Selon le père Danziec dans Valeurs Actuelles :
« Vous voulez des morts ? Vous voulez cela ? » Dès que l’on exprime une certaine distance quant à la gestion du gouvernement dans sa lutte contre la Covid-19, les récriminations culpabilisantes fusent. S’interroger sur des mesures barrières qui peuvent paraître exagérées, ou non adaptées, ce serait vouloir des morts ! Les grands prêtres des temps anciens peuvent se rassurer, du fond de leur trépas ils ont trouvé dans l’hémicycle, sur les bancs réservés aux ministres, leurs successeurs.
#TousAntiCovid. Mais de quelle façon, « tous » ?
Depuis plusieurs semaines déjà en effet, une sorte de dogmatisme froid domine les réflexes de la majorité parlementaire. Fébrilité devant une situation qui dépasse les décideurs ? Ou bien facilité argumentaire chez ceux qui détiennent le pouvoir ? Dans l’un ou l’autre cas, en matière de catéchisme sanitaire, le compte n’y est pas. Prédicateurs, pédagogues, apôtres ou hommes de conviction, tous le savent : l’incertitude ou l’arrogance constitue un grand danger pour qui s’aventure sur le terrain délicat du “message à faire passer”. Contre la diffusion du virus, l’application mobile elle-même, promue par le gouvernement, montre l’idéologie qu’elle charrie à travers son évolution lexicale. Sorte de point Godwin, la rhétorique sanitaire se révèle aussi sommaire qu’implacable : qui n’est pas pour le gouvernement se désigne être pour le virus.
Initialement appelée StopCovid, la récente mise à jour du programme a modifié son nom. Ainsi, depuis le 22 octobre, l’application s’intitule TousAntiCovid. Tous ? Certes ! Qui pourrait se déclarer raisonnablement en faveur d’une maladie ? Mais de quelle façon, “tous” ? L’injonction à être unanimement anti-Covid selon les orientations du ministère de la Santé porte en elle quelque chose de dérangeant. On croirait lire une mauvaise caricature de l’Evangile lorsque le Christ avertit : « Qui n’est pas avec moi est contre moi » (Luc 11, 23), comme si la lutte du monde postmoderne contre un virus mutant relevait d’un ordre eschatologique. Hors des orientations sanitaires gouvernementales, point de salut ?
Le coup de sang d’Olivier Véran mardi soir dernier à l’Assemblée nationale est à cet égard tout à fait évocateur. Alors que la majorité voulait étendre l’état d’urgence à la mi-février, les députés LaRem se sont retrouvés en minorité au moment du vote. L’opposition, en ramenant la fin de l’état d’urgence sanitaire au 14 décembre, s’est alors attirée les foudres du ministre de la Santé. « Vous êtes en train de débattre alors que nos soignants se battent pour sauver des vies » et d’ajouter comme pour enfoncer le clou : « C’est ça, la réalité de nos hôpitaux ; si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici ! »
La dictature sanitaire et son expression. L’obligation de croire, de suivre, d’admettre. En tant que prêtre, j’aurais pu avertir M. Véran, étant bien placé pour le savoir : les fidèles n’apprécient pas les dogmes. Ils aiment les miracles, la vie des saints et les trésors spirituels qui s’y dessinent. Ils n’embrassent pas les articles du Credo parce qu’ils sauraient les défendre intellectuellement un à un. Mais parce qu’ils en ont vu les charmes se déployer avantageusement chez d’autres, ils sont prêts à changer de vie. A son retour d’Ars, un pèlerin dira, à propos du saint curé : « J’ai vu Dieu dans un homme. » Tout est là. On est disposé à se convertir, et accomplir des efforts, non par force ou contrainte mais par liberté et amour.
Dictature sanitaire : entre peur et infantilisation
La Foi insiste à temps et à contretemps sur la nécessité d’une bonne santé spirituelle ? Pour autant, elle n’empêche pas les croyants de pécher en les saucissonnant sur le banc des églises. La sagesse fait en effet savoir aux hommes que le mal, comme la mort, fait tout simplement partie de l’existence. Lorsque des parents transmettent la vie, ils exposent par la force des choses leur nouveau-né à s’épanouir ici-bas mais aussi à disparaître un jour de cette terre. Ils le protègent, évidemment. Mais l’étouffer, l’empêcher de respirer pour éviter tout drame reviendrait à l’empêcher de vivre. Que l’Etat ambitionne d’enrayer les contaminations liées au Covid se comprend. C’est même son devoir. Mais jusqu’où ? Et à quel prix ? L’intrusion intense et brutale du politique dans le domaine sanitaire lui donne-t-il le droit de prendre tous les moyens ? Est-il vraiment raisonnable de croire possible que des décisions administratives peuvent, à elles-seules, maîtriser ce qui nous attend pourtant tous un jour ou l’autre : la mort ?
Ceux qui nous gouvernent devraient prendre garde. Dans leur combat contre la Covid, le climat de peur qu’ils distillent, joint à l’infantilisation des rapports humains qu’ils promeuvent, nuit gravement à la santé morale d’une nation. Ce n’est pas la haine du mal qui fédère les énergies mais l’amour du vrai, du beau et du bien. Le prêtre ne le sait que trop bien. A la tête de sa paroisse, s’il est bien évidemment amené à prêcher contre le péché, user de ce seul registre ne saurait cependant nourrir les âmes qui lui sont confiées. Un baptisé ne s’efforce pas de vivre chrétiennement pour éviter l’enfer mais pour rejoindre le Ciel ! Cela se réalise non sans efforts contre sa nature blessée, mais ce sont la coupe, la médaille, le podium qui motivent ses renoncements et sa conversion, non la peur de la défaite !