Né dans le Caucase en 1981, Alexandre Siniakov est entré au monastère à Kostroma à l’âge de quinze ans. Il a ensuite étudié à l’Institut catholique de Toulouse avant de poursuivre sa formation à Paris et à Louvain. Il témoigne de sa jeunesse dans un sovkhoze communiste et de sa conversion dans un ouvrage intitulé Comme l'éclair part de l'Orient. Itinéraire d'un pèlerin russe.
Le père Alexandre Siniakov raconte son chemin atypique qui l’a conduit des steppes du Caucase à la France, témoignant aussi de son itinéraire spirituel et intellectuel, dans un milieu communiste … qu'il retrouve en France :
"Quant aux révolutionnaires inassouvis, plus nombreux en France qu'en Russie, c'est pour n'avoir pas connu la collectivisation des terres qu'ils se prennent parfois à l'espérer. Il peut s'agir de communistes de désir qui s'acharnent à voir en tout échec d'une révolution passée la marque de son incomplétude ou de son insuffisante radicalité et qui se muent dès lors volontiers en archéologues bienveillants des réalisations collectives soviétiques les plus présentables. […] Aux uns comme aux autres, il me faut rappeler ou apprendre ce que fut mon sovkhoze, comme le psalmiste lui-même rappelait ou apprenait au peuple juif ce qu'avait été son esclavage.
Petit-fils de Cosaques illettrés, j'ai été coupé de mes racines par les éducateurs de l'école soviétique, qui m'ont encouragé à rougir de mes origines. J'ai renié les coutumes "obscurantistes" de mes aïeux pour devenir "octobriste", puis "pionnier" de l'humanité nouvelle, étant régulièrement promu à ces grades honorifiques qui ponctuaient le cursus honoris des jeunesses communistes. Au cours des cérémonies solennelles célébrant le régime, j'ai été tour à tour vestale du "feu inextinguible" du Soldat inconnu, j'ai pratiqué avec enthousiasme le culte de la Révolution et de la Victoire, vibré au son des hymnes patriotiques, défilé en brandissant fièrement le drapeau rouge dans les parades du 1er mai."