À l’occasion de la dernière journée internationale de la trisomie 21, la chanteuse Cilou a sorti une nouvelle chanson « joyeux », où elle raconte l’histoire du petit Luis et de sa famille. Rencontre avec une artiste souhaitant mettre son talent au service de l’insertion des personnes porteuses de handicap.
Comment est née votre vocation d’artiste ?
À l’issue de mon école de commerce, je suis partie 6 mois en humanitaire à Jakarta en Indonésie, dans un bidonville, avec une ONG LP4Y – Life Project 4 Youth luttant contre l’exclusion sociale et professionnelle. Un jour, un jeune est venu me voir pour me demander de lui apprendre à jouer de la guitare. Puis un autre le lendemain, un autre le surlendemain et ainsi de suite, jusqu’à ce que nous soyons une trentaine ! Les jeunes ont alors commencé à écrire leur histoire que j’ai mise en musique. Nous avons enregistré la chanson en studio et tourné un clip. En parallèle, l’ONG avec qui j’étais partie en Indonésie m’a demandé de dupliquer ce projet d’apprentissage de la guitare dans d’autres pays. Ce n’est pas moins de 12 chansons qui ont été enregistrées aux Philippines, en Inde, au Vietnam, en Indonésie, et qui ont été regroupées dans un même album. J’ai écrit ma première chanson pour cet album, sur la difficulté de rentrer de mission, d’être en décalage avec le monde que l’on retrouve en rentrant chez soi, etc. C’est la première fois que j’ai découvert que d’autres pouvaient s’approprier mes paroles et les faire leurs. J’ai mené cette vie de studio durant 5 mois, avant d’avoir un déclic me faisant renoncer définitivement à la voie professionnelle qui m’était initialement tracée, pour me consacrer pleinement à la chanson. C’est alors que j’ai pu sortir mon premier single « en stop ».
Avez-vous un lien particulier avec le milieu du handicap ?
Mes parents ont toujours fait partie d’une association qui s’occupe d’enfants porteurs de handicap mental. Nous allions un dimanche par mois, jouer et nous occuper d’eux. Cela a toujours été quelque chose de naturel pour moi de les côtoyer. Lorsque j’étais étudiante à l’EDHEC, j’étais membre d’une association étudiante qui faisait participer des enfants porteurs de handicap à des comédies musicales. Le handicap mental est donc un sujet que je connais depuis longtemps.
Comment avez-vous eu l’idée d’écrire votre chanson « joyeux » ?
Je voulais écrire en cette période difficile que nous traversions tous, une chanson joyeuse, une chanson qui donne la pêche. Je souhaitais que ce morceau n’apparaisse pas comme « naïf » ou « décalé ». J’ai eu un déclic en voyant passer un post sur les réseaux sociaux, annonçant la journée mondiale de la trisomie 21. Je me suis dit « comment parler de la joie autrement que de parler de ces personnes reconnues comme unanimement joyeuses de façon contagieuse ? ». Les personnes porteuses de trisomie malgré leur handicap, ont une joie naturelle tellement communicative, sans filtre !
Je ne voulais pas faire de cette chanson, un catalogue de généralités. Je voulais des paroles inspirées d’une histoire vraie qui met en lumière les personnes porteuses de trisomie 21, leurs familles, ce que vivent des entreprises ou associations qui œuvrent pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées. J’ai contacté des familles sur Instagram pour recueillir des témoignages. C’est comme cela que j’ai pu rentrer en contact avec la famille de Luis.
C’est une des chansons dont je suis la plus fière. Toutes les petites anecdotes sur les peines, les joies, les difficultés rencontrées par Luis et sa famille sont authentiques. Je souhaitais vraiment que la chanson se termine par le sujet de l’intégration professionnelle car c’est un sujet fondamental. J’ai eu la chance d’entrer en contact avec les Cafés Joyeux qui ont inspiré la fin de ma chanson.
Connaissiez-vous la Fondation Jérôme Lejeune ?
Oui, j’ai eu l’occasion d’en entendre parler à plusieurs reprises. Je connaissais le travail de la Fondation et de l’Institut. Jérôme Lejeune est une figure qui me parle énormément. Je trouve cela très inspirant de se dire que cet homme, par le combat qu’il a choisi et auquel il a consacré sa vie, a pu changer le cours de milliers de vies, qu’il a pu rendre leur dignité aux personnes porteuses de trisomie. Je trouve cette figure passionnante et inspirante pour mener d’autres combats.
Le mot de la fin ?
Le combat pour l’insertion des personnes porteuses de handicap est un combat qui bénéficie à toute la société. Nous avons tous nos différences, nos forces et nos faiblesses. Nous avons besoin de cette différence !