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Homosexualité : revendication du lobby gay / L'Eglise : L'Eglise en France

Dans les questions fondamentales du droit, le principe majoritaire ne suffit pas

Mgr Pacsal Wintzer, archevêque de Poitiers, vient de publier à son tour son analyse du sujet :

Wintzer"[…] Evêque catholique, j'estime qu'un tel projet est néfaste. Il l'est d'abord pour la société. Mon jugement n'est en rien la défense d'intérêts confessionnels et religieux, il exprime un sens de l'homme et de la femme qui nous concerne tous.

C'est la différence qui fonde la relation humaine, qui permet la relation ; la différence des sexes en est l'expression la plus fondamentale. Même si cette différence s'exprime de bien des manières et en de multiple lieux, c'est dans la famille que se tient son apprentissage.

Le projet de loi met également à mal la filiation. Au sein d'un couple formé de deux personnes du même sexe, l'enfant qui pourra y être élevé sera certes entouré de l'amour de « parents », mais il découvrira qu'il doit sa vie à une troisième personne, étrangère à ce couple. Pour chacun l'accès à son identité est un enjeu essentiel, la situation créée au sein de ce type de familles risque d'être un facteur supplémentaire de fragilité dans une société qui en offre déjà beaucoup.

Le projet de loi interroge aussi sur la nature et le rôle de la loi civile. Cette dernière ne saurait être conçue comme la mise en forme des attentes des individus et des groupes. La loi dit la norme valable pour tous. Le principe de non-discrimination est d'un autre ordre que celui de la loi qui fait plus qu'autoriser, elle prescrit. Dans le discours qu'il tint devant le Bundestag, le 22 septembre 2011, le Pape Benoît XVI affirmait : « Pour une grande partie des matières à réguler juridiquement, le critère de la majorité peut être suffisant. Mais il est évident que dans les questions fondamentales du droit, où est en jeu la dignité
de l’homme et de l’humanité, le principe majoritaire ne suffit pas: dans le processus de formation du droit, chaque personne qui a une responsabilité doit chercher elle-même les critères de sa propre orientation. »

[…] Enfin, un projet de loi comme celui-ci n'est qu'une mise en forme légale d'une évolution sociale : la privatisation d'une institution, le mariage. Sur cette évolution, l'Eglise catholique doit s'interroger elle-même. Nous constatons en effet depuis longtemps que lors des démarches chrétiennes qui accompagnent les grands moments de la vie, naissance, mariage et mort, les dimensions institutionnelles, ecclésiales, communautaires, cèdent le pas aux attentes personnelles et familiales. Certes, le mariage est sans doute le « sacrement de l'amour », il donne forme rituelle à ce que vivent un homme et une femme, mais il est bien davantage le don de la grâce de Dieu, une grâce qui est au-delà et parfois ailleurs de ce que vivent déjà de beau et de grand ceux qui se marient. Lors des noces de Cana (Jean 2), c'est de l'eau qui est apportée au Seigneur, et lui donne le vin le meilleur. Le « nous » de la foi de l'Eglise, comme le « nous » de la société, précèdent et donnent forme à nos propres engagements. Une institution, qu'elle soit religieuse ou civile, qui ne rappelle pas cela, et n'aide pas à en mesurer le bien-fondé et la nécessité, joue contre son camp et s'expose à peu à peu perdre toute signification.

Je pense que beaucoup, catholiques ou non, mesurent les enjeux profonds qui s'expriment à travers ce projet de loi. Notre pays ne peut se satisfaire d'être régi par l'addition des droits et des libertés individuelles, il exprime un modèle de vie sociale. J'invite chacune et chacun à se donner les moyens de la réflexion et du débat. D'autre part, citoyens de France, nous avons le devoir d'exprimer publiquement, en particulier auprès des élus de la nation, les graves questions évoquées ici."

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