Christian Combaz lit dans la crise du CPE les conséquences de la décomposition de la famille. Les manifestations trahiraient une crainte majeure de la jeunesse des classes moyennes : "celle de ne pas trouver sa place dans le regard et dans l’amour d’autrui."
On la décèle dans toutes les interviews : les jeunes face au CPE n’envisagent jamais l’hypothèse où leur futur patron serait convaincu de leurs mérites. Ils sont plutôt accablés par la crainte d’être mal aimés. Osons ajouter : comme ils l’ont été en famille à cause de l’égoïsme parental, de la dérive matérialiste du corps social entier, des divorces, de l’amoindrissement de la figure du père […].
Un débat sur i-Télévision réunissait récemment, à ce propos, des commentateurs d’horizons divers. […] Une idée a été proférée ce jour-là par l’un des participants : certains jeunes de milieu modeste, très éloignés des protestataires bacheliers, verraient dans la réforme de l’embauche une occasion de faire leurs preuves. Les autres, les enfants de la petite bourgeoisie vindicative, ceux qui font la loi chez eux depuis la maternelle, se méfient de tout système d’évaluation parce qu’il risque de malmener leur amour-propre.
Laurent
Je trouve cette analyse très profonde.
Beaucoup de jeunes étudiants qui manifestent contre le CPE doutent tellement de la valeur de leurs diplômes (sans doute souvent avec raison) et de leur valeur qu’ils pensent que si on les met un peu à l’épreuve, ils ne seront pas à la hauteur.
Pour preuve, les grandes écoles ne sont pas dans la rue (j’imagine aussi que les 3èmes cycles de l’université ne sont pas dans la rue et ragent de perdre leur temps avec leurs universités bloquées).
Le problème, c’est qu’on considère ces jeunes gens pseudo-rebelles comme des adultes responsables, alors qu’ils réagissent comme des enfants gatés qui ont peur de quitter la fac et d’être obligé de voir le réel.