisations que vous avez citées ne viennent pas plutôt de ces ingérences ? L’avenir nous le dira rapidement

  3. Ce qui nous préoccupe avant tout c’est le sort des chrétiens de Syrie. On a un peu entendu “SOS Chrétiens d’Orient” et pas du tout Mgr Gollnisch qui s’est exprimé à contresens sur les gréco-catholiques d’Ukraine et qu’on a aperçu à Notre Dame. On a cru comprendre qu’à Idlib, foyer de la contre-attaque, les islamistes au look transformé ont amadoué le clergé chrétien local. Les loups se sont déguisés en agneaux, et ça a marché. Les Russes vont ils se retirer du pays alaouite, Tartous et Lattaquié ? Franchement, cela serait étonnant. Apparemment ils ont échangé leur lâchage d’Assad contre le maintien de leurs bases maritime et aérienne sur la côte nord ouest de la Syrie. Des années de foutoir à l’orientale se profilent à l’horizon. Tout cela est bien connu. L’ami du jour devient l’ennemi du lendemain, il suffit de lui graisser la patte. Voici venir le temps des hashishin, mais libres, démocratiques, et incontrôlés.

  4. La situation au Moyen-Orient ne devrait pas nous étonner, si l’on prenait soin d’ouvrir la Bible et d’y lire que, tout au long de l’Ancien Testament, des peuples entiers furent déportés, déplacés, combattus. Abraham, quittant le pays d’Ur en Chaldée (actuel Irak), rejoint la terre de Canaan (Israël actuel). Mis en esclavage en Égypte, le peuple juif guidé par Moïse, après une pérégrination de 40 années à travers l’Arabie, revient à la Terre Promise. Il se heurte aux populations en place. Il s’installe en Palestine, pour y être chassé à plusieurs reprises et, notamment, par le roi Nabuchodonosor à Babylone (Irak). Étrange retour au pays dont était parti Abraham. Mais, Cyrus, le Perse (Iran actuel) écrase Babylone et libère les Juifs qui reviennent à Jérusalem. Ceux-ci sont confrontés à ceux qui s’y sont installés depuis la déportation. Les combats continuent pour la survie du petit reste d’Israël.
    Tantôt résistants, tantôt conquérants, les Juifs, accrochés au Temple, subsistent dans la région. À côté d’eux se constituent des royaumes et des empires plus au moins menaçant : Assyrie, Grecs, Rome. Ce dernier finira par détruire Israël en 70 après JC.
    C’est l’époque clé de l’humanité : l’incarnation, la vie, la mort et la résurrection du Fils de Dieu : Jésus-Christ.
    Le peuple Juif se reconstituera, en tant qu’État, 1948. Mais cette reconstitution ne s’est pas faite sans batailles, ni sans guerre. Car entre 70 et 1948 après JC, l’islam est apparu et s’est développé. Il a conquis de vastes régions, en chassant les chrétiens. L’islam s’est déchiré, ensuite, au sujet de l’héritage du Prophète et des tendances sunnites, chiites, alaouite ont vu le jour et se sont affrontées.
    Le fondamentalisme de l’islam, en acte depuis plus d’un siècle, a vu se perpétrer bien des massacres, dont le premier fut le Génocide Arménien. Il s’est poursuivi au Moyen-Orient, et dans les régions voisines : Maghreb, Afrique, puis Europe. Tandis que des régimes occidentalisés tels l’Iran du Shah ont été balayés, laissant la place à une dictature islamique. La décolonisation ne s’est pas faite sans douleur, l’Algérie en est l’actuelle illustration.
    Il faut prendre la mesure de cette longue histoire qui trouve pour partie des motivations religieuses. Il faut aussi remarquer que l’Occident européen est contesté en Afrique et au Moyen-Orient. Cette contestation devrait nous inquiéter et nous interroger sur l’effondrement culturel, politique, philosophique et religieux que connaisse un grand nombre de nations occidentales.
    Face aux bouleversements géopolitiques, avons-nous encore quelque chose de crédible, de fort et d’enraciné à proposer ? La démocratie en crise, chez-nous, ne fait rêver personne.

    • “La démocratie en crise, chez-nous, ne fait rêver personne.”

      Et pour cause… Elle est littéralement cauchemardesque.

      • Nous ne sommes pas aujourd’hui en démocratie puisque Macron écarte d’emblée LFI et le RN (le petit peuple) des consultations !

        “La démocratie est le pire des système a l’exception de tous les autres” disait Churchill en substance; il avait bien raison.

        Sarkozy, se prenant pour un petit roi, a trahi la démocratie (le peuple Français) en faisant voter le traité de Lisbonne au sujet duquel les français avaient dit Non par référendum.

        Mais que font tous ces rois dans ces pays d’Europe qui en ont encore un ? De la représentation, ils coutent un pognon de dingue doit penser Macron !

        Quant à l’impératrice von der Leyen, elle est une impératrice inutile et fait … tout le monde !

        Et comme dit Zemmour : “Vive la République et surtout Vive la France !”

    • Merci Garde67 pour ce parcours de quelques milliers d’années alors qu’on a des sueurs froides en France et en occident pour savoir si Dupond ou Durand va démissionner dans quelques heures ou si Kevin, Matteo ou des supporters anglais vont submerger nos villes.

      Des prophètes d’Israël à la venue du Christ jusqu’à nos cathédrales, c’est l’histoire longue et pleine de sens, malheureusement de plus en plus remplacée par celle d’un prophète plus récents qui a dicté tout et son contraire et qui sème la guerre partout depuis ses discours de soumission et de conquête.

  5. Comme par hasard, après 17 ans, tout-à-coup, le régime de Bachar El Assad tombe … un mois avant l’arrivée de Donald Trump à la Présidence des USA..pour qu’il ait une situation épouvantable à gérer..

  6. Les faucons ont accéléré la guerre en Ukraine pour empêcher la Russie d’aider de façon efficace la Syrie. D’où la chute rapide de Bachar El Assad.

  7. Le monde est un bac à sable pris d’assaut par des voyous. L’humanité est à peine évoluée, encore à l’état d’enfants en gardienne. A quand l’état adulte et responsable.

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