William J. Slattery, après des études en Irlande, en Espagne et à Rome, a été ordonné prêtre par le pape Jean-Paul II dans la basilique Saint-Pierre en 1991. Prêtre du diocèse de Spokane (État de Washington, États-Unis), philosophe, historien et auteur de spiritualité, il donne des conférences et retraites dans toute l’Amérique et en Europe. Il publie aux éditions Mame (sortie le 24 janvier) Comment les catholiques ont bâti une civilisation, avec les recommandations du cardinal Sarah :
« Je suis heureux de recommander le livre de William Slattery […] sur l’éthos de l’héroïsme et du génie qui a inspiré les bâtisseurs de la civilisation chrétienne – et qui peut inspirer les bâtisseurs d’une autre culture chrétienne à l’avenir, que ce soit en Afrique, en Asie, en Europe ou aux Amériques. » Cardinal Robert Sarah.
L’ouvrage analyse le rôle de la religion catholique dans la construction de la civilisation occidentale d’une manière originale – non à travers le prisme d’un christianisme abstrait mais par le biais de personnalités catholiques concrètes, hommes et femmes ayant incarné la vision catholique de Dieu et de l’homme, du temps et de l’éternité, dans un contexte incertain et souvent tragique.
Livre d’histoire à l’érudition impeccable, mais aussi livre traversé d’un véritable souffle épique, il rend toute leur vie, leur génie et leur fougue à des figures de pionniers qui surent poser les fondations d’un nouvel ordre sociopolitique qui devait leur survivre pendant des siècles. Ce faisant, il balaye le large spectre de ce que l’Occident leur doit encore aujourd’hui, de son idéal éducatif à son architecture, de sa musique à sa vision de l’économie – leur chef-d’œuvre étant sans doute un art inédit de l’amour.
À l’heure où le catholicisme semble être entré, en Occident, dans un irrémédiable déclin, Comment les catholiques ont bâti une civilisation permet de reprendre toute la mesure de sa fécondité – passée et actuelle.
L’auteur écrit :
Les catholiques que nous avons mentionnés dans ces pages comptent souvent parmi les plus grands héros et génies ; ils sont en bonne place dans le grand récit de la civilisation occidentale, et il y a peu de chance qu’ils soient jamais oubliés. Mais tant d’autres sont restés et resteront des héros silencieux et méconnus, catholiques ordinaires et pourtant extraordinaires, qui ont travaillé et prié et guidé leurs ouailles en silence – et tout changé, dans l’éternité, pour bien des âmes éternelles. Les catholiques qui ne sont pas mentionnés dans l’histoire, hommes de Dieu qui, à travers les âges, en gardiens secrets de l’humanité, ont guidé ceux dont ils avaient la charge aux portes du paradis, à travers les voies des sacrements. Ils se sont tenus comme des guetteurs sur les remparts de la ville, veillant sur le destin d’hommes qui, souvent insensibles au péril qu’ils couraient, dormaient en toute quiétude. Ils ont offert leur propre corps pour protéger leurs troupeaux du pire danger – de celui que le monde, dans sa naïveté, ignore si souvent : le péché, et son seigneur le Prince des ténèbres ; ils ont travaillé à la libération dont le monde a le plus besoin : le salut éternel ; ils ont permis à tant d’autres d’atteindre au plus grand bien, à la joie pure de la vision béatifique, pour toute l’éternité. Ces catholiques « vont de hauteur en hauteur, ils se présentent devant Dieu à Sion » ; « quand ils traversent la vallée de la soif, ils la changent en source » (Ps 83, 7-8), une source qui donna la vie à l’Occident et en fit une culture fertile et verdoyante.
Si ces catholiques n’avaient pas existé ou n’avaient pas rempli leur mission dans le catholicisme, d’où émergea cette civilisation inattendue, dans quel type de monde vivrions-nous aujourd’hui ? S’ils n’avaient conservé et développé le meilleur de la culture gréco-romaine, combien de siècles aurait-il fallu pour que la barbarie disparaisse ?
S’ils n’avaient pas tiré de l’Évangile et défendu vaillamment l’idée de dignité humaine et de liberté, l’Europe aurait-elle eu la Magna Carta et les déclarations de droits ? Si des hommes comme Grégoire VII n’avaient pas tonné contre les tyrans, l’Occident n’aurait-il pas succombé au despotisme ? S’ils ne s’étaient pas faits les promoteurs de la vérité chrétienne de la dignité de la femme, déclenchant une révolution culturelle qui renversa le « machisme » millénaire de la civilisation romaine, qui l’aurait fait ? S’ils n’avaient pas lutté, dès le début, pour faire disparaître l’infanticide des filles, qui y aurait mis fin ? Si l’esclavage, une pratique si répandue dans le monde antique, n’avait pas été peu à peu éradiqué, sans cesse, année après année, par d’innombrables catholiques, combien de siècles, combien de morts aurait-il fallu pour l’éliminer ?
S’ils n’avaient pas consacré toute leur énergie à l’éducation de millions de personnes ?
S’ils n’avaient pas donné naissance au système économique de libre entreprise ?
n’avaient pas donné au monde tant de splendeurs artistiques, architecturales et musicales ?
Avec toute notre gratitude envers Dieu, la source de toute vérité, de toute bonté et de toute beauté, et avec respect pour les réalisations de tant d’autres hommes et femmes, nous pouvons dire d’innombrables individus catholiques, pour leur rôle dans l’Église, pour leurs qualités de meneurs d’hommes, leur héroïsme et leur génie, ce que Léon XIII disait à propos de l’Église :
« L’Église, qui par elle-même et de sa nature, s’occupe du salut des âmes et du bonheur céleste à acquérir, offre néanmoins, dans l’ordre des choses temporelles, tant et de si grands avantages, qu’elle ne pourrait en procurer de plus nombreux ni de plus importants, si elle avait été spécialement et principalement instituée pour assurer le bonheur de la vie que nous menons sur la terre. »