Michel Valadier, fondateur de l’école Saint-Dominique, est le nouveau directeur général de la Fondation pour l’école. Interrogé dans L’Homme Nouveau, il révèle :
Depuis quelques années, un écart de plus en plus flagrant se creuse entre le traitement des établissements hors contrat et celui des établissements sous contrat, en particulier aux examens. Y a-t-il d’autres points sur lesquels vous aimeriez mettre l’accent ?
Il y a plusieurs sujets à relever, mais celui des examens est le plus actuel. Avant la réforme du bac – en 2019 –, les lycées hors contrat étaient considérés comme des établissements scolaires à part entière et les élèves scolarisés s’inscrivaient au bac via leurs lycées. Dans un premier temps rien n’a changé ; mais depuis 2021, nos lycéens sont traités comme des candidats libres, ce qui permet de leur refuser la prise en compte du fameux contrôle continu pour l’obtention du baccalauréat. Mais comme l’administration a besoin du relais que sont les établissements hors contrat, les élèves sont considérés comme candidats individuels inscrits par leur établissement. L’hypocrisie est flagrante et nous la dénonçons. Il faut savoir que, dans la plupart des académies, il y a désormais un service chargé des écoles indépendantes, ce qui manifeste une réalité devenue incontournable. Il n’est plus possible d’ignorer 2 500 établissements qui scolarisent plus de 100 000 élèves, ce n’est plus un phénomène marginal. Un des combats que nous allons mener prochainement sera de demander leur reconnaissance par le Ministère comme établissements à part entière. Nous sommes inspectés et utilisés par l’Administration quand ça l’arrange. Quand nous aurons obtenu cette reconnaissance, la prise en compte du contrôle continu suivra.
Je peux vous dire ici comment nous en sommes arrivés là. Lors du confinement du mois de mars 2020, s’est posée la question des épreuves du baccalauréat. Le 2 avril, Jean-Michel Blanquer annonçait à la radio que les élèves inscrits dans les établissements hors contrat passeraient les épreuves du bac en septembre, lors de la session de rattrapage, comme les candidats libres, alors que les élèves du public et du privé sous contrat étaient dispensés de toute épreuve. Une mobilisation exceptionnelle l’a contraint en 36 heures à changer d’avis et le lendemain soir, 3 avril, il annonçait au journal télévisé que les élèves des établissements hors contrat seraient traités de la même manière que les autres élèves scolarisés dans le public. Les notes des premier et deuxième trimestres de nos élèves ont pu être prises en compte et en ce qui concerne l’établissement que je dirigeais, le rectorat a tenu compte de nos résultats passés et augmenté les moyennes de tous les élèves d’un point et demi à deux points dans certaines disciplines.
Je suis persuadé que cet événement a suscité la réaction dont nous subissons les conséquences aujourd’hui. Nous sommes considérés comme des anomalies qu’il faut à tout prix marginaliser. Ce point était très clair dans l’attitude des inspecteurs qui sont venus à Saint-Dominique quand je dirigeais l’établissement et qui, loin de nier notre bon niveau ou nos résultats, cherchaient ce qui pourrait nous contraindre à fermer. Avec la Fondation, nous nous battons pour faire reconnaître que nous sommes, dans le paysage scolaire français, une forme de diversité. Et qu’à ce titre, nous avons le droit au respect, à la considération, dans la mesure où notre travail est couronné de succès.