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L'Eglise : L'Eglise en France

“Comment expliquer cet autoritarisme cléricalisant que nous rencontrons ?”

“Comment expliquer cet autoritarisme cléricalisant que nous rencontrons ?”

Discours du président de Notre-Dame de Chrétienté, jean de Tauriers, à la messe des Courlis, le dimanche de Pentecôte 19 mai :

Chers pèlerins,

« Il était une fois, il y a très longtemps, un brigand qui devait être pendu dans un royaume. La femme du roi fut prise de pitié et demanda la grâce du condamné. Les juges exigeaient une somme de mille ducats pour sa libération. Par amour de sa femme, le roi fournit huit cents ducats. La reine en ajouta cinquante. Les seigneurs complétèrent la somme mais il manquait toujours trois ducats. Alors que le bourreau se préparait à exécuter le jugement, on trouva la somme manquante dans la poche du condamné qui fut sauvé ».

La morale de cette histoire nous est donnée par son auteur, Charles Péguy dans ‘le Mystère de la vocation de Jeanne d’Arc’ :

« L’homme en péril d’être pendu, c’est vous, c’est moi, c’est l’humanité pécheresse : au jour du Jugement rien ne nous sauvera, ni la miséricorde de Dieu, ni l’intercession de la Vierge, ni les mérites des saints, si nous n’avons sur nous trois ducats de bonne volonté ».

Bravo, chers pèlerins, d’être partis hier matin de St Sulpice et d’Igny vers la cathédrale de Chartres et d’avoir montré tant de courage et de ténacité ! Bravo d’avoir offert au Bon Dieu et à la Sainte Vierge ces trois jours pour rassembler ces trois ducats qui vous permettront un jour de voir Dieu, l’unique but de notre vie qui est un pèlerinage sur la terre !

Je m’adresserai tout d’abord aux bénévoles de Notre-Dame de Chrétienté qui permettent que le miracle du pèlerinage ait lieu. Je vous parlerai ensuite chers amis des difficultés que nous rencontrons dans l’Eglise avant de conclure par une supplique au Saint Père.

Vous savez, chers amis, que toute l’année des centaines de personnes travaillent tous les jours pour préparer ce pèlerinage. Rien ne serait possible si plus d’un millier de pèlerins pendant le pèlerinage ne se dévouait au Service d’Ordre, à la Logistique, au Service Cérémonies et Clergé, aux Achats, à la Santé, au Secrétariat général, la Communication, la Trésorerie ou la Formation. Je les remercie de tout cœur pour leur immense générosité. Je n’oublie pas bien sûr l’encadrement des pèlerins marcheurs : les chefs de chapitre et leurs adjoints. Vous avez préparé ce pèlerinage en travaillant les méditations dans vos livrets, en assistant aux récollections, en constituant vos 2 équipes, en préparant vos interventions, l’accompagnement spirituel des pèlerins. Pour certains d’entre vous, vous avez découvert notre petit monde traditionnel, l’histoire de Notre-Dame de Chrétienté que nous voulons transmettre avec fidélité et reconnaissance depuis les premières années héroïques. Nous n’oublions aucun nom de ces quarante et deux années, nous savons ce que nous devons à nos fondateurs des premiers jours. Chers chefs de chapitre, merci d’avoir accepté cet engagement ! Je m’en voudrais d’oublier dans ces mots de remerciements les pèlerins non marcheurs, les anges gardiens, chaque année plus nombreux. Du monde entier, de séminaires, de monastères, d’hôpitaux, de maisons de retraite et même de prisons vous êtes en ce moment même unis au pèlerinage par la prière dans la communion des saints.

L’année passée, je vous avais parlé des tentatives de normalisation de notre pèlerinage. Derrière le mot de normalisation, il faut comprendre la volonté de certaines autorités ecclésiastiques (Dieu soit loué ! pas toutes) de faire appliquer strictement le motu proprio Traditionis Custodes en remplaçant la messe tridentine par la messe Paul VI. Depuis notre dernier pèlerinage et en dépit de son succès historique, nous n’avons constaté ni meilleure compréhension ni plus grande bienveillance, notamment de la part des autorités en charge du monde ex Ecclesia Dei. Je ne peux que constater et me désoler de cette incompréhension des familles catholiques, nous tous, qui ont fait le choix du monde traditionnel pour transmettre la foi à leurs enfants. Comment expliquer cet aveuglement sur la situation actuelle de l’Eglise ? Comment expliquer cet autoritarisme cléricalisant que nous rencontrons ? Je n’en connais pas les raisons mais je peux vous assurer de la détermination de tout l’encadrement de Notre-Dame de Chrétienté pour protéger votre pèlerinage. Rassurez-vous, chers amis, nous ne sommes pas seuls. Des cardinaux, des évêques, de nombreux prêtres et fidèles non étiquetés « tradi » (puisqu’il faut parler ainsi) nous encouragent. Pourquoi ne pas faire l’effort de comprendre l’œuvre de Notre-Dame de Chrétienté qui évangélise grâce à la messe tridentine ? Pourquoi ne pas observer l’œuvre du Saint Esprit pendant ce pèlerinage qui veut faire, tout simplement, l’expérience de la Tradition ?

