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France : Politique en France

Démocrato-sceptique

Démocrato-sceptique

Editorial de L’Incorrect :

Faut-il aboyer avec les populistes, qui crient au scandale, à la mainmise de l’oligarchie sur le peuple opprimé ? Et joindre nos voix à tous les plus grands antidémocrates du monde (Poutine, Erdogan) pas du tout gênés pour dénoncer cette atteinte aux valeurs démocratiques via le traquenard des juges rouges et la spoliation de la candidate RN ? Faut-il au contraire baver avec les légalistes de tout bord qui estiment que la « justice s’applique pour tout le monde » et que le RN n’a eu que ce qu’il méritait ? On tâchera, comme toujours, d’explorer la voie du milieu (et pas celle du centre, Dieu nous en garde). Et de constater que ce qui se pose encore ici, c’est la question de la nature même de la démocratie. Est-elle un système, et dans ce cas elle doit relever d’une mécanique précise, parfaitement équilibrée et ajustée entre plusieurs de ses rouages et domaines d’application, ou relève-t-elle davantage d’un climat ? Malheureusement, on serait tenté de pencher pour la seconde solution. On avait le djihadisme d’atmosphère, place à la démocratie d’atmosphère. Une démocratie, dans son acception post-moderne, relèverait donc davantage d’une sorte de paysage mental, un consensus vague qui sert de socle commun – et que les atermoiement et les délires du macronisme n’auront finalement pas entaché, puisqu’une atmosphère, par définition, ne peut pas se dissiper, à moins d’un travail de sape rigoureux (au hasard : une révolte fasciste). Donc, on se sent en démocratie, parce qu’on peut dire ce qu’on veut (dans le respect de la loi Evin), parce que nos enfants peuvent aller sur Porn Tube en deux clics et parce que l’offre télévisuelle de la TNT va de C News à Gulli. Et surtout, parce que tous les 5 ans, rituellement, on peut alimenter la machine à rêver, en donnant un peu de chair électorale à ce vieux combat légendaire de la Vème République : la Peste Brune contre le Socialo-Centrisme souffreteux.

Les fameux contre-pouvoirs sont en réalité des pouvoirs inébranlables. 

Dans cette démocratie d’atmosphère, les fameux contre-pouvoirs sont en réalité des pouvoirs inébranlables : une magistrature idéologue depuis presque 60 ans (et la tristement fameuse « harangue » du juge Baudot) et une Cour des Comptes tenue par des mitterrandiens depuis… Mitterrand. Dans ce contexte, la démocratie n’est autre qu’un système grippé, que la déshérence exponentielle des Français vis-à-vis du monde politique continue d’anéantir un peu plus chaque jour. Dans cette zone grise qui se crée autour de la démocratie, entrevue non plus comme une mécanique à entretenir précisément mais comme un décor de carte postale, tout devient possible. Y compris la fin de la démocratie. Pour cette sorte d’entre-deux flatulent qu’est la République des Juges, où le Président fait de la figuration à l’internationale pendant que le Parlement post-dissolution est devenu un véritable puits gravitationnel (tous les projets de lois s’y écroulent mystérieusement) et que les partis s’escriment à ramasser les miettes de pouvoir qu’auront bien voulu leur laisser la magistrature.

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