Pascal Poirot, entrepreneur et consultant, candidat de la droite de conviction dans la 2ème circonscription des Yvelines, trésorier du PCD, écrit dans Boulevard Voltaire suite aux propos d'Emmanuel Macron :
"[…] Je ne suis ni fils de harki ni fils de pied-noir, mais j’ai vécu en Algérie de 1984 à 1986. Le moment est venu de partager ce que j’ai vu. Une chose m’a particulièrement frappé : la grande majorité des plus de 35 ans, donc de ceux qui avaient connu significativement l’époque de l’Algérie française, aimaient profondément la France. Même ceux qui avaient perdu un frère, un père, un ami dans les combats, avaient tourné la page. Au-delà de la douleur, la réconciliation était le plus beau cadeau à faire au défunt. Ils parlaient un excellent français. Nous discutions passionnément de la France, de l’Algérie, du monde. Ils étaient heureux d’être algériens, mais regrettaient amèrement la manière dont leur indépendance s’était construite et les deux décennies chaotiques qu’ils venaient de vivre !
Et puis, il y avait les moins de 20 ans. Nés après 1962, parlant peu français, ils avaient reçu une version de l’Histoire déformée par la propagande officielle et avaient appris à détester la France. Début 1984, alors que je travaille sur un projet de 8.000 logements, les marques d’antipathie sont nombreuses : regards peu avenants, pneus crevés, crachats au sol sur mon passage… J’étais triste pour cette jeune génération de voir la haine qui lui avait été inculquée, alors qu’il était si agréable de partager avec ses aînés.
C’était un clivage terrible. Une rupture de transmission. Au sein même du peuple algérien.
Lorsque ma femme me rejoint avec notre premier enfant, les marques d’hostilité diminuent nettement : je n’étais plus le « sale Français », nous étions désormais « une famille ». La joie de notre histoire commune leur avait été volée, mais il leur restait ce sens de la famille si profondément ancré dans les peuples sémites.
2017, un candidat à la présidentielle parle de crime contre l’humanité en Algérie. Un coup de poignard pour moi, qui n’y ai vécu que trois ans. Comment imaginer la terrible souffrance qu’un tel mensonge a dû provoquer aux descendants de harkis et de pieds-noirs, dont les parents ont dû fuir la terre de leurs ancêtres ? Non seulement la France leur demande de taire leurs immenses souffrances, mais voilà que le candidat choisi par les médias et le système leur annonce que leurs ancêtres étaient des criminels contre l’humanité !
Non ! C’est plutôt une telle déclaration qui constitue un triple crime contre la vérité, car elle inflige une souffrance inutile et injustifiée au peuple français, une souffrance tout aussi inutile et injustifiée au peuple algérien et empêche de reconstruire une relation bilatérale solide.
Les prochains changements de dirigeants des deux côtés de la Méditerranée seront déterminants pour changer la donne.
Côté algérien, le successeur de Bouteflika pourra se complaire dans ce mensonge, continuer à faire haïr la France et entretenir un système corrompu qui fait venir des milliers de Chinois pour construire des autoroutes alors que le taux de chômage des jeunes Algériens atteint des sommets. Ou, au contraire, reconnaîtra-t-il que nous avons 130 ans de réussite commune pour rebâtir une relation gagnante entre deux peuples frères ?
Côté français, soit nous continuons à nier la vérité, de repentance en repentance, dans une relation biaisée parent/enfant. Soit, au contraire, nous reconnaissons toute la beauté de ce que nous avons bâti ensemble et, dans un dialogue adulte/adulte, nous partageons en toute franchise pour construire un avenir apaisé et fraternel. Nos différents candidats à la présidentielle en auront-ils le courage ? Ce dont je suis sûr, c’est que Macron ne l’aura pas."