Elisabeth Lévy déclare au Figarovox :
"[…] C'est une annonce prématurée, mais de fait, comme l'explique Jean-Pierre Legoff dans ce numéro [Causeur], le gauchisme culturel est en train de perdre de sa superbe. En clair, il n'est plus le seul arbitre des élégances intellectuelles et morales. Et c'est vrai, en dépit des différences de situation, aux Etats-Unis comme en France. L'universitaire Mark Lilla a expliqué cette semaine dans Le Monde que l'échec de Clinton était celui de la gauche qu'il appelle «diversitaire», qui n'a pas vu, écrit-il, que «son obsession de la diversité incitait les Américains blancs, ruraux, croyants à se concevoir comme un groupe défavorisé dont l'identité est menacée ou bafouée. Ces personnes ne réagissent pas contre la réalité d'une Amérique multiculturelle (en réalité, elles ont tendance à vivre dans des régions où la population est homogène). Elles réagissent contre l'omniprésence du discours de l'identité, ce qu'elles appellent le ‘politiquement correct'». Et en France, la défaite d'Alain Juppé s'explique largement par le rejet d'un multiculturalisme réel qui n'a pas grand-chose à voir avec les beaux discours de la gauche Terra Nova ni avec l'illusion de l'identité heureuse. Dans certains territoires, le vivre-ensemble au quotidien, c'est l'islamisme, la pression sociale, le séparatisme, l'exclusion des femmes. Il doit être permis de le voir. Et de le dire. […]"