Mgr Rey vient de démissionner – sur la demande expresse du nonce apostolique. Officiellement pour deux raisons. La première concernerait la gestion économique du diocèse. C’était déjà l’une des principales raisons avancées pour la visite canonique qui avait conduit à sa mise sur la touche. Je serais cependant curieux de savoir combien de diocèses français seraient épargnés si Rome s’intéressait à leur gestion économique. On disait avant le covid que la moitié étaient en faillite. Depuis, la crise des abus et l’effondrement des recettes lié au covid sont passés par là et ce sont certainement au bas mot les trois quarts des évêques de France qui pourraient subir le sort de leur confrère de Toulon pour des raisons de gestion économique.
La seconde raison flottait dans l’air depuis longtemps : on l’avait notamment subodorée lorsque certains séminaristes ont été privés d’ordination ; elle est désormais avérée. Par cette nouvelle sanction, Mgr Rey paie sa trop grande proximité avec le « monde tradi ». Il n’était pas « tradi », non, mais il accueillait volontiers des « tradis » dans son diocèse. Notez la précision de l’accusation ! Chacun peut être proche d’un « tradi » ou de quelqu’un qui est proche d’un « tradi », et ainsi de suite. Comme la peste, cette maladie-là a de fortes chances d’être contagieuse et, de proche en proche, tous ceux qui ne se roulent pas par terre en écumant de bave à la vue de la liturgie traditionnelle risquent fort de se trouver ainsi accusés.
Il y aurait beaucoup à dire sur cette impiété qui fait détester si largement ce que faisaient nos aïeux. Mais, pour aujourd’hui, je n’ai pas le cœur à entrer dans le fond du débat. Je voudrais juste attirer l’attention des autorités légitimes sur le fait que la sanction prise contre Mgr Rey peut bien apparaître comme un acte d’autorité, elle est en réalité dévastatrice pour l’autorité – du Pape d’abord, et de l’ensemble des évêques ensuite.
Du Pape car, que je sache, sur ce « chef d’accusation » (qui devrait être un titre d’honneur car je ne crois pas que la mission d’un évêque soit d’attiser la guerre liturgique dans son diocèse !), Mgr Rey n’a fait que suivre la demande de Jean-Paul II, puis de Benoît XVI, d’un accueil généreux des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle. Si un évêque peut être sanctionné par le pontife romain pour avoir obéi à un pontife romain antérieur, gageons que ses confrères tiendront pour un prudent attentisme. Je doute que ce soit très « productif » pour le bien des âmes, mais je suis sûr que cela détruit la confiance que nous devrions tous avoir – et les évêques les premiers – pour celui que l’on appelait encore, voici peu, le « Père commun » et qui, en lieu et place de l’autorité paternelle, nous propose ici la tyrannie des commissaires politiques bolcheviques. Je n’emploie hélas pas le mot au hasard. Ces méthodes de « gouvernement » ont effectivement été illustrées par les différents totalitarismes et, avec un « raffinement » inégalé, par les bolcheviques. Sous la Terreur rouge, on pouvait être exécuté pour un simple soupçon et pour modérantisme, les faits objectifs et les crimes avérés n’ayant plus le monopole de la sanction. C’est ce qui se passe ici (mutatis mutandis car, Dieu merci, les bureaucrates du Vatican seront toujours des enfants de chœur, si je puis dire, comparés aux tchékistes !) : d’une part, Mgr Rey n’est pas puni pour un fait précis et condamnable et, d’autre part, sa condamnation peut s’étendre à tous. C’est le problème avec la gauche, c’est le problème avec le progressisme : on ne peut jamais l’être assez. On est toujours le « réac » de quelqu’un. La gauche, qui décide souverainement depuis 1789 qui est de droite, exige de la droite modérée qu’elle lui apporte sur un plateau la tête de la droite « extrême ». Et, si l’on veut survivre dans un monde régi par ces règles aussi ineptes que monstrueuses, il n’y a qu’une solution : dénoncer, dénoncer encore et dénoncer toujours – et, si possible, ses plus proches. Jusqu’au moment où c’est le dénonciateur en chef qui y passe à son tour (la Révolution dévore toujours ses enfants) !
J’ignore jusqu’à quel point le Pape est impliqué dans la décision de « démissionner » Mgr Rey mais, jusqu’à preuve du contraire, celle-ci a au moins été prise en son nom. C’est donc bien l’autorité pontificale que des apparatchiks vaticans dissolvent en en faisant un pur rapport de forces. Il est d’ailleurs ironique que ce soit sous un Pape jésuite que Hobbes triomphe finalement du grand théologien jésuite que fut saint Robert Bellarmin en laissant croire que la loi n’a plus rien à voir avec la vérité, et tout avec la force – mais peut-être que plus personne à Rome ne sait rien des héroïques résistances de la Contre-Réforme catholique à l’absolutisme (notamment anglais).
