Dans son numéro du mois de mars, La Nef a interrogé Mère Anne, religieuse de l’abbaye cistercienne de Notre-Dame des Neiges. Extraits :
Dans quelles circonstances s’est réalisée votre fondation à Notre-Dame des Neiges ? Pourquoi avoir choisi ce lieu ? Pourquoi est-ce déjà un lieu de pèlerinage assez plébiscité ?
À la fin du mois de décembre 2021, suite à la décision des frères trappistes qui habitaient le lieu jusqu’alors, nous avons reçu un courrier à l’abbaye de Boulaur pour nous proposer de faire une fondation afin de permettre à la vie monastique de se poursuivre dans cette antique abbaye. Suite à cette demande, toutes les sœurs de notre communauté sont allées visiter Notre-Dame des Neiges. Après mûre réflexion, nous avons décidé de répondre favorablement à cette demande. Nous étions déjà dans la logique d’un essaimage puisque, par la miséricorde du Seigneur, notre communauté de Boulaur compte de nombreuses vocations et que nous avions le désir de transmettre la vie monastique en un autre lieu.
L’abbaye de Notre-Dame des Neiges, sise dans un site exceptionnel, en bon état, et que les frères nous offraient gracieusement avec une grande générosité, présentait de très nombreux avantages pour notre communauté qui a la grâce d’avoir des jeunes sœurs, mais très peu de moyens financiers. Par ailleurs, envisager cette fondation l’année même de la canonisation de saint Charles de Foucauld qui avait été moine à Notre-Dame des Neiges, était très significatif.
Enfin, pour notre communauté, traditionnellement tournée vers l’accueil, nous installer à Notre-Dame des Neiges était particulièrement riche de sens puisque les visiteurs sont très nombreux à venir en ce lieu.
Quels liens conservez-vous avec Boulaur ?
L’abbaye de Boulaur restera toujours notre maison mère et fondatrice très aimée ! Cependant, notre fondation est destinée à devenir complètement autonome dans un délai qui pourrait être assez bref. Nous sommes donc en lien avec Boulaur de manière régulière mais relativement épisodique. Nous travaillons des questions en Chapitre sur place avec elles à peu près deux fois par an en communauté et Mère Abbesse de Boulaur vient environ une fois par trimestre nous rendre visite pendant trois à quatre jours. Par ailleurs, nous profitons, en visioconférence, de cours ou sessions donnés à Boulaur. Le reste du temps, nous nous exerçons à voler de nos propres ailes, mais nous connaissons encore par cœur le numéro de téléphone de nos sœurs en cas de besoin !
Dans un monde qui se déchristianise et comprend de moins en moins le sens et l’utilité d’une vie donnée à Dieu, que représente la fondation d’une abbaye de moniales cisterciennes contemplatives ?
La vie monastique a toujours été un signe de contradiction. Sa dimension eschatologique nous rappelle que notre finalité se trouve en Dieu et que Lui seul peut combler nos vies. Dans un monde déchristianisé et de plus en plus sécularisé, ce signe de contradiction résonne de plus en plus fortement et la fondation d’un monastère, au moment où, malheureusement, de nombreuses abbayes se voient obligées de fermer, est évidemment riche de signification.
À Notre-Dame des Neiges, nous nous inscrivons cependant dans le sillage d’une tradition qui nous précède puisque les frères étaient déjà dans ce lieu depuis 1850. Pour les gens des alentours, la dimension de continuité est très importante. Ils sont profondément reconnaissants que la vie contemplative puisse perdurer à Notre-Dame des Neiges. Avec notre touche propre bien sûr, nous nous efforçons de nous inscrire modestement et joyeusement dans le sillage des frères et d’être, comme nous le sommes tous, les maillons d’une grande chaîne qui relie tous les siècles dans la Tradition de l’Église. […]
À peine installées, vous venez d’ouvrir un noviciat : comment expliquez-vous les vocations qui frappent à votre porte alors qu’elles semblent partout se raréfier ? D’où viennent les jeunes filles qui demandent à entrer, comment vous ont-elles connues ?
Une vocation est toujours un mystère puisqu’elle est un secret d’amour entre Dieu et une âme qu’Il appelle à le suivre. Nous ne saurons donc jamais comment expliquer un tel mystère !
Cependant, nous nous réjouissons profondément d’avoir effectivement pu accueillir très rapidement nos premières postulantes. Nous avons reçu du Saint-Siège en janvier la permission d’ouvrir un noviciat, ce qui sera fait à partir de la première vêture, juste après Pâques.
Les trois postulantes que nous avons accueillies viennent de différentes régions de France mais elles nous connaissent depuis longtemps car elles étaient proches de notre abbaye de Boulaur. C’est à Notre-Dame des Neiges qu’elles se sont senties finalement appelées, et c’est un bel encouragement pour notre jeune fondation. Afin de consolider ce petit groupe de jeunes sœurs et de soutenir la communauté, Mère Abbesse de Boulaur a aussi envoyé une jeune professe temporaire ; nous avons donc quatre sœurs en formation, soit un tiers de la communauté. […]