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Cinquième dimanche après Pâques : “Vocem jucunditatis annuntiate”

Cinquième dimanche après Pâques : “Vocem jucunditatis annuntiate”

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
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La liturgie continue à chanter le Christ ressuscité et nous exhorte, en cette semaine des Rogations, à nous unir à sa prière ; cette prière par laquelle il a demandé à Dieu de faire partager à son humanité, par l’Ascension, la gloire qu’il possède de toute éternité comme Dieu (0ff). Cette gloire qu’il a obtenue, nous la posséderons aussi un jour, parce qu’il nous a délivrés du péché par la vertu de son sang (Intr., All., Com.). Aussi faut-il que, contrairement à celui qui se regarde au miroir et oublie aussitôt comment il est, nous ayons le regard attaché sur la loi parfaite de la liberté et la mettions continuellement en pratique » (Ep.). Et puisque le Christ nous a laissé comme consolation à son départ « de pouvoir prier en son nom pour que notre joie soit pleine », demandons à Dieu « par Notre-Seigneur » de ne pas rester sans fruits dans la connaissance de Jésus, afin que croyant « qu’il est sorti de Dieu » (Ev.), nous méritions d’entrer avec lui dans le royaume de son Père. Joann. 16, 23-30.

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. Je vous ai dit ces choses en paraboles. L’heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais où je vous parlerai ouvertement du Père. En ce jour-là, vous demanderez en mon nom ; et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous ; car le Père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde, et je vais auprès du Père. Ses disciples lui dirent : Voici que, maintenant, vous parlez ouvertement, et vous ne dites plus de parabole. Maintenant nous savons que vous savez toutes choses, et que vous n’avez pas besoin que personne ne vous interroge ; voilà pourquoi nous croyons que vous êtes sorti de Dieu.

► Introït : Vocem jucunditatis

Les chants de la messe de ce cinquième dimanche après Pâques expriment une fois encore notre joie et notre action de grâces pour le grand bienfait de la Rédemption. Mais contrairement au dimanche précédent, où cette jubilation commençait d’une façon calme et légère dans l’Introït, puis s’amplifiait dans les Alléluias pour atteindre son sommet dans l’extraordinaire Offertoire Jubilate Deo, aujourd’hui c’est dès l’Introït que la joie éclate en une acclamation triomphale.

Le texte est tiré du prophète Isaïe. Il annonçait aux Israélites la délivrance définitive de la captivité de Babylone, figure de la délivrance de la captivité où le péché nous retient ici-bas. ” Sortez de Babylone ” s’écriait-il, et il continuait par les paroles que nous chantons aujourd’hui.

Vocem jucunditatis annuntiate, et audiatur, nuntiate usque ad extremum terræ : liberavit Dominus populum suum.
Annoncez le avec des cris de joie, et qu’on l’entende. Annoncez-le jusqu’aux extrémités de la terre : le Seigneur a délivré son peuple.

Ce texte est, bien entendu, ponctué de vibrants Alléluias.

La mélodie est vraiment enthousiaste. Elle s’élève en grandes ondulations dont l’amplitude dépasse l’octave, culminant dans les hauteurs sur les mots usque ad extremum terræ, jusqu’aux extrémités de la terre. Cet Introït est accompagné du premier verset du psaume 65, qui formait déjà le texte de l’Introït du troisième dimanche et le début de l’Offertoire du dimanche dernier. Nous retrouverons d’ailleurs ce psaume dans l’Offertoire de ce jour.

Jubilate Deo, omnis terra, psalmum dicite nomini ejus, date gloriam laudi ejus.
Poussez des cris de joie pour Dieu toute la terre, chantez un psaume à son nom, donnez gloire à sa louange.

► Alléluia : Surrexit Christus

Comme ceux des dimanches précédents, les deux Alléluias du cinquième dimanche après Pâques sont encore très différents l’un de l’autre, notamment par leur longueur. Le texte du premier Alléluia n’est pas tiré de la Sainte Écriture. C’est un des nombreux versets d’Alléluias du temps pascal qui commence par le mot surrexit : il est ressuscité. Ils expriment notre joie et notre action de grâces pour le grand bienfait de la Rédemption.

Surrexit Christus et illuxit nobis, quos redemit sanguine suo.
Le Christ est ressuscité et nous a illuminés, nous qu’il a rachetés de son sang.