Toutefois ce sont surtout les confrères de Mgr Rey qui ont du souci à se faire. L’autorité épiscopale qui – jusqu’il y a peu (et je n’ai pas été informé du changement !) – était de droit divin dans l’Eglise est désormais soumise à celle du moindre minutante de la Curie. C’était bien la peine de réunir le concile Vatican II pour nous parler d’épiscopat et de laïcat ! Les évêques sont priés d’obéir aveuglément et les laïcs priés de se taire. Les évêques étaient en France, depuis le concordat, considérés comme des « préfets violets ». Manifestement, à Rome, on a jugé que des préfets étaient plus aisés à traiter que des successeurs des Apôtres et on les révoque désormais pour oui ou pour un non : Mgr Rey n’est pas le premier à en faire les frais et il n’y a aucune raison qu’il soit le dernier.
J’ignore ce qu’il adviendra de Mgr Rey et de son diocèse. Je prie volontiers pour l’un et l’autre. Mais ce dont je suis sûr, c’est que l’Eglise ne peut sans danger singer les pires travers de l’Etat. Il n’est pas sain que, dans l’Etat, les autorités légitimes disent tout et son contraire (n’est-ce pas Jupiter?). C’est plus dangereux encore dans l’Eglise où l’autorité repose sur la parole même du Christ, Vérité éternelle. Il n’est pas sain que, dans l’Etat, les autorités légitimes piétinent les communautés naturelles. C’est plus dangereux encore dans l’Eglise où un diocèse n’est pas l’alvéole d’une termitière géante qui serait l’Eglise universelle, mais une véritable Eglise locale. Il n’est pas sain que, dans l’Etat, les autorités légitimes sanctionnent pour un crime fantomatique ou imaginaire. Il est bien plus dangereux encore, dans l’Eglise, de faire de la fidélité à la Tradition – sans laquelle il n’y aurait tout simplement pas d’Eglise – soit tenue pour un crime.
La terrible crise de l’Eglise que nous traversons est d’abord une crise de l’autorité – qui n’ose plus croire qu’elle est divinement établie pour nous conduire au Ciel et qui, n’étant plus sûre d’elle-même, oscille entre laxisme et caporalisme. Nous n’en sortirons que par un retour à l’autorité, et d’abord à la source de toute autorité dans l’Eglise qu’est le Christ. A notre prière habituelle: Mon Dieu, donnez-nous de saints prêtres, je suggère que nous ajoutions: Mon Dieu, donnez-nous de saints évêques!
Guillaume de Thieulloy
Michel
La dictature bergoglienne poursuit son œuvre de destruction de l’Église catholique….
christaume
Exactement 🙏🙏🙏🙏
Cro-Magnon
Ce n’est plus une dizaine de chapelet qu’il va falloir que je dise le matin pour que Dieu nous donne rapidement un autre Pape mais plus sûrement un chapelet complet.
christaume
UDP 🙏🙏
Montalte
Oui, mon Dieu, donnez de saints évêques et bénissez les fruits de tout ce que le diocèse de Fréjus-Toulon a fait en matière d’évangélisation depuis 25 ans. Car je lis que c’est aussi les activités de divers mouvements charismatiques accueillis dans ce diocèse qui sont visées.
collinrem
Un immense merci à Mgr Dominique Rey pour le magnifique travail d’évangélisation qu’il a fait dans son diocèse depuis 25 ans.
Le prélat du diocèse le plus actif de France, puni pour son ouverture d’esprit et sa réussite! Quelle déchéance pour l’Eglise!
Il doit supporter l’agressivité de cette église, pour ses réussites, comme tant de saints des époques passés d’ailleurs. En tout cas, il garde la reconnaissance et l’amitié de la majorité de ses fidèles et de nombres de chrétiens d’autres diocèses, pour tout le bien qu’il a fait. Et surtout celle du bon Dieu.
Sab33
Tellement facile dans l’Église : avec la sacro-sainte obéissance, tout passe comme une lettre à la poste !
A chacun de lire les signes des temps : iniquité, divisions… ça ne vous rappelle pas quelque chose ?
