Partager cet article

L'Eglise : L'Eglise en France

“Dans la liturgie traditionnelle, la participation active à la messe réside principalement dans les prières de l’offertoire”

“Dans la liturgie traditionnelle, la participation active à la messe réside principalement dans les prières de l’offertoire”

Sermon pour la messe d’action de grâce du 41ème pèlerinage de Chrétienté, prononcé jeudi 8 juin en l’église Sainte-Odile, par l’abbé Jean de Massia, aumônier général :

Amis pèlerins,

Au terme de ce 41ème pèlerinage de Chrétienté, il nous est bon de reprendre ces mots de la préface qui introduisent le Canon de la Messe :

Vere dignum et justum est : « Vraiment, il est juste et nécessaire, c’est notre devoir et notre salut, de vous rendre grâces toujours et en tous lieux, Seigneur ! ».

L’action de grâces n’est pas une action gratuite, c’est une action nécessaire, elle est due en justice à notre Créateur. Car s’il est une chose qui nous suivra toute notre vie, une réalité à laquelle nous ne pourrons échapper, et Dieu en soit loué, c’est bien celle-ci : nous sommes éternellement redevables envers Dieu. Nous sommes les obligés du Seigneur. C’est ce qui fonde l’attitude religieuse. Ce que nous sommes, ce que nous avons, la vie, la santé, une famille, la foi, tout vient de Lui. Ce que nous vivons aussi : et ces trois jours de pèlerinage qui viennent de se dérouler sont aussi don de Dieu. Qui pourrait penser en effet que des hommes, des femmes, imparfaits et pécheurs comme nous le sommes, pourraient produire d’eux-mêmes, et seuls, des fruits de grâces et de lumières comme nous en avons vu cette année sur la route de Chartres ? Nous savons au terme de ces trois jours, combien Dieu est bon, et qu’il a œuvré. Alors il nous est agréable de le dire : merci, Seigneur.

Rendre grâce est ainsi le meilleur remède contre l’orgueil et la vaine gloire qui pourraient saisir nos cœurs après l’édition, historique, de cette année. L’orgueil est le péché du démon, de celui qui a été saisi par sa propre beauté, sa propre perfection, et oubliant qu’elle était don et œuvre de Dieu, se l’est attribuée à lui-même et s’est dit : c’est moi qui ai fait cela, je me suis fait tout seul. L’orgueil est devenu le péché du monde moderne qui, refusant Dieu, s’auto-célèbre, cultive l’ingratitude et fait croire aux hommes qu’il est bon de ne dépendre de personne, et qu’ils ne doivent leur réussite qu’à eux-mêmes.

Au contraire, en rendant grâces en ce jour, nous cherchons à résister à l’illusion de nous attribuer à nous-mêmes le fruit de notre labeur. C’est un exercice essentiel, c’est une attitude profondément mariale, de celle qui exulte dans la prière du Magnificat : « Le Seigneur a fait en moi de grandes choses, saint est son Nom ».

Alors merci, Seigneur, pour ces trois jours de pèlerinage ; merci de nous avoir donné la force d’aller jusqu’à Chartres, merci pour ces grâces qui ont orientés certains de nos choix dans l’organisation, merci pour ces inspirations qui ont poussé tel marcheur à aller se confesser, et tel prêtre à donner le conseil qu’il fallait, merci pour la joie de nos chapitres, merci pour le soleil et pour le temps propice… Merci surtout pour la foi. Quelle grâce c’est, chers amis, d’être catholiques, de connaître Jésus, de marcher sous sa bannière ! Une grâce que nous voudrions communiquer à tous ! Merci pour tous ces signes qui nous montrent, d’année en année, que le pèlerinage est une œuvre de Dieu. Je ne parle pas ici du nombre d’inscriptions ; mais l’exemple le plus visible de l’action de Dieu qui me vient à l’esprit, c’est ce silence impressionnant pendant l’adoration de Gas dans ce champ pourtant bondé comme jamais : Dieu y avait donné rendez-vous à ses pèlerins.

Merci, et pardon : pardon pour nos résistances et nos querelles, pardon si nous avons mis trop de pâte humaine, lourde et terrestre, dans votre plan, pardon si nous avons de temps à autre dévié le rayon de votre grâce en cherchant à n’en faire qu’à notre tête… l’année prochaine, nous essayerons de faire mieux, d’être des instruments plus dociles et plus abandonnés à vos inspirations, de poser moins d’obstacles, car le pèlerinage est à vous, Seigneur, il est à vous et à Notre Dame.