Cette illumination, c’est celle du baptême, qui nous a fait naître à une vie nouvelle, la vie de la grâce, et a ouvert nos yeux aux réalités surnaturelles. La mélodie exprime la joie de cette illumination d’une manière d’abord assez calme mais très gracieuse dans l’Alléluia, puis dans le verset elle s’anime progressivement pour s’élever en une grande envolée enthousiaste sur le mot redemit, le mot de la Rédemption, avant de revenir pour terminer à la calme mélodie de l’Alléluia.

► Alléluia : Exivi a Patre

Comme c’est généralement le cas au temps pascal, le deuxième Alléluia de ce cinquième dimanche après Pâques est nettement plus long que le premier. Son texte est tiré de l’Évangile, comme toujours en ce temps liturgique, sauf dimanche dernier où c’était une phrase de saint Paul, mais c’était quand même le Nouveau Testament. Il s’agit aujourd’hui, comme dans les Communions des deux derniers dimanches, d’un passage des entretiens de Notre-Seigneur avec ses apôtres après la Cène dans l’évangile selon saint Jean, où il leur annonce son prochain départ, et en ce dimanche nous sommes à quelques jours de l’Ascension :

Exivi a Patre et veni in mundum ; iterum relinquo mundum et vado ad Patrem.
Je suis sorti du Père et venu dans le monde ; maintenant je quitte le monde et vais au Père.

C’est toute la mission rédemptrice du Christ qui est ici résumée dans cet aller et retour entre le ciel et la terre.

La mélodie est assez extraordinaire. Elle se tient presque entièrement dans les hauteurs. Seule la cadence finale de l’Alléluia et celle du verset redescendent au grave, et, à l’intérieur de cette ligne légère et presque immobile, suspendue en l’air, un petit motif de quatre notes monte et redescend sans cesse, quinze fois en tout si on compte la reprise de l’Alléluia, évoquant le va-et-vient entre le ciel et la terre, comme les anges montant et descendant sur l’échelle de Jacob. N’oublions pas que c’est le Christ qui parle à ses apôtres sur le ton de la confidence exprimant son amour pour son Père et pour tous les hommes, sa joie pour toutes les âmes qu’il va sauver.

► Offertoire : Benedicite gentes

Le texte de l’Offertoire du cinquième dimanche après Pâques est tiré du psaume 65 Jubilate Deo, comme celui de dimanche dernier dont le développement mélodique était exceptionnel. Celui-ci est encore assez long et solennel mais il est cependant tout à fait différent. Nous y retrouvons le style calme, intérieur et méditatif qui est celui de la plupart des Offertoires. Comme la dernière phrase de celui de dimanche dernier, le texte de celui-ci est pris dans la deuxième partie du psaume qui, après la grande action de grâces pour le salut accordé à tout le peuple, devient plus intime et personnel.

Benedicite gentes Dominum Deum nostrum, et obaudite vocem laudis ejus, qui posuit animam meam ad vitam, et non dedit commoveri pedes meos. Benedictus Dominus qui non amovit deprecationem meam, et misericordiam suam a me.
Peuples, bénissez le Seigneur notre Dieu, et faites retentir sa louange, car il a gardé mon âme en vie, et n’a pas laissé mes pieds chanceler. Béni soit le Seigneur qui n’a pas repoussé ma prière ni détourné de moi sa miséricorde.

Chacun de nous remercie ici le Seigneur pour les grâces qu’il a reçues notamment à l’occasion de la dernière fête de Pâques. Il le fait en une longue contemplation on pourrait même dire rumination, la mélodie revenant sans cesse sur les mêmes notes avec une douce insistance.

► Communion : Cantate Domino

L’antienne de Communion du cinquième dimanche après Pâques est la seule de tous les dimanches du temps pascal dont le texte soit tiré d’un psaume, et elle commence comme l’Introït de dimanche dernier par les mots Cantate Domino. Ainsi la messe de ce dimanche s’achève-t-elle comme celle du dimanche précédent avait commencé. Ce n’est pourtant pas le même psaume. Dans l’Introït de dimanche dernier c’était le psaume 97 ; ici c’est le psaume 95, mais il lui ressemble comme un frère : c’est toujours la louange au Seigneur, roi et juge universel, et l’action de grâces continuelle pour le salut qu’il nous accorde.

Cantate Domino, benedicite nomen ejus ; bene nuntiate de die in diem salutare ejus.
Chantez au Seigneur, bénissez son nom, annoncez de jour en jour son salut.

Ce texte, on le voit, est assez voisin de celui de l’Introït de ce jour, et c’est encore la même joie ; mais elle s’exprime ici d’une façon moins ample et plus légère. Il y a cependant une progression entre les trois phrases jusqu’à l’Alléluia final qui culmine dans l’enthousiasme.

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