[email protected]
au moins, il aura les mains libres et pourra initier des procédures, comme de savoir ce qui s’est passé en Argentine quand François était évêque..(Tolerance zéro pour le clergé en matière d’abus). Ou pourquoi et comment il a pu dire que la Sainte Vierge n’était pas née sainte! Ou d’autres problèmes gravissimes!…Il faut que les évêques restés sains réagissent!
zongadar
Pour imager vos propos, ici interview du Père Gbénou par Cyril sur ChristoCentré :
https://www.youtube.com/watch?v=2ZoNxIao7nI&t=1s
Sur cette même chaine, on peut aussi s’intéresser à la lettre de Mgr Strickland, lui aussi destitué, aux évêques du monde entier : https://www.youtube.com/watch?v=FFp82bWE87A&t=432s
Collapsus
Il y a un tradiphile bien connu à Bayonne qui doit raser les murs, surtout après la visite “fraternelle” qu’il a reçue récemment (au sens maçonnique vraisemblablement).
La même autorité vaticane qui élève à la dignité cardinalice McElroy, évêque de Washington, connu pour ses sympathies (et plus ?…) à l’égard des LGBTXY, un bébé McCarrick. Ô Babylone …
Bugiste
Une fois encore concernant le diocèse de Toulon cet article tombe dans le manichéisme le plus absolu. Que le diocèse de Toulon ait été/reste un laboratoire extraordinaire de l’Eglise qui le nierait ? Refuser de voir les limites personnelles de Mgr Rey dans le non accompagnement des communautés implantées ( qu’il reconnait lui-même) au risque de déstabiliser le clergé et que ces communautés dévient, le fait de ne pas respecter de façon répétée, voire systématique, les normes canoniques pour la présentation des candidats à l’ordination (sans consultation du peuple de Dieu dont le clergé) ont joué, entre autre, pour sa mise progressive à l’écart après maints avertissements. Enfin la sottise de jeunes séminaristes et prêtres tradis (notamment des (pas tous) missionnaires de la miséricorde divine) vomissant sur le pape à longueur de temps et en tous lieux, ne l’a pas vraiment aidé. Occulter ces quelques points au profit du récit d’une persécution anti-tradi primaire par Rome est certes vendeur mais partiel voire partial.
Bouttin
L’article ne dit pas que cela ; si on suit leur ” logique ” il ne devrait pas rester beaucoup d’évêques non ” demissionnés”
Évidemment que nombreux se réjouissent aujourd’hui de cette démission surtout dans le Var et surtout dans le clergé ; c’est ici à mon avis le nœud du problème.
Évidemment ! Un séminaire plein, quelle honte…
Seigneur donne nous de saints prêtres, Seigneur donne nous de saints évêques, Seigneur donne nous un saint Pape…
Michel
La papolâtrie nuit à la lucidité et conduit à nier certaines faiblesses du pontifical actuel comme tolérer voire absoudre des comportements contre-nature et des pratiques païennes (Pachamama), oubliant le sévère avertissement de Notre-Seigneur : “Malheur à celui par qui le scandale arrive” (Lc 17,1)…
D'Haussy
Le prochain évêque fera sans doute mieux… 😁
Bouttin
Le prochain évêque est déjà là et il demande de l’argent à tout le monde parce que certains ne savent pas faire du vin correctement…
Jeanne
🤣 Sutout certains salaires à revoir…
Garde67
L’Église, bien que n’étant pas de ce monde, n’échappe pas à l’action de divers groupes de pressions. Par ailleurs, la persécution dont ont fait l’objet bon nombre d’hommes et de femmes d’Église… de la part de l’Église institutionnelle ne date pas d’aujourd’hui.
Déjà nombre de Pères de l’Église ont été contraints à l’exil face à la pression des hérésies (donatisme, pélagianisme, arianisme). Malgré cela (et peut-être aussi à cause de cela) le saint Concile de Nicée, il y a 1700 ans, proclama le Crédo que l’on prie chaque dimanche. La Vérité de la foi catholique s’élabore par d’étranges méandres.
On peut penser aussi, entre autres personnes, à Sainte-Thérèse d’Avila et Saint Jean-de-la-Croix qui, voulant réformer leur ordre, eurent fort à faire à leur hiérarchie. Le retour aux origines se heurte à bien des difficultés.
Sans oublier Sainte-Jeanne d’Arc, brulée vive. Et plus prêt de nous, un Saint Padre Pio persécuté par son évêque. La Vérité qui rend libre requiert de lourds sacrifices.
On a vu récemment des archevêques qui, poursuivis par la justice, et bien qu’ayant été innocentés, n’ont pas été réintégrés dans leur fonction apostolique (Mgr Barbarin, relaxé en deuxième instance, et Mgr Aupetit, affaire classée sans suite). Pourquoi ?
La synodalité du Synode, n’empêche nullement que des mesures autoritaires soient prises par les instances vaticanes, avec ou non, l’aval du pape.
Ces affaires, en tout cas, montrent un visage d’Église qui me laisse perplexe.
borphi
Merci pour ces rappels,
effectivement l’Eglise n’est pas du Monde,
mais elle vit dans le Monde.
