De Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique :
« On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait en claquant la porte. » Jacques Prévert
Nous étions heureux et nous ne le savions pas !
L’homme augmenté nous promettait l’immortalité.
L’Intelligence Artificielle laissait envisager toute une armée de petits robots pour répondre à nos moindres besoins. Plus besoin d’avoir des enfants pour assurer ses vieux jours.
Les avancées technologiques rendaient possible le rêve prométhéen de créer un homme selon nos désirs.
La bourse tutoyait les sommets.
Le principe de l’irréversibilité des avantages acquis gravait dans le marbre les acquis des Trente glorieuses alors que s’approchait le moment où l’on regretterait les Trente piteuses.
Le village mondial ne cessait de s’étendre et de rallier aux bienfaits de la société de consommation des populations chaque jour plus nombreuses.
La catastrophe imprévue
Patatras ! Un minuscule virus de quelques dizaines de nanomètres vient de mettre fin, brutalement, au rêve de paradis sur terre.
Peuples et gouvernants ont, aujourd’hui, la gueule de bois ! Le dogme du progrès continu de l’humanité vers plus de bien-être, et donc de bonheur, s’est évanoui emporté par un microscopique virus asiatique. Tous avaient sans doute oublié que « Les peupliers ne montent pas jusqu’au ciel » et aussi qu’ « On ne se moque pas de Dieu. » (Gal, 6,7)
Le paradigme dominant était à l’échange, la rencontre, le brassage, le métissage, la mondialisation, les voyages.
Une révolution copernicienne
Il est maintenant au confinement, à la nation – citée huit fois dans le discours d’Emmanuel Macron sur le coronavirus- au rétablissement des frontières et au repli sur la famille nucléaire. Formidable révolution copernicienne !
Les Français renouent avec des pratiques que l’on croyait disparues comme les files d’attente sans fin devant les magasins d’alimentation ou les pompes à essence. Demain, ce seront les faillites en série, le chômage, etc. « Le chômage et son cortège de misère ! » Finies les vacances au Crotoy !Finis les week-ends au ski et les vacances en Corse. Finis les safaris au Kenya ou les treks en Afrique du Sud. La crise économique qui s’annonce sera terrible. Le Président de la République l’a martelé à plusieurs reprises : des mesures seront prises : « quoiqu’il en coûte. » Le ton est gaullien, la posture martiale. Mais de quelle latitude dispose un Etat dont le montant de la dette est déjà égal au PIB annuel ? Aucune ! « Les parents ont mangé des raisins verts et les enfants ont les dents agacées » (Jer, 31, 29) Emmanuel Macron inspire autant confiance que Paul Reynaud en 1940. Le non report du premier tour des élections municipales, alors que parallèlement les appels se multipliaient à limiter les déplacements, relève de la schizophrénie politicienne.
La crise dans laquelle nous entrons imposera, pour être surmontée, à tous des sacrifices. Mais ce mot est-il audible pour la majorité de nos compatriotes biberonnés depuis l’enfance aux mots creux de Liberté, Egalité, Fraternité, persuadés qu’ils ont plus de droits que de devoirs et habitués à tout attendre de l’Etat-Providence ? Qui acceptera les indispensables sacrifices à consentir sur l’autel du bien commun alors que l’individualisme et l’égoïsme ont été érigés au rang de vertu cardinale ? Les fonctionnaires assurés de l’emploi à vie ? Les salariés bénéficiaires des régimes spéciaux de retraite ? Les bobos mondialisés citoyens du monde et apatrides de cœur ? Qui prendra la décision d’expulser tous les clandestins présents sur notre territoire national et de mettre fin à tout type d’immigration, puisqu’il paraît que ce sont les mouvements de population qui propagent le virus ? Il faudrait pour mener à bien ces réformes douloureuses une autorité morale dont ne semble pas bénéficier l’équipe de pieds-nickelés qui nous dirige.
Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu
Cependant nous le savons : « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. » En d’autres temps de désolation le 19 mai 1940 le gouvernement de Paul Reynaud s’était rendu en corps constitué à la cathédrale Notre-Dame de Paris pour implorer, en vain, le secours du ciel à l’heure de la défaite. Aujourd’hui, signe des temps, cette idée ne viendrait à l’esprit de personne. Il est d’ailleurs probable que de nombreux évêques la désapprouveraient au nom de la laïcité, de la liberté religieuse, etc. Dans cette lutte face à la pandémie le personnel hospitalier est en première ligne. Hommage lui soit rendu !
L’homme moderne, qu’il soit oeconomicus ou festivus, touche ici ses limites. Lui qui se croyait maître de la vie et de la mort se redécouvre fragile, périssable et mortel. N’est-ce pas le moment de se poser les bonnes question et d’enfin s’interroger sur les fondements de l’indispensable réforme intellectuelle et morale dont notre pays a tant besoin ? Ces épreuves n’auront pas été inutiles si elles conduisent l’homme moderne à s’interroger sur sa destinée et la raison de sa présence, fugitive, sur terre. C’est ce que nous approfondirons dans une prochaine chronique commentant les lectures et les oraisons de la messe en temps d’épidémie.
Pour l’heure ces temps de confinement imposés, pendant le carême, peuvent être l’occasion de consacrer plus de temps à la prière, à l’étude et aux échanges dans le cadre de la famille. Sans oublier le suivi scolaire des enfants à la maison. Tout est grâce !