De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
"[…] Pour le FN, ces régionales montrent que la victoire sans alliance reste très hypothétique. On peut certes contester la fameuse idée d’un plafond de verre (puisque ce plafond ne cesse de monter, d’élection en élection), mais il est clair que gagner contre l’ensemble des forces politiques et médiatiques n’est pas – au moins pour le moment – à la portée du Front national. Pour ce parti, il est donc urgent de songer à des alliances et celles-ci ne peuvent venir que de 2 origines.
Soit le FN persiste dans une ligne « ni droite, ni gauche », visant à réunir tous les électeurs qui ont voté non au référendum sur le Traité constitutionnel européen, soit il se pose comme le principal parti d’opposition au PS. Dans le premier cas, il anticipe que son principal adversaire dans les prochaines années sera Nicolas Sarkozy et il cherche des alliances à gauche. Dans le second, il cherche des alliances à droite.
Naturellement, pour moi, la deuxième option est la meilleure. D’abord, parce qu’elle correspond à l’incontestable droitisation de la société. Ensuite, parce qu’elle prend acte du fait que les Républicains ne sont pas en mesure de s’opposer efficacement au socialisme – étant trop divisés entre eux et sur leur programme. Enfin, parce que le socialisme est le cœur idéologique du « Système » et que c’est donc cela qu’il faut attaquer si l’on veut réellement en finir avec ce « régime à l’agonie », comme a pu le dire Marine Le Pen.
Mais, pour le FN, cette défaite a aussi des allures de victoire. Il a obtenu au premier tour un peu plus de 6 millions de voix, ce qui constitue un score historique pour lui. Mieux, au second tour, il a encore progressé, malgré l’intense propagande en faveur du « barrage au fascisme », et a réuni plus de 6,8 millions de voix, soit 27,4 % des inscrits.
Le véritable perdant de ce scrutin, c’est le parti de Nicolas Sarkozy, qui aurait dû emporter la quasi-totalité des régions et qui n’en gagne que 7 sur 13. Certes, c’est un progrès par rapport à 2010 (et ce ne sont pas les contribuables de ces régions qui vont s’en plaindre !). Mais, au niveau d’impopularité du gouvernement socialiste, ne gagner que la moitié des régions est un échec.
Surtout, les Républicains sont apparus extraordinairement divisés et cela n’est guère rassurant pour 2017. D’autant que chacun voit bien que la primaire va raviver les querelles d’ego et mettre en évidence les incohérences programmatiques. Pourtant, ce que veulent les électeurs est très simple : que la droite s’oppose sans compromission au socialisme, dans tous les domaines.
[…] De la même façon que le FN devrait, pour gagner, abandonner la ligne « ni droite, ni gauche », les Républicains devraient abandonner la ligne « ni PS, ni FN». Ce que les électeurs de droite veu- lent, c’est clairement en finir avec le socialisme, partout et dans tous les domaines. La ligne des partis d’opposition devrait donc être, très clairement, « tout, sauf le socialisme ». En attendant, alors que le PS est ultra-minoritaire, ni le FN, ni LR ne sont en mesure de l’écraser. Au point qu’une victoire socialiste en 2017 n’est pas impensable… […]"