Pitoune
Tout est dit, mais tout est à faire.
Le loup est entré dans la bergerie et a même a pris la place du berger.
L’Eglise est infiltrée par la franc-maçonnerie qui cherche sa perte par l’intérieur. (cf Bugnini)
Par qui Jean XXIII à l’initiative de Vatican II source des maux actuels de l’Eglise a-t-il reçu sa barrette de cardinal ?
Par Vincent Auriol, ex SFIO athée et franc-maçon notoire !
Qui peut encore croire que les abus ne sont pas le fruit d’une influence pour salir l’Eglise ?
Les Instructions permanentes de la Haute-Vente (Alta Vendita) confirmées par Pie IX se réalisent sous nos yeux de cathos trop naïfs
Retournons l’argument adverse de cette belle plaidoirie pour Mgr Rey : “il n’y a qu’une solution : dénoncer, dénoncer encore et dénoncer toujours”
Chassons le loup de la bergerie !
PierreLouis
En 1993 Jean Guitton avait donc raison lorsqu’il écrivait :
” Ce n’est pas par la persécution qu’on tuera le christianisme : car une persécution nourrit.
C’est par la cinquième colonne, par la transformation interne et irréversible du christianisme en athéisme humain, avec l’aide des chrétiens eux-mêmes, illuminés par une fausse charité”
Sab33
Bien vu ! Merci pour ce rappel.
christaume
👍🏻👍🏻👍🏻👍🏻🙏🙏🙏🙏
Jeanne
🙏🏻
Meltoisan
J’aimais beaucoup écouter Mgr Rey au temps où on l’entendais sur las ondes.
Aujourd’hui, il va falloir s’habituer chaque jour un peu plus au “tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil …” au “tout se vaut”
EROUANI
Il s’agit bien évidemment d’une démission-révocation.
Ce duumvirat imposé par Rome à l’automne 2023 ne pouvait tenir 4 années, jusqu’au 75ème anniversaire de Monseigneur Rey en septembre 2027. C’était un moyen de le pousser vers la sortie.
L’Église une, sainte, catholique et apostolique n’échappe pas au cynisme politique.
Monseigneur Rey a-t-il eu raison trop tôt ?
christaume
👍🏻👍🏻👍🏻👍🏻🙏🙏🙏🙏
Virtus
Du diocèse de La Rochelle, nous avons subis la même chose. Notre évêque Georges a eut des mots “malheureux” dans son homélie de Pâques, il y a deux ans. La France chrétienne….De Gaulle…hop ! Une petite mise en examen sous un prétexte ridicule, on le dégage discrètement. Tout comme les Chrétiens doivent mourir partout à travers le monde, discrètement. Les loges ont parlé, je suppose.
Mais le monde, l’Occident change enfin. Ils perdent la main outre-Atlantique, des vérités ressortent un peu partout, leurs armées piétinent, leurs pantins démissionnent. Ils s’agitent encore désespérément et frappent les serviteurs de Dieu pour garder ce qu’ils croyaient avoir gagné, mais ils découvrent enfin que leur temps est compté.
Jeanne
🙏🏻
Montalte
Avec Barbarin et Aupetit, ils vont pouvoir créer une fraternité d’évêques démissionnés (même si ce n’est pas du tout pour les mêmes raisons).
Laurentie
Oui cette décision m’apparait véritablement consternante. Bien sûr je ne connais pas toutes les raisons très précises de cette décision romaine, sa mise à l’écart il y a deux ans laissait présager une telle issue et il est à craindre que d’autres aient à subir le même sort. Le pape Paul VI à la fin du concile Vatican 2 avait dit aux évêques: “Nous jugerons des fruits de ce concile à l’état de vos séminaires” Que sont-ils devenus? Vides ou presque et pour beaucoup fermés, alors envers les évêques qui réussissent à les remplir il reste la jalousie. Quels sont les séminaires qui fonctionnent bien? Cherchez, ce sont ceux qui garde la tradition, les responsables de ces séminaires seront-ils les prochains sur la liste?
Notre diocèse de Poitiers cherche un archevêque sera t-il de la trempe de Saint Hilaire combattant de l’arianisme et ayant pour cela subit l’exil de la part de l’Eglise ou du cardinal Pie combattant le modernisme ou bien un évêque consensuel sans vagues capable, comme celui qui vient de partir de Poitiers, de faire un “discours” dans sa cathédrale sans nommer une seule fois : le Christ, la foi, l’Eglise, les prêtres mort sur le front, sans aucune référence à sa mission devant un parterre d’autorités civiles pour la commémoration d’un 11 novembre?
Prions, prions pour que ceux qui prennent de telles décisions ne suivent pas leurs propre volonté mais celle de l’Esprit Saint.