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France : Politique en France

Comment Laurent Wauquiez a plombé la campagne de François-Xavier Bellamy

Comment Laurent Wauquiez a plombé la campagne de François-Xavier Bellamy

Tugdual Denis évoque les relations entre Laurent Wauquiez et François-Xavier Bellamy :

[…] Il s’est d’abord peu ou prou produit aux LR le phénomène similaire à celui observé au Rassemblement national. Mais là où Marine Le Pen a progressivement laissé Jordan Bardella prendre son autonomie, Laurent Wauquiez s’est de plus en plus introduit dans la vie de Bellamy. Aux journaux qui cherchent à réaliser des entretiens avec le seul philosophe, le parti propose des interviews croisées avec Laurent Wauquiez. Ceux qui ont approché le jeune homme de près dans les dernières semaines précédant le scrutin du 26 mai évoquent « une forme de rage naissante » chez lui. Les confidences des ennemis de Wauquiez sentent le souffre. L’un d’eux assure que le candidat lui aurait lâché lors d’un trajet en voiture : « Laurent ment du matin au soir ». Après les 8 % catastrophiques que sa liste venait d’obtenir, François-Xavier Bellamy a glissé devant quelques amis, le 26 mai au soir, que sa campagne avait été « sabotée de l’intérieur ». Le lendemain, il regrette encore d’avoir été « plombé » . Le week-end précédant l’élection, instruit par des sondages faiblissant, usé par des négociations lassantes et perpétuelles, le Versaillais a demandé à Valérie Pécresse d’intervenir auprès de Gérard Larcher pour qu’il suggère à Laurent Wauquiez de moins le coller. Impossible requête d’une tête de liste novice qui devait initialement tout au président des Républicains, impossible supplique d’un chevalier lassé de sa relation avec le roi l’ayant adoubé.

L’épisode du débat sur France 2 le mercredi 22 mai participe de cette altération. À quatre jours du scrutin, le futur ex-président des Républicains choisit d’aller lui-même représenter sa liste devant les caméras du service public. Quelques jours plus tôt, le responsable du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, croyait que seuls les chefs de parti étaient invités. Pris d’un doute, il envoie un SMS à un éminent journaliste de France Télévisions pour s’en assurer. « Chefs de parti ou têtes de liste » , lui répond-on. Retailleau appelle alors Wauquiez : « Laurent, l’image de François-Xavier est très bonne, et il aurait l’occasion avec ce débat non pas de parler à des milliers de sympathisants convaincus, mais à des millions de Français indécis. » Quant à Bellamy, c’est l’Insoumise Manon Aubry qui lui révélera en marge d’une matinale radio que les têtes de liste étaient conviées.

À y regarder de plus près, la géographie politique de François-Xavier Bellamy disait déjà beaucoup de son sentiment d’enfermement. Après avoir cherché en vain un siège de campagne disjoint de celui des Républicains, son équipe s’est finalement rabattue par facilité pratique sur la rue de Vaugirard, ignorant que cela se superposerait avec quelques difficultés politiques. Le bureau de François-Xavier Bellamy, au 4e étage, était mitoyen de celui de Geoffroy Didier. L’apparatchik était devenu le directeur de campagne de l’intellectuel, et ce, de la plus belle des façons : contre son gré, et sans qu’il en soit au préalable averti. Le Figaro avait eu la primeur de l’info. « La stratégie politique était décidée au siège, même si François-Xavier était le patron idéologique », résume un membre de son équipe. À ceux de ses amis qui refusaient un tel trousseau, la campagne Bellamy a été livrée clé en main. Prestataires compris. « Le parti produit des tracts de merde », fulminera un parlementaire pendant la campagne.

Le bulletin de vote ne fut pas de meilleure facture. Bleu triste, surchargé de tous les noms de la liste sur le recto, laissant peu de place à la marque Bellamy, noyant le trio formé avec Agnès Evren et Arnaud Danjean dans une litanie de patronymes anonymes ou trop revus, il sera jugé nullissime par tous. Le responsable a sans doute été trop vite désigné : Geoffroy Didier, directeur de campagne mal né, a pris le risque de s’attirer plus encore d’ennuis en dézinguant sur BFM et France Inter dès les résultats connus la candidature qu’il avait pourtant soutenue. […]

Nous avons eu vent d’une information à peine croyable : Geoffroy Didier souhaite concourir, le lendemain mercredi 29 mai, à la présidence de la délégation des huit eurodéputés LR, face à François-Xavier Bellamy. Et ce, sans que Laurent Wauquiez s’y oppose. Didier appelle des eurodéputés pour les convaincre de l’utilité de sa démarche, et les prévenir du risque de rabougrissement de la droite que présente le profil Bellamy. En réalité, un mois avant les élections européennes, le cabinet du président des Républicains avait déjà prévenu l’équipe Bellamy de l’éventualité de la candidature Didier. L’entourage de Gérard Larcher nous confirme également cette piste. Si ce scénario ne repose sur aucune logique idéologique (voire morale, si l’on peut dire), il présente en revanche l’avantage pour Wauquiez d’avoir près de lui, lors des réunions stratégiques du parti, un président de délégation plus souple que le philosophe. « Laurent voulait Geoffroy car c’était un canal plus direct », résume Brice Hortefeux.

Pour faire diversion, Laurent Wauquiez songe pour Bellamy à une des nombreuses vice-présidences du PPE, qui regroupe les droites européennes. Y croiser Angela Merkel et d’autres grands leaders pourrait séduire le jeune homme. Valeurs actuelles publie sur Internet, en fin de matinée le 28 mai, ce qui se trame. Geoffroy Didier nie alors immédiatement ce que tout le parti confirme pourtant. Et Laurent Wauquiez, qui n’avait émis aucun souhait public, affirme alors avec force quelques heures plus tard sur Twitter que Bellamy est « évidemment légitime » comme président de délégation. […]

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6 commentaires

  1. Moi je crois que sans Bellamy, ils auraient fait encore bien moins que 8%…

  2. Mais Bellamy s’est fait rouler dans la farine, je n’aurai jamais cru que Wauquiez soit aussi tordu, il avait mon estime c’est fini

  3. Mais arrêtez de prendre Bellamy pour une oie blanche ! Wauquiez ne lui mettait pas un couteau dans le dos au moment où il a dit qu’il se sentait plus proche de Macron que de Marine Le Pen ! et au moment où il a dit qu’il ne voyait pas d’inconvénient à ce que la France disparaisse au profit de l’Europe !
    alors, certes, c’est une oie, mais pas très blanche !

  4. Mais qu’est-il aller faire dans ce marigot infesté de crocos ?
    J’ai effectivement du mal à le croire aussi naïf que “Mr Smith au Sénat” !

  5. Vous n’avez pas encore compris qu’ils ne sont pas de droite et qu’ils ne l’ont jamais été ?

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