D'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :
"Pourquoi notre époque a-t-elle tant soif de commémorations ? Tout se passe comme si, frappée d’amnésie envers le passé, et de cécité concernant l’avenir, il lui fallait retrouver le sens du temps long, et s’inscrire ainsi dans la durée. Mais hélas notre mémoire est devenue un champ de bataille, prise d’assaut par des lois dites « mémorielles », qui créent une surenchère de revendications communautaires et dressent les Français les uns contre les autres. Qu’ils s’agissent des Juifs, de la colonisation ou des Arméniens, c’est mémoire contre mémoire, le tout au détriment de l’unité de la nation.
L’autre inconvénient, c’est que ces lois forcent la mémoire collective à ne regarder que le mal commis. Et s’il ne faut certes pas occulter le caractère tragique de la condition humaine, l’identité européenne peut-elle se réduire à cette capacité à faire le mal ? À lire certains auteurs, il semblerait en effet que l’homme blanc européen doive à lui seul porter le poids de cette culpabilité.
Il s’agit donc de retrouver un rapport plus juste au temps et à la mémoire. Prenez 14-18, qui a été la matrice de beaucoup d’horreurs du XXe siècle, à commencer par le communisme en 1917. Comme le souligne le Père Peyrous, il est important que les commémorations qui démarrent ne se focalisent pas uniquement sur la « boucherie » que fut le premier conflit mondial, mais qu’elles mettent aussi en lumière les nombreuses grâces qui ont surabondé, quoique souvent de manière souterraine : combien d’actes héroïques accomplis par les aumôniers militaires durant cette période pour administrer les sacrements… ?
Ce n’est pas la petite histoire, mais sa face cachée. Celle qui a permis à la « grande » de ne pas voir notre civilisation disparaître corps et âme, ainsi que le craignait Paul Valéry. […]"