De Chantal Delsol dans le JDD à propos de l’inscription de l’avortement dans la Constitution :
[…] constitutionnaliser l’IVG relève plutôt du symbole : il faut montrer au monde que nous autres Français, héritiers des Lumières, considérons qu’il s’agit là d’un droit inaliénable, comme celui de penser ou de parler librement. Ce faisant, c’est le contraire que l’on prépare : nul n’aura plus le droit d’être en désaccord avec l’IVG, qui ne constituera plus une option de la tolérance, mais une obligation de la bien-pensance. Dans un pays libre comme le nôtre, on doit pouvoir discuter pour savoir si l’embryon est ou non une personne humaine, et donc si l’IVG tue une personne ou élimine un bout de chair – on doit pouvoir penser que l’IMG (interruption médicale de grossesse, qui peut intervenir quelques heures avant la naissance) est clairement un infanticide. La plupart de nos concitoyens, ayant abandonné le christianisme, ne sont pas gênés par l’infanticide dans ces cas extrêmes.
Mais il existe aussi dans nos sociétés des judéo-chrétiens convaincus qui ne sont pas d’accord, et qui devraient avoir le droit de s’exprimer. La constitutionnalisation de l’IVG en fera des factieux et des coupables. Il est déjà très mal vu non seulement de développer des arguments opposés à l’IVG, mais même de proposer des restrictions ou des conditions – cela deviendra carrément impossible. Cela dépendra aussi, cependant, des termes qui seront utilisés dans le texte de la Constitution : s’agira-t-il d’un droit ou d’une liberté ? La nuance est importante, puisqu’un droit suppose de pouvoir exiger la possibilité d’exercice, et limitera la clause de conscience des praticiens.
Last but not least : c’est bien commode, pour un président qui ne parvient à rien de concret, qui vit sur un océan de dettes, sur une école et un hôpital sinistrés, de faire passer des réformes « sociétales » qui vont faire plaisir aux citoyens sans coûter un centime… Nul doute que des tirades autosatisfaites vont accompagner cette décision qui ne sera rien d’autre qu’une restriction de plus dans la liberté de penser.
Giacomo
Ils peuvent inscrire tant qu’ils le veulent le “droit imprescriptible à l’avortement” dans la Constitution de la Ve République, ce droit sera quoi qu’il en soit intrinsèquement lié, comme le pendu est lié à sa corde, à l’existence même de cette République qui à mon humble avis, minée par la corruption des esprits et des moeurs, vit ses dernières années. La France a épuisé depuis la Révolution 4 républiques et deux empires en l’espace de 230 années, sans compter uns sorte d’ovni vichyssois indéfinissable. La longévité de la 3e République n’a pas dépassé 70 ans: Au train où vont les choses je doute que la 5e tienne jusque là, en 2028.
Meltoisan
Alors, Vive la 6e !
Thibaud
« judéo-chrétiens » : allez dire ça aux très nombreux Juifs américains qui ont combattu la décision Dobbs en affirmant que l’avortement était un sacrement dans le judaïsme et qu’empêcher les Juifs d’avorter était donc une atteinte à leur liberté religieuse.
Meltoisan
Euh … Le Christ était Juif !
Gaudete
il était surtout Dieu il l’est d’ailleurs toujours. Les prélats et autres le pape par ex seraient bien inspirés de ne parler que de Lui et d’arrêter de parler de l’homme comme si c’était le centre du monde
MarcAntoine
Cette disposition risque, à défaut d’autres victoires, d’être le baton de maréchal d’un président incapable d’avoir des enfants et pour cause …. pour plagier une vieille publicité à l’adresse des français : réveillez-vous, sortez de votre trou ….
denis77
Trois conséquences à attendre de la constitutionnalisation de l’avortement : 1 fin de la clause de conscience, 2 pénalisation de tout émission de pensée non favorable à l’avortement et 3 toute limite à l’avortement sera inconstitutionnelle donc droit d’avorter même à quelques heures de l’accouchement sans invoquer une “détresse psychologique”. Conséquence de la dernière conséquence : possibilité, après échographie révélant que le fœtus n’est pas du sexe désiré d’éliminer ce dernier (avortement “eugénosexiste”). Satan se frotte les mains.
Meltoisan
Toit-à-fait ! Je fais la même analyse.
La constitutionnalisation de l’avortement, c’est l’annonce du suicide d’un peuple et donc, naturellement, de son remplacement par un autre. Il vaut mieux y réfléchir avant et surtout, proposer une nouvelle politique des naissances à un peuple qui ne fait déjà presque plus d’enfants.
Saucet
Il faut arrêter de dire judeo chrétiens : aux USA , plus de 140 organisations juives se sont opposées à la décision de la Cour Suprême supprimant l’avortement comme droit fédéral , en arguant que cela enfreignait leur LIBERTÉ RELIGIEUSE ! En bref , elles considèrent l’avortement comme un « sacrement « de la religion juive !
Collapsus
Vous avez dit loi comment ? Loi Veil ?
colcombet
Il commence à y avoir de bons articles dans le JDD depuis que Geoffroy Lejeune a pris la Direction. Merci Bolloré.
Horace
Nous avons d’une part un président qui veut augmenter la natalité et contrôler les naissances. ET d’autre part, un gouvernement qui propose l’IVG dans ses lois. Nous avons le dérèglement climatique, mais il y a aussi un dérèglement politique dans le chef de nos dirigeants.
Garde67
Restons lucides sur nos origines : la civilisation Française trouve son origine philosophique, dans la civilisation gréco-romaine et, théologique, dans la foi judéo-chrétienne. C’est la rencontre des deux qui a fondé la France. Saint Augustin, les Pères de l’Église, saint Thomas d’Aquin et tous les saints ont largement puisé leur recherche dans la philosophie de Socrate, d’Aristote, d’Épicure et de Cicéron. Lequel écrivait : « La loi dans son essence n’est ni une invention issue du génie des hommes, ni une décision arbitraire des peuples, mais quelque chose d’éternel qui règne sur le monde entier par la sagesse de ses commandements et de ses défenses. Son origine n’est autre que la pensée de la divinité édictant selon la raison des obligations et des interdictions qui s’étendent à toute chose. Elle régit toutes les nations et tous les temps. »
La divinité que présentait Cicéron s’incarna moins d’un siècle après lui en Marie. Jésus est né Juif. Mais les Juifs qui l’ont reconnu comme le Messie sont devenus un autre peuple : l’Église. Le Juif accompli est chrétien sans perdre son origine.
La France est un état-nation, car elle est la “Fille ainée de l’Église”. C’est grâce à l’Église que la France a jailli de l’effondrement de l’empire romain, tout en gardant la philosophie de l’antiquité dont il reste des traces, à peine visible aujourd’hui.
La modernité tente de tout détruire, la raison des anciens et la foi catholique. La guerre de civilisation touche de l’intérieur notre nation et notre Église infectées par des idéologies perverses.
La constitutionnalisation du “droit” à l’avortement, la prochaine loi sur l’euthanasie, mais aussi la déclaration Fiducam supplicam procèdent d’une même idéologie. Le relativisme, l’acceptation puis enfin la justification.
Nous sommes face à une guerre, sans aucun doute la plus grande que le monde ait jamais connu. Nous avons perdu beaucoup de batailles, mais nous n’avons pas perdu la guerre.
La résistance est notre seule arme, utilisons-la.