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Pays : Israël

Conflit israélo-palestinien : “le véritable changement viendra d’une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite”

Conflit israélo-palestinien : “le véritable changement viendra d’une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite”

Journaliste et reporter, Stéphane Amar a consacré plusieurs ouvrages à la guerre en Palestine. Interrogé dans Conflits, il déclare :

[…] La principale raison de l’aveuglement collectif qui a conduit à la catastrophe du 7 octobre réside dans l’adhésion au dogme de la solution à deux États qui infuse dans les élites israéliennes depuis les années 1990. Cette idéologie à l’origine des accords d’Oslo soutient que la séparation entre Israéliens et Palestiniens et la reconnaissance d’une souveraineté à ces derniers conduira à la paix ou, du moins, à un certain apaisement. Elle a commandé les retraits des villes palestiniennes de Cisjordanie à partir de 1995, le retrait du sud-Liban en 2000 et le retrait de la bande de Gaza en 2005.

Dans ces trois cas, le désengagement de Tsahal a débouché sur une dramatique aggravation du conflit.

La solution à deux États suppose que le conflit repose sur un contentieux territorial et que les deux peuples pourront vivre côte à côte paisiblement lorsqu’un compromis sera trouvé. Or, ni l’OLP de Yasser Arafat, ni le Hamas n’envisagent un partage du territoire, mais plutôt une « libération de la Palestine de la rivière à la mer ». Ce slogan ne résonne pas seulement sur les campus occidentaux, il imprègne la charte du Hamas, les médias palestiniens, les manuels scolaires, les réseaux sociaux, etc. Même si toute comparaison s’avère forcément hasardeuse, côté israélien, la montée en puissance du nationalisme religieux exclut également tout compromis sur ces territoires fondateurs de l’identité hébraïque. On peut choisir d’ignorer ces dimensions, mais cela ne change rien et cela empêche de penser d’autres solutions. En attendant, Israël continuera d’exploiter sa supériorité militaire en poursuivant son implantation en Cisjordanie.

[…] Pour Israël, l’occupation militaire de la Cisjordanie constitue, on l’a vu, un impératif sécuritaire de première importance. La colonisation de ce territoire répond, elle, à des impératifs d’aménagement du territoire, d’espace vital, si on peut utiliser ce terme quand on connaît sa résonance historique. Le pays connaît une très forte croissance démographique et les deux grands centres urbains, Tel-Aviv et Jérusalem, frôlent la saturation. Le seul foncier abordable se trouve dans les environs immédiats de ces agglomérations : en Cisjordanie. La démographie est le principal moteur de la colonisation, bien davantage que l’idéologie du grand Israël. Je ne vois aucune pression diplomatique capable d’enrayer ce processus.

Observez-vous un réel changement d’attitude des pays arabes ou un simple rapprochement opportuniste face à la menace iranienne ?

Les deux se mêlent. Il est évident que les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite voient d’un bon œil les déboires des proxys de l’Iran et de la République islamique elle-même face à Israël. Ces deux pays, qui se sont cassé les dents face aux Houthis, se réjouissent de l’affaiblissement de l’axe chiite. Cela explique leur grande modération dans la condamnation d’Israël et même, concernant les Émirats et Bahreïn, la poursuite enthousiaste des accords d’Abraham. Mais le véritable changement viendra d’une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite. Le royaume envoie des signaux contradictoires, signe des tensions qui agitent les dirigeants saoudiens sur ce dossier. Il me paraît évident que le futur maître du pays, le prince Mohammed Ben Salman, réalisera ce rapprochement. La région prendra alors un visage très différent et, je l’espère, marchera vers une inexorable pacification.

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12 commentaires

  1. Lorsqu’on vole un pays à un peuple , fut-ce au nom de l’ ONU, de la démocratie , de la sho*ah, il est normal qu’il ne soit pas content.

  2. Il approuve l’expulsion régulière et méthodique de leurs terres , qu’Israël impose par l’expulsion, la démolition, les arrestations . Ce journaliste ne sait peut être pas qu’actuellement des milliers d’armes lourdes ont été distribuées aux “colons” qui se comportent avec les palestiniens d’une façon qu’on n’a pas le droit de décrire.

