Partager cet article

Pays : Etats-Unis

Crise du “shutdown” : la gauche américaine de plus en plus sectaire

Crise du “shutdown” : la gauche américaine de plus en plus sectaire

De Christian Daisug dans Présent :

Non et non ! Trois fois, quatre fois non. C’est la réponse cinglante, définitive, obsessionnelle des deux chefs démocrates, Nancy Pelosi et Chuck Schumer, au président Donald Trump. C’est la gifle qu’administrent tour à tour celle qui verrouille la Chambre basse et celui qui gère la minorité démocrate de la Chambre haute à l’occupant du Bureau ovale chaque fois qu’il propose de sortir l’Amérique de la plus longue crise de son histoire. Une crise qui vivra ce jeudi, sans doute sans que rien ne se passe, son trente-quatrième jour. Un tiers des activités du gouvernement fédéral sont gelées et 800 000 fonctionnaires démunis de tout salaire. L’Etat claudique, la gauche se crispe et, pendant ce temps-là, Trump tourne comme un lion en cage en essayant de trouver une faille dans l’arrogance adverse, de dénicher une faiblesse dans le dispositif partisan afin de mettre fin à ce bras de fer dont les termes sont les mêmes depuis plus d’un mois : la réouverture des services publics contre la construction d’un mur le long de la frontière sud.

C’est un troc : Trump remettrait à 750 000 étrangers entrés aux Etats-Unis dans les bras de leurs parents illégaux un permis de travail de trois ans. Et il permettrait à 350 000 autres étrangers, vulnérables à l’expulsion, de rester dans le pays, en attendant un statut pouvant évoluer vers la citoyenneté. En échange, que demande Trump ? Toujours la même chose : 5,7 milliards de dollars afin de construire face au Mexique un mur en acier de dix mètres de hauteur et de quelques centaines de kilomètres de long. Ce troc, c’est la dernière en date des propositions de Trump. Elle remonte au week-end. Pelosi et Schumer n’ont pas attendu pour riposter. Une heure à peine après l’allocution présidentielle, la première estimait que « l’offre manquait de sérieux » et le second affirmait que le « compromis » transformait « plus d’un million d’immigrants en otages ». C’était, une fois de plus, un non brutal. Un non sans velléité de discussion, sans geste d’ouverture. Le non du rejet absolu, du mépris destructeur. Il ne s’agit plus de deux pouvoirs antagonistes cherchant une solution mais d’un scénario de mise à mort. La gauche ne songe plus à gagner une bataille politique. Elle exige la disparition du gêneur.

Trump ne veut pas mourir. Pas comme cela. Pas comme un chien jeté aux vautours. Alors il se cabre et utilise la seule arme que lui ont laissée les élections du 6 novembre dernier : une majorité au Sénat. Celui-ci doit en principe voter ce jeudi. Pour officialiser le plus récent des trocs présidentiels. Pour tenter de faire basculer à droite les démocrates hostiles au sectarisme de leurs chefs. Et pour montrer aux Américains que les vrais responsables du chaos gouvernemental actuel sont Pelosi et Schumer et non pas, comme le répète la presse aux ordres, le « furieux xénophobe de la Maison-Blanche ». En multipliant les concessions mais sans rien abandonner d’essentiel, Trump a misé sur le pourrissement. Ce n’est pas forcément un mauvais calcul. Il a enfermé les démocrates dans leur propre logique : une fuite en avant dans la négation et l’immobilisme. Et il a su rester maître du jeu car c’est forcément l’une de ses initiatives qui débloquera la situation. Première question : les pressions des démocrates modérés sur leurs chefs seront-elles suffisantes pour les calmer ? Deuxième question : comment vont réagir les bataillons de nationaux-populistes qui ont compris que le plan Trump débouchera tôt ou tard sur une amnistie pour plus d’un million d’illégaux ? Il existe une troisième question, mais celle-là est à 5,7 milliards de dollars : Trump va-t-il se décider à déclarer cette affaire de frontière une « urgence nationale » ? Dans ce cas, il n’aurait plus besoin du Congrès pour construire « son » mur. Mais il risquerait de tomber dans les griffes du pouvoir judiciaire.

Partager cet article

1 commentaire

  1. Si Marine Le Pen ou Dupont-Aignan était élu(e) Président, on aurait surement le même genre de spectacle en France …

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services