Lu sur Aleteia, un excellent décryptage d'Alexandre Del Valle des persécutions subies par les chrétiens en Irak, à la lumière de l'histoire (via) :
"Peu après l'instauration de l'Etat Islamique d'Irak et du Levant, les autorités ont confronté les chrétiens à un ultimatum : s'ils ne se convertissent pas à l'Islam, ils seront tués pour apostasie ou devront quitter le territoire. Une seule possibilité leur est offerte de rester tout en pratiquant leur religion, celle de payer une taxe. Au regard des persécutions que vit la communauté chrétienne aujourd'hui en Irak, comment peut-on qualifier la situation ? Jusqu'où celle-ci peut-elle aller ?
Alexandre Del Valle : Il ne s’agit pas vraiment d’une "purification ethnique", terme utilisé dans nombre de médias, mais d’une persécution religieuse de masse. La vision des jihadistes salafistes qui mettent en œuvre le califat est très claire : revenir à ce qui était pratiqué à l’époque du califat arabe et ottoman et à la Tradition islamique orthodoxe jamais réformée depuis le Xème siècle. D’après cet islam sunnite ultra-rigoriste, le "chrétien" ne peut être "toléré" que s’il se soumet et paie un tribut en renonçant à tout prosélytisme et en acceptant d’être exclu des ports décisionnaires puis de subir un régime inégalitaire. Dans la sourate IX ; 29 du Coran, qui régit le statut des Dhimmis (les chrétiens et / ou les juifs "protégés" en vertu d’une soumission et d’un impôt discriminatoire), il est clairement stipulé ces Dhimmis juifs ou chrétiens (Ahl al-Dhimma, tolérées et non pleinement acceptées), soumises à l’ordre islamique, doivent payer leur "erreur" (qui est de na pas embrasser la "vraie foi") en étant humiliés : la sourate mentionnée plus haut parle en effet de "sagiroun". Pourquoi cette soumission assortie d’humiliation ? Tout simplement parce qu’il ne doit pas être agréable d’être dans "l’infidélité", cela doit être pénible et suffisamment inconfortable pour que le Dhimmi en vienne à préférer devenir musulman "de son leur plein gré" pour échapper aux discriminations…
Rappelons que d’après la Charià et le célèbre "Pacte de Omar", texte légal auquel se réfère le Calife irakien (Al-Bagdhadi) lorsqu’il menace les chrétiens qui refusent de se soumettre ou de se faire musulman, le chrétien "protégé" (dhimmi) qui se soumet à l’ordre chariatique, ne peut jamais faire étalage de ses convictions religieuses, notamment le fait que Dieu ait un fils et le dogme de la Trinité (paganisme pour l’islam), ceci sous peine de mort…. Le simple fait de dire à Pâques que le "Christ est ressuscité" peut lui valoir de sérieux problèmes… Ce qui arrive souvent en terre d’islam depuis des siècles hélas.
Quand on dit que le Coran est un texte "tolérant" au sens donnée à ce mot aujourd’hui, sous prétexte que le Coran et la Charià prévoient un statut spécifique pour les non-musulmans juifs ou chrétiens (les Païens ou Polythéistes ou même les Athées n’ont quant à eux le choix qu’entre la conversion ou la mort), il convient de rappeler ces éléments et se garder de tout anachronisme romantisant. Il suffit de parler avec n’importe quel chrétien vivant en pays musulman et de lire les chroniques des chrétiens et juifs d’Orient depuis la conquête arabo-musulmane pour se rendre compte qu’être chrétien ou juif en terre d’islam n’a jamais été confortable… "
(la suite)