5 ans après la parution du rapport Debray sur l’enseignement du fait religieux à l’école, Jacques Durand, directeur de l’institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) d’Orléans-Tours, indique :
"Les enseignants sont invités à inclure dans leur cours des éléments de présentation et d’explication du fait religieux. Mais rien ne les y oblige vraiment".
De fait, la connaissance et la capacité à présenter le fait religieux ne comptent pas parmi les dix compétences à développer et à évaluer que mentionne le cahier des charges de la formation des maîtres. On peut y lire :
"L’école est le lieu de formation du citoyen et donc de la construction d’une culture commune pour vivre ensemble. Cette culture repose sur le partage des valeurs républicaines communes".
L’école prend là la place de la famille : de lieu d’instruction, elle devient le lieu de la "construction"… Contrairement à ce que suggérait le rapport Debray, les savoirs concernant le fait religieux (histoire, œuvre, patrimoine…) «sont enseignés dans le cadre des différentes disciplines», et ne font pas l’objet d’un cours spécifique. Encore un rapport qui n’aura pas servi à grand chose…
Les IUFM – pas plus que les écoles, collèges et lycées – n’ont aucune obligation de proposer un cours spécifique sur le fait religieux. Georges Mayeur, directeur adjoint de l’IUFM de Lorraine, explique tout en précisant que la première page du livret de l’étudiant distribué à tous les stagiaires reprend la charte de la laïcité du service public :
"L’essentiel, pour nous, c’est de permettre à nos stagiaires, qui le plus souvent n’ont pas – ou peu – de culture religieuse, de se constituer eux-mêmes une réflexion et de comprendre l’autre comme un individu à part entière […] et de comprendre, de façon générale, que notre société repose sur des racines religieuses".
… ou sur des racines laïcistes ? L’IUFM d’Orléans-Tours dispense ainsi
"Un cours magistral […] à tous les futurs enseignants du primaire et du secondaire, pour les familiariser avec la laïcité à l’école, leur apporter une mise en perspective historique, les informer sur l’obligation d’enseigner le fait religieux et, bien sûr, leur donner les principes théoriques de cet enseignement."
Et quand on "enseigne" le fait religieux pour les maîtres, on parle "des religions de l’Antiquité en tant que religions à part entière au lieu de les ramener au rang de mythologies", des religions de l’Asie, des fêtes en comparant par exemple le dimanche en regard du shabbat, ou le rituel du mariage dans différentes cultures… Alors forcément, le laïcisme à côté apparaît comme une religion révélée, avec ses dogmes, ses commandements et son salut terrestre…