Lu dans Présent :
« Si vous ne vous plaisez pas dans notre pays, si vous éprouvez de la haine pour lui, vous pouvez le quitter – partir. » Ces quelques mots du président Donald Trump s’adressèrent en début de semaine à quatre membres de la Chambre des députés, quatre femmes, quatre démocrates, quatre représentantes de minorités. Comme à son habitude, Trump n’hésita pas sur les termes employés : il choisit les plus forts, les moins ambigus pour désapprouver d’un coup les propos incendiaires que ces « quatre élues du peuple » ont tenus depuis qu’elles sont au Congrès. Mais il enfonça encore plus loin le fer dans la plaie lorsqu’il s’adressa plus spécialement à l’une d’entre elles, originaire de Somalie. « Un pays sans gouvernement, sans Etat. Elle l’a quitté pour venir ici. Elle devrait y retourner pour aider à le sortir du chaos. » Voilà. Une série de tweets exprimant un profond ressentiment, une réelle amertume – tous deux fort légitimes – et l’Amérique s’embrasa. Quatre jours après, elle brûle encore tandis que l’on continue à déverser sur Trump d’inqualifiables injures.
Elles se nomment elles-mêmes The Squad (l’équipe). On y trouve Alexandria Ocasio-Cortez, originaire de Porto Rico ; Ayanna Pressley, Noire de Chicago ; Rashida Tlaib, immigrée palestinienne, et Ilhan Omar, venue de Somalie. Pour tous désormais elles sont le Squad, le brûlot extrême d’un néo-gauchisme le plus subversif, l’intransigeance corrosive d’un étatisme fossoyeur de principes. Le Squad, c’est l’anéantissement programmé de l’Amérique construite par l’homme blanc, la chevauchée de quatre cavalières de l’Apocalypse s’acharnant sur une civilisation. Elles sont descendues de leurs montures pour donner une conférence de presse qui peut se résumer en quelques mots-clés. Trump est un xénophobe, un islamophobe chargé de faire appliquer le plan des nationalistes blancs. C’est un raciste et lorsqu’il aborde les problèmes de l’Amérique, un hypocrite. Pour le Squad, Trump n’est pas président. Il n’est que « l’occupant » de la Maison Blanche. Un occupant dont la politique s’appuie sur la division du pays – par race, par religion, par genre. Il doit être destitué. C’est une urgence. Quarante-quatre présidents ont précédé Trump. Aucun d’entre eux ne fut traîné dans la boue par l’opposition officielle comme il l’est actuellement par ces quatre exaltées.
Alors, bien sûr, il existe plusieurs lectures de cet événement. On peut y voir l’exemple, certes, plus brûlant que les autres, d’un affrontement entre un président impulsif et des élus susceptibles. On peut y déplorer la présence de part et d’autre de termes volontiers blessants et agressifs. Mais il est également possible d’y déceler un piège. Un piège en quatre volets tendus par Trump aux démocrates.
- Un – Trump agite un mouchoir rouge sur lequel les quatre extrémistes foncent tête baissée.
- Deux – Elles ripostent en étrillant le président traité comme un vulgaire « occupant ».
- Trois – Le parti démocrate se croit obligé de soutenir le Squad contre leur ennemi commun.
- Quatre – les mâchoires du piège se sont refermées. La frange ultra-minoritaire et ultra-radicale des démocrates est désormais intégrée au combat démocrate dont elle devient l’expression crue mais vraie. Même cause, même cible, mêmes slogans et même mentalité. Ainsi, pour être réélu, Trump va pourfendre non pas Joe Biden, Elizabeth Warren ou Bernie Sanders – de la petite besogne sans grand intérêt – mais le Squad. Le Squad et ses complices démocrates plus ou moins conscients d’avoir été manœuvrés. C’est vrai que le Squad avec ce qu’il représente, ce qu’il suggère, ce qu’il annonce est un objectif d’une autre envergure que les pâles figurants d’insipides débats. Un objectif à la hauteur de Trump II.