En ce jour où nous célébrons le mystère de l’Eucharistie, le mystère du Sacrifice de Jésus-Christ à son Père renouvelé sur nos autels, nous déposons cette œuvre en offrande, pendant la messe. La messe a été inventée par Jésus pour que les hommes puissent offrir leurs sacrifices dans l’immense sacrifice du Christ, et par-là glorifier Dieu et trouver leur salut. Dans la liturgie traditionnelle, cette participation active à la messe réside principalement dans les prières de l’offertoire : « recevez, Trinité Sainte, cette offrande que nous vous présentons ». Préparons, comme on disait aux enfants autrefois, notre petit baluchon dans lequel nous mettrons nos joies et nos peines de cette année de préparation du pèlerinage, toutes ces heures consacrées à travailler, préparer nos topos, l’itinéraire, l’organisation, ces renoncements et spécialement ceux de nos familles qui nous portent aussi à bout de bras toute l’année ; mettons y aussi ces trois jours, et puis déjà les défis de l’année prochaine, les projets et les obstacles : tout cela, Seigneur, c’est à Vous, ce n’est pas à moi. C’est pour Vous et votre Gloire, ce n’est pas pour moi. Pendant l’offertoire, les anges du Seigneur passent et déposent notre offrande sur la patène, avec l’hostie. Retirez, Seigneur, ce qui vous y déplait, purifiez ce don dans le feu de votre amour. Et ce maigre présent, généreux et sincère, mais si imparfait, voilà qu’il est pris sur l’autel, et qu’au moment où le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ, nos humbles offrandes humaines sont converties dans l’unique sacrifice du Christ, et nous avons alors la certitude que grâce à Jésus, notre sacrifice est agréable à Dieu.

S’il est juste et nécessaire de rendre grâces à Dieu, il l’est aussi de rendre grâces aux hommes. Car cette dette qui nous étreint par rapport à Dieu, elle nous oblige aussi par rapport à tous ceux qui nous ont précédés et qui, par leur labeur, leur choix, leur zèle, ont permis que nous vivions Chartres. Leurs noms sont connus ou oubliés, peu importe. Ce qui importe, c’est la reconnaissance. Comprendre que tout ne commence pas avec vous. Que nous bénéficions d’un héritage. C’est une des grandes leçons de Chartres, cela aussi. Vous le verrez l’année prochaine, en revenant à Chartres – car vous reviendrez tous ! Dans la cathédrale, sous la rose sud de l’Apocalypse, on y voit les 4 évangélistes, juchés sur les épaules des 4 grands prophètes de l’Ancien Testament. Image étonnante, symbole de la tradition, qui a pour origine cette formule de saint Bernard de Chartres :

« Nous sommes des nains assis sur les épaules des géants. Si nous voyons plus de choses et plus lointaines qu’eux, ce n’est pas parce que nous sommes plus grands, c’est parce que nous sommes élevés par eux »

Avant de faire mieux que nos ainés, essayons d’abord, au moins, de recevoir leur enseignement et de les imiter. C’est cela aussi l’esprit traditionnel, selon le mot de Saint Paul entendu dans l’épître de ce jour : « j’ai transmis ce que j’ai reçu ». C’est cela qui nous anime, et explique en partie notre attachement à la liturgie et au catéchisme traditionnel, après avoir constaté l’échec terrible de l’absence de transmission de la foi dans les années 70, et dont les conséquences continuent encore aujourd’hui. La meilleure façon d’honorer ceux qui, depuis le Christ, ont transmis fidèlement les vérités de la foi, c’est de le faire à notre tour : transmettre. Être traditionnel n’est pas un attachement au passé, mais un attachement à l’avenir.

« Que m’importe donc le passé en tant que passé ? écrivait Gustave Thibon. Ne voyez-vous pas que lorsque je pleure sur la rupture d’une tradition c’est surtout à l’avenir que je pense ? Quand je vois se pourrir une racine j’ai pitié des fleurs qui demain sècheront faute de sève. »

A NDC, on aime à comparer le pèlerinage à un arbre ou à une fleur : les racines invisibles, c’est la Tradition ; la tige ou le tronc visible, c’est la Chrétienté ; les fleurs et les fruits, c’est la Mission. Deo Gratias, et dès demain, à l’œuvre pour le 42ème pèlerinage de Chrétienté, de Paris à Chartres.

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services