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France : Société

Communiqué de Marie et Colomban Soleil en ce 2ème anniversaire de la disparition d’Emile

Communiqué de Marie et Colomban Soleil en ce 2ème anniversaire de la disparition d’Emile

En ce triste 2ème anniversaire de la disparition de leur petit garçon, Marie et Colomban Soleil ont rédigé ce texte :

Aujourd’hui cela fait deux ans. Cela fait deux ans que la disparition d’Emile a déchiré nos vies, que le sol s’est dérobé nous nos pieds et que nous avons été noyés dans l’angoisse. Tout de suite, cet épouvantable soir du 8 juillet, il a fallu survivre. Cette angoisse ne nous a pas tués sur place ; à notre grande surprise elle nous a laissés vivants mais comment vivre avec elle ? Et nous avons tenu, d’abord « en attendant de le retrouver, en attendant qu’il nous soit rendu ». Et puis 9 mois plus tard nous avons appris qu’il nous faudrait attendre pour le retrouver beaucoup plus de temps que nous avions pensé, cramponnés que nous étions à l’espoir de le revoir vivant en ce monde. Et il a fallu apprendre à survivre sans lui, voir à nouveau la lumière et la joie dans ce monde que ce vide infini a laissé fade, noir et flou.

Impitoyablement, ce furent aussi deux années pendant lesquelles, tout en luttant pour ne pas perdre pied, pour ne pas nous faire aspirer dans le trou noir de notre détresse, il a fallu subir l’injonction permanente de l’étaler au grand jour. Rien ne nous aura été épargné, c’est un grand paradoxe : notre position de victime et notre grande fragilité, au lieu de susciter respect et protection, semble avoir donné tous les droits sur nous : nous avons vu étalés et décryptés nos visages, notre passé, nos parcours, nos opinions politiques réelles ou fantasmées, notre foi catholique, nos habitudes, nos qualités, nos défauts, ceux de nos chères familles, de nos amis. Nous avons vu les êtres que nous aimons trainés dans la boue, calomniés tant et plus. Partout : dans les médias, sur les réseaux. Nous avons été épiés, photographiés à notre insu, assiégés chez nous par les caméras, et on nous a dit : « Exprimez-vous ! Corrigez vous-mêmes ce qui est dit sur vous ! ».

Et pourtant, pendant deux ans, nous nous sommes encore et encore astreints au silence. Car nous n’avons rien à dire. Pourquoi nous demande-t-on de nous justifier de ce qui nous arrive ? Sommes-nous de si mauvaises personnes pour qu’il nous arrive une pareille horreur ? Qui pourrait au fond réellement mériter une telle souffrance ? Nous pensons sincèrement que personne ne mérite une souffrance pareille et nous ne la souhaitons à personne. Le mal existe, et il peut s’abattre sur n’importe lequel d’entre nous. Nous-mêmes peinons à regarder en face le mal qui a été fait à notre petit enfant si merveilleux et surtout si innocent.

Connaître la vérité nous aidera aussi, et surtout sa manifestation est un devoir à rendre à notre Emile. C’est bien pourquoi nous ne souhaitons aucunement y faire obstacle en risquant de dévoiler le secret de l’instruction. Nous sommes parents et, même sachant notre petit garçon éternellement heureux au Ciel, nous continuerons de toutes nos forces à défendre sa mémoire et à tout mettre en œuvre pour que justice lui soit rendue, grâce aux juges et aux enquêteurs que nous remercions une nouvelle fois pour leur engagement et leur humanité. C’est le plus important.

Nous-mêmes n’éprouvons pas le besoin de nous exprimer plus, nous avons besoin de reconstruire notre vie pour toujours amputée, aidés en cela par tous ceux qui nous ont témoigné de la bienveillance et de l’amour gratuit, en actes, en paroles, par la prière ; eux seuls nous ont rendu supportables ces deux années, qu’ils en soient infiniment remerciés. Grâce à eux,nous continuerons à survivre. Nous continuerons à penser à Emile, à parler de lui, à le faire connaître à ses frères et sœurs et à ceux qui ne l’ont pas connu, à user de nos regards chaque photo que nous connaissons déjà par cœur, à essayer de nous souvenir de ses traits, de sa voix que nous avons entendue pour la dernière fois il y a deux ans, de ses baisers et de sa tendresse de petit garçon. Nous continuerons à lui parler, à aller nous recueillir sur sa tombe et à l’aimer. Jusqu’à le retrouver.

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