Le Seylmargate est de retour ! Rappelez-vous, en février 2018, sur proposition de Juncker, président de la Commission, les 28 commissaires européens avaient nommé Martin Selmayr secrétaire général adjoint de la Commission européenne, poste « libéré » de façon inattendue par la précédente titulaire, la Grecque Praskevi Michou. L’opération aurait duré entre une et trois minutes, pour des postes qui donnent normalement lieu à de longues procédures d’embauche, émaillées de nombreuses consultations, de rencontres avec les postulants, et de rapports. Ce poste de la haute fonction administrative de l’Union européenne, qui a sous sa responsabilité 33 000 fonctionnaires, doit normalement faire l’objet d’un appel à candidatures large. Or une seule candidature a été déclarée, celle d’une femme (c’est obligatoire dans les procédures ), Clara Martinez Alberola, chef adjoint de cabinet de Jean-Claude Juncker, (et ancienne du cabinet Barroso) déjà appelée à d’autres fonctions et qui aurait finalement retiré sa candidature. Il s’agissait d’une candidature purement formelle, destinée à répondre aux exigences du règlement. En mars 2018 en séance plénière à Strasbourg, les députés, tous partis confondus, avaient dénoncé cette promotion truquée.
Hier, le Parlement européen, par 313 voix contre 246, a exigé le départ immédiat du secrétaire général de la Commission accusé de s’être propulsé illégalement au plus haut poste de l’administration. Les députés ouvrent ainsi une crise institutionnelle majeure avec l’exécutif européen puisque l’étape suivante ne peut être que la censure de Jean-Claude Juncker et de ses vingt-sept commissaires si Selmayr ne démissionne pas ou n’est pas renvoyé.
Le président de la Commission se prenant pour un despote tout-puissant, on pense qu’il va envoyer paître la seule institution européenne tenant sa légitimité du peuple. A deux mois des élections européennes, il va administrer la démonstration que Bruxelles est bien le monstre décrit par les eurosceptiques et souverainistes.