Dans L’Homme Nouveau, l’abbé Barthe revient sur l’enseignement de la royauté sociale du Christ. L’encyclique Quas Primas avait pour but d’
armer les catholiques contre « la peste de notre époque », à savoir « le laïcisme, ainsi qu’on l’appelle, avec ses erreurs et ses entreprises criminelles » ; rappeler que les princes et gouvernants « légitimement choisis » sont des représentants du Christ-Roi ; et qu’ils lui doivent un culte public. «Quelle que soit la forme de gouvernement, avait dit Léon XIII dans Immortale Dei, rappelant un élément fondamental de la loi naturelle, […] les chefs d’État doivent donc tenir pour saint le nom de Dieu et mettre au nombre de leurs principaux devoirs celui de favoriser la religion, de la protéger de leur bienveillance, de la couvrir de l’autorité tutélaire des lois, et ne rien statuer ou décider qui soit contraire à son intégrité ». Et Pie XI précisait pour les nations ayant reçu l’Évangile :
« Les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d’obéir à ses lois. »
[…]
Vint Vatican II. Le n. 2 de la déclaration Dignitatis Humanae faisait désormais obligation à l’État de permettre (ne pas empêcher) à égalité la diffusion paisible du vrai et du faux, ce qui revenait à consacrer sa neutralité religieuse intrinsèque, sa laïcité. Selon Dignitatis Humanae, même si l’État se disait catholique, il devrait tout de même accorder des droits identiques à toutes les religions. Ce que confirmait le n. 6 de la déclaration :
« Si, en raison des circonstances particulières dans lesquelles se trouvent certains peuples, une reconnaissance civile spéciale est accordée dans l’ordre juridique de la Cité à une communauté religieuse donnée, il est nécessaire qu’en même temps, pour tous les citoyens et toutes les communautés religieuses, le droit à la liberté en matière religieuse soit reconnu et sauvegardé. »
La doctrine de la royauté du Christ était ainsi congédiée. Quant à la fête du Christ-Roi, « elle a pris un sens différent », dit le site des évêques de France. Déplacée au dernier dimanche de l’année liturgique et recevant le nom de « Solennité du Christ, Roi de l’Univers », elle célèbre désormais la royauté eschatologique du Christ.