C'est ce que déclare le sociologue des religions Jean-Louis Schlegel, auteur d’une somme sur cette question et dont les thèses ont été discutées deux jours durant un colloque à l’Institut catholique de Paris, les 12 et 13 mars. Plus de « chrétiens de gauche », mais des chrétiens qui « votent à gauche » au gré de leurs convictions et des circonstances.
Détenteurs de tous les leviers de l’Église au lendemain du concile Vatican II (des mouvements d’Action catholique où se formèrent des générations de militants, jusqu’aux instituts et à la presse catholique), l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 leur est néanmoins fatale.
Mgr Hippolyte Simon, évêque de Clermont, explique pourquoi il a ressenti, en 1962, le besoin de quitter la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC), jugée trop politisée, afin d’entrer au séminaire. Et pose la question de la transmission de la foi,
« grande oubliée d’une génération qui a privilégié les valeurs militantes au détriment de l’expérience spirituelle ».
François Soulage, ancien président du Secours catholique, qui avait voté Hollande en 2012, reconnaît :
« C’est vrai qu’on ne m’a jamais appris à prier ou à relire mes engagements à la lumière de l’Évangile.»
De son côté, le webmaster du Metablog analyse pourquoi les évêques sont devenus moins sévères à l'égard du Front National. Extrait :
"Je lis dans L’Express qu’un «curé a récemment confié qu'il estime à 80 % le nombre de prêtres votant pour le FN» dans le Var. C’est peut-être exagéré, dans le Var ou ailleurs. Cependant les prêtres et les évêques peuvent avoir des parents et des fidèles qui se gênent de moins en moins pour assumer leur vote FN, dont ils doivent reconnaître que ce ne sont pas des monstres, et que les raisons peuvent être sinon entendues. Entendues, et peut-être même partagées, au moins quant à la perception de l’immigration musulmane, eu égard à une percée islamiste ici et ailleurs."