Nous avons besoin, chers amis, de votre soutien au milieu de ces difficultés, d’abord en priant pour Notre-Dame de Chrétienté, son unité et son rayonnement. Vous pouvez faire encore davantage. Allez rencontrer vos évêques pour leur donner les raisons de votre choix du monde traditionnel. De nombreuses situations individuelles se présentent dans un pèlerinage aussi important. Votre expérience sera éclairante. Et si vous n’êtes pas un pratiquant régulier de la messe tridentine, donnez simplement les raisons qui ont fait de vous un pèlerin de Notre-Dame de Chrétienté, au cœur du milieu traditionnel, horresco referens, au moins pendant ces 3 journées !

Enfin, comme toute dernière demande, j’insisterai sur l’effort intellectuel à faire pour se former. Notre-Dame de Chrétienté est une association de laïcs, dirigée par des laïcs qui doivent savoir défendre eux-mêmes ce en quoi ils croient. Nous vous attendons nombreux demain dans nos formations et nos récollections. Si vous avez suivi récemment l’actualité religieuse, vous avez dû être très surpris d’entendre qu’il était reproché à Notre-Dame de Chrétienté d’avoir une mauvaise théologie politique. Que peut-on encore bien nous reprocher ? Tout simplement, il nous est reproché notre attachement à la chrétienté, c’est-à-dire au règne social de Jésus Christ, rappelé dans l’encyclique Quas Primas de Pie XI de 1925 dont nous fêterons le centième anniversaire l’année prochaine. Ce point classique de la doctrine catholique est présent dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique mais n’est plus guère enseigné depuis plus de cinquante ans. Nous en voyons les conséquences. La récente actualité en France avec l’inscription dans la constitution de l’avortement ou la prochaine loi sur l’euthanasie et le suicide assisté démontrent bien qu’une société qui abandonne toute référence à Dieu conduit les hommes à transgresser la loi naturelle en se transformant en structure de péché. L’effacement, l’enfouissement de l’Eglise, le refus de Dieu conduisent nos sociétés à ces lois diaboliques. Qui se souvient encore des enseignements de saint Jean-Paul II, notamment dans Centesimus Annus quand il nous disait qu’« une démocratie sans valeurs se transformait facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois » ? Déplorer ces lois iniques est une bonne chose mais n’est-il pas meilleur encore de remonter aux principes. Seule la foi chrétienne donne à la raison la force de comprendre le vrai bien humain et la volonté de l’accomplir. Notre-Dame de Chrétienté en rappelant l’espérance de cette société chrétienne, cherche à en faire comprendre ces principes.

Chers amis pèlerins, marcheurs et anges gardiens, je voudrais terminer ces mots en m’adressant au Saint Père, le pape François, en votre nom à tous : Très Saint Père, Vous avez toujours insisté sur l’importance du sens de la foi des fidèles. Vous avez ainsi parlé de « cet instinct infaillible de la vraie foi que l’Esprit de Vérité entretient dans le peuple de Dieu ». Nous sommes des catholiques attachés à la messe tridentine au service de l’Eglise. Nous avons choisi cette spiritualité traditionnelle pour mieux transmettre la foi à nos enfants. Et nous avons fait ce choix en nous appuyant sur le sens de la foi des fidèles. Les catholiques traditionnels sont aujourd’hui persécutés dans certains diocèses en France. Des baptêmes, des mariages, des messes, des confirmations, des catéchismes sont interdits en raison de Traditionis Custodes. Des prêtres subissent des pressions et en souffrent parce qu’ils veulent donner les sacrements dans la forme traditionnelle à leurs fidèles. Nous ne pouvons croire que vous restiez insensible à la situation actuelle de ces fidèles, clercs, laïcs, et nous espérons que vous voudrez prendre les mesures de paix nécessaires au salut des âmes. Tous les pèlerins de Chartres prieront cet après-midi aux intentions de votre pontificat en espérant que les mots de cette supplique auront trouvé le chemin de votre cœur.

Très chers amis, je vous souhaite une belle fin de pèlerinage.

Notre-Dame de Paris, priez pour nous, Notre-Dame de Chartres, priez pour nous, Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.

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