Le cardinal Pell, préfet du Secrétariat à l'économie, est en Australie pour se défendre contre l'accusation de pédophilie. Lors de la dernière audience, la police de Victoria a admis l'existence d'une enquête sur le cardinal avant même de recevoir des plaintes. C'est-à-dire qu'elle enquêtait sur Pell avant que quelqu'un ne le dénonce. Cette incroyable déclaration a été faite lors de la déposition de l'un des enquêteurs qui s'est rendu à Rome pour interroger Pell, ainsi que le rapporte Marco Tosatti dans un article traduit par Benoît-et-moi. Paul Sheridan, qui a le grade de commissaires, a dit aux magistrats du tribunal de Melbourne que l'enquête sur Pell a commencé en mars 2013, pour voir s'il avait commis des crimes qui n'avaient pas été dénoncés. Robert Richter, avocat de la défense, a déclaré
«l'opération Tethering était une opération de recherche d'un crime, parce qu'aucun crime n'avait été signalé. C'était une opération qui cherchait un crime, et quelqu'un qui le dénonce».
Le commissaire Sheridan a admis qu'on cherchait des plaignants potentiels, et que personne ne s'était présenté plus d'un an après le début de l'enquête. Richter a alors demandé pourquoi les enquêteurs avaient mis en sourdine des accusations graves contre une religieuse et un enseignant alors qu'au contraire, ils s'obstinaient à rechercher des accusations relativement bénignes contre Pell.
L'atmosphère de l'enquête sur le cardinal australien apparaît très bizarre. La session devrait se terminer dans les prochains jours, mais il faudra des semaines avant que le juge décide s'il y a suffisamment d'éléments pour aller au procès. Plusieurs accusations contre le cardinal ont été abandonnées au cours de l'enquête, la dernière en date parce que l'un de ses accusateurs prétend être trop malade pour témoigner devant le tribunal. La nature des accusations contre le cardinal n'est pas claire – et le tribunal ne l'a pas rendu publique; on sait vaguement que quelqu'un l'aurait accusé de comportement déplacé dans la piscine, pendant les jeux collectifs; et un autre aurait dit qu'il avait été l'objet d'attentions dans la sacristie. Mais ces derniers jours, le prêtre qui l'assistait pendant les célébrations a porté un coup sévère à ces accusations, affirmant que Pell n'était jamais seul avant, pendant et après la messe. Il l'aidait à s'habiller pour la messe et à enlever les vêtements sacrés après la cérémonie; et il a démenti la possibilité pour quiconque de rester seul avec Pell dans la sacristie après la messe.