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Pays : Etats-Unis

“Dans un monde interdépendant, une mauvaise décision pour les États-Unis l’est également pour le reste du monde”

“Dans un monde interdépendant, une mauvaise décision pour les États-Unis l’est également pour le reste du monde”

D’Alain Dumait dans Les 4 Vérités :

Les droits de douane « réciproques » annoncés par Donald Trump le 2 avril ont provoqué un tremblement de terre financier. On sait que ce n’est pas un économiste, mais un chef d’entreprise d’un genre particulier: un promoteur fait « des coups » (des deals), mais il n’est ni un créateur, ni un investisseur à long terme. Engagé dans la vie politique américaine depuis quarante ans, il a toujours été isolationniste et populiste. Pendant sa dernière campagne, s’engageant à réindustrialiser l’Amérique, il a annoncé qu’il procéderait à une augmentation des droits de douane.

Selon une grille présentée le 2 avril, où figurent des chiffres, dont on a dit qu’ils ont été déterminés à l’aide d’un calcul simpliste, à savoir:

  • Calcul du ratio déficit/importations: pour chaque pays, le déficit commercial des États-Unis avec ce pays aurait été divisé par le montant total des importations en provenance de ce même pays.
  • Application d’un facteur de réduction: le pourcentage obtenu a ensuite été divisé par deux pour déterminer le taux de droit de douane à appliquer.

Par exemple, selon cette formule, l’Union européenne s’est vue imposer un droit de douane de 20 %, et la Chine de 34 %. L’UE déclare que le taux moyen de ses droits de douane sur les produits américains est estimé entre 1 % et 4,8 %. Donald Trump les estime à 39 %. Nos médias crient au n’importe quoi. Pourtant, si l’on tient compte de la TVA, des barrières non tarifaires, et de la sous-évaluation de l’euro, le compte de Donald Trump est proche de la réalité. Emmanuel Macron a dit au Président Trump, le 24 février: « Ce ne sont pas des droits de douane. » Mais ce sont bien des éléments qui renchérissent, pour les consommateurs européens, les prix des produits américains, et donc leur compétitivité.

  • Sur la TVA: il n’y en a pas aux États-Unis. Leur « sales tax » varie de 0 à 10 % selon les États. Il est si vrai qu’elle frappe les produits importés que les partisans de la TVA dite « sociale » en tirent argument pour l’augmenter, en contrepartie d’une baisse des cotisations sociales.
  • Sur les barrières non tarifaires, Éric Lombard lui-même envisage de les accroître, en riposte au coup de force de Donald Trump.
  • Quant à la surévaluation du dollar, elle était estimée par le Trésor américain à quelque 6% en 2023. Donc, Donald Trump ne manque pas d’arguments.

Pour autant, aucune raison, même bonne, ne justifie de déclarer la guerre économique!

Quant à ses objectifs de politique intérieure – à savoir réindustrialiser les États qui ont voté pour lui – et en attendant qu’ils se réalisent peut-être, c’est l’inflation par les prix, la baisse du pouvoir d’achat, une possible récession qui se profile à l’horizon des Américains, et déjà, une baisse très sensible de leurs patrimoines. Donald Trump pensait obliger Chinois et Européens à négocier, comme l’ont fait avant eux les Britanniques. Erreur: les premiers ont déjà riposté avec des droits à 34 %, et l’Europe prépare une réponse un peu plus nuancée.

Pour finir, rappelons que tout impôt est finalement une charge pour les personnes physiques. Les impôts sur la consommation, TVA ou droits de douane se payent cash. Ils pèsent immédiatement sur le pouvoir d’achat. Dire que l’augmentation immédiate d’un impôt sur la consommation permettra demain de réduire l’impôt sur le revenu n’est qu’une promesse politique illusoire. Dans un monde interdépendant, une mauvaise décision pour les États-Unis l’est également pour le reste du monde. Tous les pays seront frappés, mais certains plus que d’autres. Il en résultera une redistribution au niveau mondial. Comme après chaque guerre. Et les pays les mieux dirigés seront alors les mieux placés …

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7 commentaires

  1. Et si, l’un des multiples objectifs de ce coup d éclat était, en fait, de faire chuter le dollar?
    Chaque % de baisse de leur monnaie est un renforcement de la compétitivité et une réduction massive de leur dette.
    Il y a certainement d’autres objectifs, mais ça semble être un bon point de départ quand on voit la masse à abattre…

    Sans compter que les droits de douane heurtent de plein fouet les multinationales qui soutiennent… les démocrates. D’une pierre, au moins 2 coups si ce n’est plus.
    C’est un prêté pour un rendu après qu’Obama ait déclenché la guerre du grisbi en attaquant le pétrole, les jeux, et les armes (soutiens des republicains) tout en facilitant l’industrie p0rn0 et la drogue (soutiens des démocrates).

    Follow ze Monnet!

  2. Il y a au moins une bonne raison, c’est d’inciter les entreprises à venir produire aux USA !
    Si on veut réindustrialiser notre pays il faudrait bien que nous aussi, à un moment donné, on puisse envisager des solutions qui permettent de compenser le gap de productivité avec les états d’Asie, Chine, Corée, Vietnam, Malaisie dont les coûts de productions sont bien plus faibles.
    Je ne sais pas si Trump fait les choses comme il faut mais ce qui est sûr c’est qu’un sain protectionnisme ce n’est pas de la guerre économique sauf pour les libre-échangistes à tout crin qui ont plongé la France dans le marasme actuel…

  3. C’est au contraire une excellente nouvelle contre la mondialisation.
    Fin de l’argent facile des bankster, des multinationales genre GAFAM et de la Chine esclavagiste.
    Vive le protectionnisme !
    Y a plus plis qu’à faire pareil et reindustrialiser notre pays !

  4. Il me semble que c’est une très bonne chose de lutter contre le libre-échange. Il faut protéger l’agriculture et l’industrie nationale. D’ailleurs, il a été élu sur ce programme.

    • On commence avec du protectionnisme et on finit en Lada. Et on commence avec du libre échange et on finit à Pôle Emploi.
      Mais l’avantage du libre échange, c’est la concurrence fiscale et sociale entre les pays. Pour un patron, la Chine est un paradis social et la France un enfer fiscal. Si la concurrence induite par le libre échange est supprimée, notre situation ne pourra qu’empirer.

      • J’aime bien votre commentaire. Tout est question d’équilibre.
        Mais il est clair qu’en Occident nous avons poussé le balancier trop loin vers le mondialisme. Nos pays désindustrialisés ne produisent plus grand chose et paupérisation et chômage sont l’aboutissement ultime de cette évolution.
        Les méthodes de Trump sont brutales mais ont-elles vocation à perdurer ? Je ne crois pas. Trump est pragmatique et il vise simplement à un nouvel équilibre, dans lequel chaque Américain aura un emploi solide.

  5. Absurde d’être le pays de l’efficacité (DOGE), de l’innovation (ARM, Space X…) et d’avoir peur de la compétition mondiale.
    Si Trump a le meilleur programme pour son industrie, inutile de la défendre d’une manière soviétique. Le Sénat américain est de cet avis, il a le temps du bluff, d’un deal, mais les républicains ne le suivront pas plus loin.

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