De Bernard Trémeau dans Les 4 Vérités :
"Avant le 14 avril 1803, on ne payait en France qu’avec des pièces de métal. Il fallait donc payer son pain – ou sa maison – avec des pièces d’or, d’argent ou de bronze. Napoléon a alors demandé à la Banque de France d’imprimer des billets de banque. Le léger « porte-feuilles » a succédé à la bourse parfois très lourde. Depuis, de nombreux gouvernements français n’ont pas résisté à la tentation de « faire marcher la planche à billets » pour pouvoir dépenser plus qu’ils ne gagnent. Quand ils font la guerre, par exemple. Faire marcher la planche à billet permet de ne pas augmenter les impôts, mais produit automatiquement une augmentation des prix, une inflation. L’inflation, comme les impôts, diminue le pouvoir d’achat des consommateurs. Mais elle a pour les gouvernements un immense avantage. Ce n’est pas le méchant gouvernement qui réduit le pouvoir d’achat en augmentant les impôts. Ce sont les vilains commerçants qui le font. Et le gouvernement leur interdit alors d’augmenter leurs prix. C’est ce qu’on appelle le « contrôle des prix ». La planche à billets est électoralement très payante. Elle a donc été largement utilisée.
Le 17 février 1986, pour s’opposer à ce comportement pervers, les gouvernements européens ont décidé de créer les banques centrales auxquelles ils abandonnent le pouvoir de créer la monnaie. Et ils leur donnent une mission précise : maintenir l’inflation en dessous de 2 % par an. Une machine parfaitement anti-inflationniste était ainsi mise en place. Mais les gouvernements ont alors trouvé un nouveau moyen très astucieux de pouvoir dépenser plus qu’ils ne gagnent. Ils empruntent de l’argent. Ils obligent même parfois les banques centrales à leur en prêter. Avec les bons du trésor, les gouvernements empruntent aussi dans le monde entier à qui veut bien leur prêter. […] Mais les gouvernements continuent toujours à dépenser bien plus qu’ils ne gagnent, pour satisfaire leur électorat. Ils empruntent, empruntent et empruntent encore. Ainsi l’emprunt a parfaitement remplacé la planche à billets. Il permet de dépenser plus qu’on ne gagne. Aujourd’hui, chaque année, la France dépense environ 410 milliards par an, mais ne gagne que 270 milliards. La France s’endette ainsi de 140 milliards supplémentaires tous les ans. Les gouvernements suivants rembourseront la dette, ou les enfants…
Un particulier qui aurait un tel comportement ne trouverait plus une seule banque pour lui prêter de l’argent. Le gouvernement français en trouve encore, mais, depuis un an, les prêteurs exigent de la France des intérêts de plus en plus élevés. Ils ont peur. Et, cette semaine, Moody’s, une agence de cotation, aurait diminué d’un point la cote du gouvernement français… Les vacances du gouvernement sont finies. La rentrée sera dure, très dure…"
lesloups
Excellente analyse. J’ajouterai que une période inflationniste (qui ne doit pas être permanente) a pour effet de favoriser la création de capital par les emprunteurs (quand le taux d’emprunt est inférieur à celui de l’inflation, comme dans les années 80) et de défavoriser les détenteurs de patrimoine à revenu fixe. Un peu d’inflation favorise la mobilité sociale des patrimoines, et nous en aurions actuellement besoin, dans notre époque de concentration des capitaux. Mais les règles financières internationales nous interdisent cette manière de relancer l’économie.
Frégate
Analyse un peut courte tant sur plan historique que financier.
L’Angleterre nous a eu parce qu’elle avait planche à billets, banque d’Angleterre et crédits dès 1695 alors que nous nous ne l’avons eu qu’un siècle après.
Une inflation modéré favorise les familles et les entrepreneurs alors qu’un faible inflation n’est bénéfique que pour les rentier.
L’aspect le plus négatif de l’Europe c’est l’euro qui nous prive du droit souverain de battre monnaie, de faire tourner la planche à billet et de décider des dévaluations nécessaires au renforcent de notre compétitivité.
L’euro est allemand. Il est donc fort alors qu’il nous faudrait un euro faible pour pénaliser les importations et favoriser les exportations.