Lu sur le blog de Bernard Antony :
"Ainsi, ce sont six cargos gros porteurs remplis d’armes pour « Daesch » en Libye que recherchent en Méditerranée les marines française, britannique, italienne et grecque.
Ces bateaux, parfaitement identifiés par les services de renseignement de ces pays, ont été chargés en Turquie. Nul ne peut croire que cela ait pu se faire sans la totale complicité du gouvernement islamiste dictatorial de M. Erdogan dont les polices et douanes surveillent étroitement les ports susceptibles d’abriter pareils navires et trafics.
Comment imaginer de surcroît que des convois de centaines de tonnes d’armes et munitions aient pu circuler sur les routes turques jusqu’à ces ports ? La réalité, c’est que, avec l’Arabie Saoudite et le Qatar, la Turquie a soutenu l’État islamique dit « Daesch » dès ses débuts. La vérité, c’est que ses condamnations ultérieures et quelques escarmouches ne sont que rideaux de fumée pour dissimuler la persistance de sa complicité avec cet État."
Dans L'Homme nouveau, Alain Chevalérias écrit :
"La Turquie est encerclée par des pays dont l’hostilité ne cesse de croître contre elle : la Russie et la Syrie d’une part, l’Iran d’autre part, sans oublier l’ennemi génétique, la Grèce. Kurde, émanant de Daech ou de l’extrême gauche, le terrorisme est omniprésent. De plus, la valeur de la monnaie ne cesse de faiblir et les touristes se font de plus en plus rares craignant pour leur sécurité. Pour tout arranger, la guerre pointe à nouveau à l’est, en pays kurde, et au sud dans une Syrie embrasée.
Rappelant celle d’autres pays acculés au XXe siècle, la réponse de Recep Tayyip Erdogan, le Président turc, inquiète quelques-uns dans les bureaux de l’Union européenne. Il renforce son pouvoir, flatte l’orgueil turc jusqu’à tomber dans l’ultranationalisme et se sert de sa religion pour légitimer sa soif de gloire. Pour sa position à la tête du pouvoir, il veut transformer le système parlementaire en régime présidentiel. Le 5 mai, il forçait à démissionner le Premier ministre Ahmet Davutoglu pour le remplacer par un partisan plus inconditionnel. Le 20 du même mois, sous son inspiration, le Parlement turc votait un projet de réforme sur la levée de l’immunité des députés. Visés, les députés du parti kurde. Mais un train peut en cacher un autre ! Comme le vote du Parlement l’autorise à organiser un référendum sur l’immunité des députés, tout indique qu’Erdogan en profitera pour introduire une proposition de changement du statut présidentiel en faveur de son renforcement.
Côté ultranationalisme, il ressort les costumes froissés de l’Empire ottoman que l’on croyait oubliés dans les placards de l’Histoire. Le 29 mai, avec une pompe toujours renouvelée, il faisait célébrer l’anniversaire de la prise de Constantinople par les tribus turques en 1453, comme il en a pris l’habitude quand, dans les années quatre-vingt-dix, il n’était que maire de cette ville devenue Istanbul sous les Ottomans. Or, la chute de Constantinople fut un bain de sang. Surtout, la destruction d’un empire symbole de l’Occident, Byzance, et le début de l’éradication des chrétiens de l’Anatolie, la Turquie actuelle, où ils ne représentent même plus 0,5 % de la population. Un peu comme si nous fêtions tous les ans avec faste et arrogance les massacres accompagnant la prise de Jérusalem par les Croisés ou la défaite d’Abd el-Kader devant les troupes françaises.
L’instrumentalisation de l’islam à des fins de pouvoir apparaît cependant comme l’axe le plus menaçant de l’offensive d’Erdogan. Le 28 mai, dans un discours prononcé en plein pays kurde, il accusait l’opposition de cette ethnie d’athéisme et appelait ses « frères kurdes croyants, pieux et vertueux » à prendre les armes aux côtés du gouvernement turc.
Certes, nombre de Français l’auraient trouvé moins critiquable quand, le 5 juin, il invitait les femmes turques à avoir au moins trois enfants ou quand, quelques jours plus tôt, il vilipendait la contraception au nom de l’islam. « Ce que dit mon Dieu, ce que dit mon cher prophète, nous irons dans cette voie », dit-il avant de préciser : « Les familles fortes mènent aux nations fortes ». Dans un pays passé de 68 millions d’habitants, en 2000, à 79 millions en 2015, on saisit que la politique nataliste du Président turc a des objectifs plus terre à terre que religieux. Or, l’on sait qu’Erdogan tempête pour obtenir l’entrée sans visas des Turcs en Europe. Leur installation sans contrôle en somme. Il faut aussi savoir que 220 millions de turcophones peuplent les pays qui vont de l’Ouzbékistan à la Bulgarie. Depuis une loi votée en 1934, la nationalité leur est acquise en Turquie sur simple demande. S’il n’est pas toléré en Europe de parler d’invasion en matière d’immigration, c’est pourtant bien ce qu’Erdogan semble projeter chez nous. Alors, à la veille d’un référendum sur le Brexit, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe, nous préparons-nous à échanger les « British » contre des Turcs sous une simple pression migratoire ? Pour Erdogan, le sultan conquérant, la prise de Paris et de Berlin, même symbolique, ne saurait sans doute tarder."