Réduire le corps humain à l’état de marchandise, cette pratique a un nom : le proxénétisme. Ainsi, dans les filières de l’Est, les filles sont maintes fois frappées et violées dès leur arrivée en France jusqu’à ce que leur avilissement soit total. Au sein des réseaux d’Afrique noire en revanche (un millier de jeunes femmes vers la seule région parisienne), la violence physique cède le pas à une emprise encore plus efficace, puisant ses racines dans la sorcellerie vaudoue !
Les prostituées nigérianes de Paris sont toutes originaires des environs de Bénin-City, une région paysanne située à quatre heures de route de Lagos. «Là-bas, les femmes enceintes prient pour mettre au monde des filles, jugées plus rentables que les garçons. Dès l’âge de quinze ans, elles font l’objet d’un négoce considéré comme légal.» Devant un avocat local, les parents auraient coutume de vendre les adolescentes pour des sommes oscillant entre 35 000 et 40 000 euros. Une fois l’acte signé, les ‘candidates’ sont photographiées sous toutes les coutures avant d’être livrées aux rituels vaudous. «Les parents entraînent la jeune fille chez un féticheur. Ce sorcier de village lui prélève des poils, des cheveux, des ongles et du sang qu’il mélange avec celui d’un coq ou d’une chèvre sacrifiée.»
L’ensemble des échantillons biologiques est enfermé dans un sac que le sorcier conserve à son domicile. Avant de prendre l’avion sous le couvert de visas touristiques, les futures prostituées prêtent alors le serment de ne jamais s’enfuir sous peine d’être frappées de folie ou d’être foudroyées par le dieu de fer Ogun. A leur arrivée, elles demeurent consignées à l’isolement pendant plus d’une semaine afin de parfaire leur conditionnement. «Sachant qu’une partie de leur corps est en quelque sorte séquestrée dans leur pays d’origine, elles observent un mutisme quasi absolu lors de leur garde à vue, explique un policier spécialisé. Une seule fois, un sac dûment rempli par un féticheur a été saisi en perquisition. Lorsque ce dernier été présenté à l’une des prostituées, elle a été prise d’une crise d’hystérie. Comme possédée, elle était paniquée à l’idée que nos services ne le détruisent…»