De François Billot de Lochner, président de la Fondation de Service politique :
"Juin 2013. Avenue de la Grande armée, à Neuilly. Une foule joyeuse s’est massée devant le siège de M6, afin d’accueillir François Hollande qui allait être interrogé par cette chaîne de télévision. Les manifestants entendent lui montrer que leur opposition à la loi Taubira reste pleine et entière. Trompettes, sifflets, drapeaux, sono : rien ne manque aux manifestants. Les forces de l’ordre sont aussi nombreuses qu’inutiles, puisqu’elles savent parfaitement qu’il n’y a aucun risque que la manifestation dégénère. Mais Valls, l’homme au coup de menton viril, entend montrer sa force : la puissance inutile du faux fort ou du vrai faible.
Lorsque le rassemblement est levé, de pacifiques groupes de jeunes gens se dirigent vers le XVIème arrondissement. Nicolas Bernard-Buss est de ceux-là. Sans la moindre raison, Il est soudain coursé par des policiers en civil, essaye de leur échapper, se réfugie dans un restaurant, est rattrapé par les forces de l’ordre qui le jettent violemment à terre, le frappent, et le saucissonnent comme le dernier des délinquants. Le périple du garçon s’achèvera à Fleury-Mérogis : il est emprisonné dans des conditions de compagnonnage ignobles, et ne sera relâché que quelques semaines plus tard. Qu’avait-on à reprocher à Nicolas ? Rien. L’État en général, les forces de l’ordre, la justice et le personnel pénitentiaire en particulier auront agi dans le déshonneur le plus total. L’action violente du très faible est souvent honteuse.
Novembre 2015. Un petit groupe de musulmans sème la mort autour du canal Saint-Martin, au nom de sa religion. Des centaines de morts et de blessés, pour la gloire d’Allah. Le commando, semeur de désolation, s’éclipse. Un certain Salah Abdeslam est ultérieurement rattrapé en Belgique, extradé vers la France, et finalement incarcéré à Fleury-Mérogis. Pour ce personnage de haine, de violence, de sang et de meurtre, si content d’être tout cela à la fois, plusieurs cellules sont mises à sa disposition, car il lui faut du confort, tout de même, ainsi qu’une salle de sport : il est important qu’une telle personne puisse continuer à se muscler en toute quiétude, aux frais du contribuable. L’État en général, la justice et le personnel pénitentiaire en particulier, auront une nouvelle fois agi dans le déshonneur le plus total. La soumission du faible au fort est souvent honteuse.
Mieux que de longs discours, le traitement infâme infligé à Nicolas Bernard-Buss et le traitement invraisemblable dont bénéficie Salah Abdeslam illustrent à eux seuls la dérive, ou plutôt l’écroulement de l’État français. La question que chacun est en droit de se poser est la suivante : jusqu’où ira la chute ?"