M.Hafiz, dans une activité médiatique importante de fin d’année 2023, a accordé le 12 décembre 2023 un entretien au site Mizane Info (Islam et sujets de société).
De cet entretien, sept thèmes sont successivement décryptés :
- Les messages sur l’antisémitisme
- L’hypocrisie de la présentation de ses relations avec le grand rabbin de France
- Son inféodation à l’Algérie
- Son discours sur Gaza
- Son discours victimiste
- Son discours sur la criminalité musulmane
- Son soutien par la Macronie
Moi, connaître le grand rabbin de France ? Pensez donc…
L’entretien avec Mizane Info comprend ensuite un passage intéressant concernant les relations de M.Hafiz avec le grand rabbin de France, M. Haïm Korsia. Relations certaines et avérées. Ne serait-ce que pour donner ensemble « des paroles d’apaisement et de paix » lors d’un Live TOUSSAINT réunissant, le 26 octobre sur BFMTV le recteur de la grande mosquée de Paris et le grand rabbin de France.
Et sans compter la participation à d’autres réunions communes. Parmi les plus récentes : à l’Elysée avec les responsables religieux (dont M.Korsia) le 13 novembre matin ; et aussi lors de la fameuse soirée Hanouka (avec M.Korsia) du 7 décembre à l’Elysée encore : M.Hafiz était toujours là.
Mais, bien sûr, Mizane Info s’adresse à la communauté musulmane. Donc, point trop n’en faut. Toute proximité trop grande pourrait être suspecte. D’autant plus que la question est traitresse : le journaliste rappelle que Haïm Korsia « a eu un certain nombre de positions assez surprenantes, plutôt hostiles envers le coran, en 2018 par exemple, Haïm Korsia demandait, je cite : « que les versets du coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités » fin de citation – il n’y a pas de versets qui appellent au meurtre, un certain nombre de théologiens musulmans avaient corrigé les erreurs d’évaluation [signe d’assentiment de M.Hafiz] ; en 2019, lors d’une manifestation inter-religions, « comment vivre avec les autres sincèrement quand on révère un texte qui parfois donne le sentiment de ne pas donner la même dignité aux uns et aux autres ». C’est la première fois qu’on entend un grand rabbin de France critiquer un livre saint d’une autre religion ». Fin de l’introduction du journaliste.
M.Hafiz développe alors un petit numéro d’humilité (du genre : qui suis-je moi, sinon un obscur petit recteur d’une petite mosquée ?) et de quasi-reniement de ses liens avérés avec le Grand rabbin de France (du genre : c’est qui, lui ? Je le connais à peine) tout à fait savoureux. Verbatim en plusieurs séquences :
« Je n’avais pas eu connaissance de ces déclarations et je ne suis pas comptable de ces déclarations… Haïm Korsia a fait des déclarations en faveur de l’islam aussi [M.Hafiz rappelle ainsi que M. Korsia avait plaidé en faveur du…. maintien de l’égorgement rituel des animaux]… Je ne veux défendre personne. C’est un interlocuteur avec qui je travaille… Il y a d’autres responsables musulmans qui ont une relation très étroite avec le grand rabbin ».
Donc, pas de rôle éminent vis-à-vis du représentant du judaïsme français et effacement humble derrière d’autres « responsables musulmans » pour M.Hafiz. Alors revenons sur quelques faits récents ayant permis pourtant à M.Hafiz d’affirmer son rôle national.
C’est M.Hafiz qui, en septembre 2023, recevait le secrétaire général du Conseil de l’Europe, sur le thème du racisme anti-musulman.
C’est M.Hafiz qui, le 7 octobre 2023, recevait dans sa mosquée des recteurs de mosquée, imams et autres présidents d’associations islamiques européens, réunis pour créer une nouvelle association AMMALE (Alliance of Mosques, Muslim Associations and Leaders in Europe). Et savez-vous qui cette assemblée générale constitutive a nommé comme président du conseil de coordination AMMALE ? M.Hafiz.
C’est lui qui pétitionnait dans Le Monde le 15 novembre 2023 au nom des musulmans de France ;
Lui qui, encore, remettait le 7 novembre 2023 une lettre au président de l’Arcom pour l’informer « de l’inquiétude des musulmans de France » et se plaindre [à nouveau] de « la libération et de la banalisation d’une parole antimusulmane dans les médias »
Le même qui, dans l’entretien de Mizane Info se flatte d’avoir reçu, depuis sa nomination au ministère de l’intérieur, M.Darmanin à trois reprises pour des repas de rupture du jeûne (à trois reprises !…). Et encore donc le 11 novembre 2023.
Toujours lui qui qui donne un entretien au Parisien le 23 novembre.
Le même M.Hafiz qui parcourt en France le réseau des mosquées dépendant de sa mosquée et en particulier à Marseille (ah, Marseille, cette plus grande ville algérienne de France).
Lui toujours qui (et après s’être entretenu avec l’archevêque de Canterbury himself !) annonce le 27 décembre 2023 que la Grande mosquée de Paris entame une nouvelle traduction du Coran de l’arabe au français…. Et en début d’année 2024 encore promet de travailler à « la défense de la dignité et de la citoyenneté des musulmans de France ».
« Qui fait l’oiseau ? C’est le plumage.
Je suis Souris : vivent les Rats !
Jupiter confonde les Chats !
