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France : Politique en France

Congé parental : cela sent l’arnaque. Même Lutte ouvrière touchée par la grâce ?

Congé parental : cela sent l’arnaque. Même Lutte ouvrière touchée par la grâce ?

Arrêt sur image dénonce l’arnaque d’Emmanuel Macron sur la réduction du congé parental :

[…] Parmi les solutions miracles visant au “réarmement démographique”, le président a annoncé la suppression du congé parental et son remplacement par un “congé de naissance” : “Il sera mieux rémunéré et permettra aux deux parents d’être auprès de leur enfant pendant six mois s’ils le souhaitent”, a-t-il promis, comme s’il annonçait un merveilleux progrès. Avant de préciser qu’il sera aussi “plus court que le congé parental actuel”.

Le congé parental est ce congé longue durée qu’un parent peut prendre APRÈS son congé maternité / paternité et qui lui permet de suspendre ou réduire son activité professionnelle jusqu’aux trois ans de l’enfant et son entrée à l’école. Il fait l’objet d’une aide financière faible : la prestation partagée d’éducation de l’enfant (Prepare), à hauteur d’environ 429 euros par mois. Et il est très majoritairement pris par les mères puisque 14% d’entre elles en bénéficient, contre moins de 1% des pères (chiffres de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques).

Le lendemain matin, Aurore Bergé en SAV sur Sud Radio (glissant au passage quelque fake news) précisait que ce nouveau congé de six mois incluait le congé maternité / paternité. S’il est question de six mois par parent, c’est donc six mois EN TOUT, congé maternité (16 semaines, réparties en 6 semaines de congé prénatal et 10 de congé post-natal) et paternité (28 jours soit à peu près 4 semaines) compris. Pour faire simple, l’on est bel est bien en présence d’une régression et d’une perte de droit. Ce droit, c’est celui de pouvoir se mettre en congé avec la garantie de retrouver plus tard son poste puisque les employeurs ont obligation d’accepter les demandes de congé parental de leurs salariés. Ce que la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes qualifie de “progrès formidable” qui laisserait aux parents “plus de liberté, plus de choix” est en réalité un recul des droits qui ne dit pas son nom.

"Un progrès majeur"

[…] Si la présidente du Conseil de la famille au sein du Haut Conseil de la famille et de l’enfance, estime que cette modification “est une bonne idée”, quelques voix se sont tout de même élevées par-ci par-là pour exprimer une vive inquiétude: “Remplacer les trois ans du congé parental par six mois de congé de naissance, ce n’est pas acceptable”, dénonce la secrétaire générale de la CFDT sur France Info“Congé parental : ça sent l’arnaque”, s’exclame Lutte Ouvrière sur son site“Encore des économies sur le dos des familles !”, tweete Pascale Morinière, Présidente de la Confédération nationale des Associations Familiales Catholiques. “Une durée de un an me parait plus juste, 6 mois c’est vraiment très court”, estime de son côté, Isabelle Filliozat, papesse de l’éducation positive et ancienne vice-présidente de la commission des “1.000 premiers jours de l’enfant”, sur RMC. […]

La mesure censée, rappelons-le, encourager à procréer, semble largement contre-productive : l’incertitude d’avoir un mode de garde et de ne pouvoir garder soi-même son enfant au-delà de 6 mois sans perdre son job, risque d’effrayer plus d’un couple. Enfin, la question des modes de garde est essentielle. La France fait face à une crise inédite en la matière. Comme le révélait en septembre dernier une étude de l’UFC Que-Choisir, la capacité d’accueil par un mode de garde formel (crèche ou assistants maternels principalement) exclut quatre enfants sur dix. Si le congé parental est parfois un choix des mères qui veulent rester auprès de leur enfant jusqu’à leurs deux ou trois ans, l’étude révèle que dans 37 % des cas, c’est faute de solution de garde, comme dans près de la moitié des cas pour le recours aux grands-parents.[…]

Par ailleurs, une avocate en droit social interrogée par l’AFP reconnaît que ce congé de naissance est une mesure “intéressante pour les entreprises” puisque, à l’échelle du marché actuel, “trois ans, c’est une éternité”, et devoir remettre le salarié à son poste d’origine peut s’avérer compliqué. En bref, les femmes sont appelées à faire des gosses mais à vite retourner bosser ensuite.

La dernière réforme du congé parental (2015) instituait que chacun des deux parents ne peut prendre que 24 mois maximum. Autrement dit, pour bénéficier d’une troisième année de congé parental, il fallait que celle-ci soit prise par le deuxième parent. Si l’objectif affiché à l’époque était d’inciter les pères à y recourir et de limiter l’éloignement professionnel des mères, il a surtout permis de faire économiser à l’État 1,2 milliard d’euros entre 2014 et 2022 puisque, pour un tas de raisons qu’on ne détaillera pas ici, les hommes ne prennent pas ou presque de congé parental. Faire des économies. N’est-ce pas là l’ambition réelle du gouvernement ?

Le 18 janvier, Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale se laissait aller à quelques confidences sur France InfoEst-ce qu’il y a un objectif caché derrière ? Est-ce que l’objectif au fond c’est pas de faire des économies ?”, lui demandait le journaliste Jérôme Chapuis. Nous sommes dans un moment où le quoi qu’il en coûte est derrière nous, il faut faire attention à l’argent public qui est quelque chose de rare”, lâchait le député. “Si je comprends bien, l’objectif c’est que ce nouveau dispositif coûte moins cher ?”. Hop hop hop. Rétropédalage express.

“Comment accepter qu’en 2024 des femmes renoncent à leur désir d’enfant, le reportent au risque que ce soit trop tard parce qu’elles ont peur des conséquences sur leur vie professionnelle ?”, s’interrogeait Aurore Bergé dans l’émission Question Politique. Une très bonne question qu’on a bien envie de lui retourner. Tout comme celle-ci : si vos réelles motivations sont l’égalité homme-femme et la liberté de choix des parents, pourquoi ne pas avoir conservé le congé parental longue durée pour ceux, et surtout celles, qui le souhaitent ou qui n’ont pas le choix de s’arrêter faute de moyen de garde ? Le congé parental actuel est mal rémunéré, c’est un fait. Et il est relativement peu utilisé par les mères (même si 14%, ce n’est pas rien !) et quasiment pas par les pères, c’est indéniable. Alors pourquoi ne pas revaloriser sa rémunération ? Dans une époque d’inflation où les maternités ferment un peu partout, où le système de santé comme celui de la petite enfance sont en grande difficulté, pourquoi enlever un droit de plus aux femmes ? Pourquoi prendre le risque de les précariser encore plus et, au final, de les décourager de faire des enfants ?

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4 commentaires

  1. Où sont les féministes, qui prétendent défendre les femmes ? Où étaient-elles sous Hollande pour dénoncer la réduction du congé parental pour la mère ? Savent-elles que ce sont les femmes qui vivent l’épreuve physique de la grossesse et de l’accouchement ?

  2. Un objectif économique est-il caché derrière l’euthanasie (l’aide active à mourir dans la fraternité selon Macron, ou la mort miséricordieuse il y a quelques décennies) ?

  3. Tant qu’on aura ce charlot rien de profitable ne sera fait

  4. Cette possibilité de congé parental jusqu’à 3 ans est un vrai casse-tête pour les PME. Ayant été moi-même anciennement en profession libérale avec 8 salariés essentiellement de sexe féminin, j’ai été confronté à ce difficile problème de pallier une absence de 3 ans par une embauche temporaire hors CDD.
    Pensons aussi un peu aux patrons à qui on ne demande pas leur avis.

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