  3. L’histoire d’Israël est bien plus complexe que ce que des commentateurs ignares en disent. Il faut lire la Bible, notamment l’Ancien Testament, pour voir que ce peuple singulier fut, à la fois, honni et envié. Qu’à la fois, il fut conquis et conquérant. Lorsque, déporté à Babylone par Nabuchodonosor (Irak actuel), il fut libéré par la Perse de Cyrus (Iran actuel), on comprend toute la complexité de cet Orient, insaisissable, étrange et fascinant à la fois. Ne fut-il pas le berceau du Christ !
    Abraham quittant Ur en Chaldée (Irak) et Moïse, sortant d’Égypte, deux pays arabes, pour atteindre la Terre Promise, ne peuvent imaginer que leurs descendants lointains, sont en train de sceller des accords avec les descendants de leurs antiques maîtres. Et que l’ancien libérateur perse est aujourd’hui leur pire ennemi.
    Il y a des renversements historiques qui nous obligent à regarder les événements du temps présent sur le très long terme et pas avec des œillères idéologiques.

  4. Si on y va par là, pourquoi la soi-disant nécessaire unité territoriale du pays ne se ferait pas sous égide palestinienne plutôt que sous férule israélienne ? Il ne suffit pas d’être péremptoire pour être convaincant !

  5. Rapprocher Israël d’une puissance sunnite comme l’Arabie Saoudite, c’est creuser un autre fossé : celui qui sépare les sunnites des chiites.
    Bref on déplace le problème.

    Ne pas oublier qu’Israël est une colonie de peuplement occidentale depuis 1948 et que dans notre monde décolonisé de 2024, cette colonisation est anachronique. Les Arabes se sont débarrassés des Français, des Anglais et maintenant des Américains. Ils se débarrasseront aussi des Ashkenazes qui leur disputent une terre ancestrale, quitte à mettre de côté provisoirement leurs différends entre sunnites et chiites.

    On ne fera pas le paradis sur terre, surtout dans cette région du monde. Mais il faut surtout que les chrétiens soient protégés car ils sont le facteur de paix et de stabilité (Assad, Hussein, Arafat avaient bien compris l’importance de ces minorités chrétiennes dans leurs pays respectifs).

    • Assad, Hussein, Arafat étaient des dirigeants plutôt “laïques”, les islamistes ne feront hélas qu’une bouchée des chrétiens d’Orient.

  6. Si le Roc de Gibraltar, géographiquement en Espagne, est toujours britannique, c’est qu’il y a une histoire qui l’explique et le rend compréhensible. Il en va de même pour Israël et ses prétentions territoriales. Le plus vieil Acte de session d’un territoire figure dans la Bible et est signé par Dieu, qui en témoigne ainsi par écrit. Que Dieu existe ou pas, l’Acte existe authentifié par le Coran. Les Juifs en ont été chassés à plusieurs reprises, sans jamais le céder à des squatters par un Acte écrit. Donc, comme le propriétaire d’une maison qui en serait chassé par les uns et squatter par d’autres, les Israéliens n’ont rien à négocier avec des intrus et ils sont bien accommodants de les endurer.

    La «Solution finale à deux États» est une niaiserie de diplomates invertébrés qui proposent sérieusement de couper le bébé en deux, et il y en a pour applaudir, comme s’il n’y avait pas assez de pays arabo-musulmans tout autour, qui ont expulsé Juifs et Chrétiens comme partout à travers le monde, sans scandaliser personne. Ces squatters ont fait de la Bande de Gaza un arsenal mur à mur, comme un gruyère fourré à la dynamite. Pensez-vous sérieusement qu’avec la moitié du territoire ils vont se mettre à tricoter de la layette pour leurs descendants. Ces «réfugiés» de troisième génération sont les plus soutenus financièrement par des fonds publics Occidentaux et d’obscures fonds arabes, une manne pour les prévaricateurs. Pourtant, des réfugiés, il y en a d’autres à aider de par le monde, chassés souvent par des arabo-musulmans : 6 millions d’hindous expulsés pour créer le premier «État islamique» le Pakistan en 1947. Ou sont-ils? Que sont-ils devenus? Il y a ceux du Haut-Karabagh, de Chypre…

    La vraie magie, ce n’est pas de voir grand, c’est de voir clair.

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