Par cette adroite répartie
Elle sauva deux fois sa vie
… Le Sage dit, selon les gens :
« Vive le roi ! Vive la Ligue » »
La Fontaine, la Chauve-souris et les deux Belettes
L’Algérie, donneur d’ordre à M.Hafiz
Dans son entretien, M.Hafiz se plaint (il se plaint beaucoup d’ailleurs, on y reviendra) d’ « être attaqué sur son algérianité et sur sa pseudo-relation avec les Frères Musulmans » (20’30). Alors, regardons quelques traces à partir du compte X de M.Hafiz.
Le 16 octobre, M.Hafiz est à Alger. Il a été reçu par M. Mokhtar Didouche, ministre algérien du Tourisme et de l’Artisanat, pour un échange sur des projets communs.
Le 17 octobre, M.Hafiz, à Alger, a été reçu par M. Youcef Belmehdi, ministre algérien des Affaires religieuses et des Wakfs [donations faites à perpétuité en particulier à des entités religieuses].
Le 19 octobre, M.Hafiz, à Alger, s’est entretenu avec M. Abderrahmane Hammad, ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, sur les projets communs.
Le 22 octobre, M.Hafiz, à Alger. Il rencontre à nouveau M.Youcef Belmehdi, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, pour aborder les activités religieuses de la Grande mosquée de Paris et la question de la fin des imams détachés en France.
Le 23 octobre, M.Hafiz, à Alger, signe avec M. Mustapha Hidaoui un accord-cadre entre la mosquée de Paris et le Conseil supérieur de la jeunesse pour développer les actions en faveur des jeunes de la communauté nationale [NDLR : on comprend donc, des algériens] établis à l’étranger.
Le 9 novembre, M.Hafiz, à Paris, reçoit deux membres du Conseil supérieur de la jeunesse d’Algérie, actuellement en mission en France. « Cette jeunesse engagée qui m’émeut beaucoup » ajoute le tweet de M.Hafiz.
Le 17 novembre 2023, M.Hafiz, à Paris, reçoit M.Belmehdi, ministre algérien des Affaires religieuses et des Wakfs rencontré à Alger juste un mois plus tôt, pour « remercier les imams de la mosquée de leur dévouement et échanger sur leur mission au service des musulmans de France », en présence de l’ambassadeur d’Algérie en France (M. Saïd Moussi).
En décembre, M.Hafiz reçoit une délégation d’imams ibadites mozabites de Ghardaïa en Algérie. Un programme de travail pour l’année 2024 a été envisagé entre les imams.
Le 11 décembre, à l’ambassade d’Algérie à Paris, M.Hafiz a commémoré aux côtés de l’ambassadeur M. Saïd Moussi les manifestations du 11 décembre 1960 [NDLR : à Alger et autres villes d’Algérie] qui tracèrent le chemin de l’indépendance du peuple algérien.
A propos de M.Moussi (pour mémoire et, soyons juste, M.Hafiz n’y est pas pour grand-chose quoiqu’il ait peut-être accompagné partiellement ce déplacement) : le même M. Moussi était cinq jours après en déplacement à Marseille, visite pendant laquelle le maire, M. Payan a souligné « les liens très forts entre Marseille et l’Algérie ». M.Payan a exprimé ces mots inoubliables :
« Je pense que la France doit regarder aujourd’hui son passé de manière très claire et aussi son avenir qui passe par une coopération et des liens forts avec l’Algérie. A Marseille une ville qui, après la guerre, a été reconstruite en partie par des Algériens, une ville aussi constituée de femmes et d’hommes qui portent une histoire et une identité singulières, belles, fortes à la fois, on sait ce que veut dire tout ça [sic]. De fait, en regardant sincèrement notre passé et en connaissant notre présent, nous sommes capables de préparer l’avenir, en se tenant la main dans le cadre de liens économiques, culturels ou encore universitaires. Quand on est Français, quand on est Marseillais, il faut se dire qu’on a des choses à apprendre de l’Algérie, un pays où existe, par exemple, une excellence universitaire, un entrepreneuriat et une manière d’être extrêmement sensible [re-sic] qui fait honneur à notre ville. Marseille est la plus grande ville algérienne en France, car elle a été fabriquée par cette histoire-là ».
C’est encore dans ce cadre enchanteur que la Grande mosquée de Paris a organisé un programme de découverte de 10 jours à destination de jeunes (franco-algériens ? musulmans ?), programme appelé [on croirait du Macron] « la caravane de la mémoire », pour découvrir les principaux lieux de l’hsitoire du pays et de sa lutte pour l’indépendance.
Dans son entretien à Mizane info, M.Hafiz expliquait (12’) :
« Vous savez, je suis d’origine algérienne. Je suis extrêmement sensible sur la question de la colonisation. L’Algérie a été colonisée pendant 132 ans. Donc nous savons ce que c’est que la colonisation. Ce qu’est le traumatisme de la colonisation. 70 ans après, on est encore en train de subir, je dirais, ce traumatisme de la colonisation ».
On n’est pas entièrement sûr que cette caravane aborde la mémoire des exploits barbaresques, de l’esclavage arabe ou de l’occupation turque.
Quant à des accointances éventuelles avec les Frères Musulmans, on rappellera simplement que M. Hafiz, avocat, attaquait en justice Charlie Hebdo pour le compte du CFCM en 2006 après la publication des caricatures de Mahomet.
Tout ça en déclarant travailler à un islam de France.
A suivre