De Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique :
Une fois encore les chiffres de la natalité française du premier semestre 2023 ont été en baisse : – 7% par rapport à la même période de l’année précédente. Le chiffre des décès : 313 000, approche désormais de celui des naissances : 314 400. Cette situation n’inquiète pas le « Mozart de la finance », sans enfant, qui préside aux destinées de notre pays puisqu’il a une solution : l’immigration, affirmant, contre toute vérité historique, que la France a toujours été une terre d’immigration. Les travaux de Jacques Dupâquier ont pourtant définitivement démontré que la France ne devint une terre d’immigration qu’à partir du milieu du XIXème siècle. Décidément l’arrogance d’Emmanuel Macron n’est surpassée que par son ignorance !
Le déclin n’est pas inexorable
C’est la survie même du peuple français sur ses bases ethniques traditionnelles qui est désormais en jeu. La France des années 40, celle du Front populaire puis de l’Etat français fut confrontée à un défi analogue. Cependant, dès 1942 la natalité se redressa sous l’effet conjugué de trois facteurs.
- Les aides financières à la natalité et à la famille initiées par le gouvernement de Front populaire, en 1939, à l’instigation d’Alfred Sauvy.
- L’exaltation de la famille par le gouvernement de l’Etat français.
- La difficulté des temps qui incita chacun à rompre avec l’individualisme hédoniste et à renouer avec les joies, plus abordables matériellement, de la vie familiale.
Nous sommes aujourd’hui très loin d’une telle prise de conscience. En effet, si les socialistes et leurs variants macronistes ou libertaires aiment, sans doute, leurs enfants ils n’aiment ni la famille ni le mariage, lieux de l’inégalité et de la transmission. Chacun, à cet égard, lira avec profit l’ouvrage de Léon Blum paru en 1907 : Du mariage.
Quelques réalités démographiques
Rappelons quelques faits trop oubliés.
Hier, en 1900, 400 millions d’Européens colonisaient 100 millions d’Africains, le continent étant ravagé par les épidémies, les guerres inter-ethniques, la mortalité infantile, l’esclavage, etc.
Aujourd’hui, 500 millions d’Européens font face à 1,5 milliards d’Africains dans un continent où les rares espaces de paix et de prospérité se réduisent chaque jour. Le reste est littérature !
Les 60 000 français abandonnés au Québec, par le traité de Paris en 1763, n’ont dû leur survie comme nation française, dans un univers anglo-saxon férocement hostile, que grâce à un taux de fécondité élevé leur permettant de multiplier par 70 en deux siècles leur population (4,3 millions de personnes en 1961).
Chaque sentinelle est responsable de tout l’empire
Au regard de ces faits, il y a quelque chose de pathétique dans le témoignage de ce ménage de militants nationaux, chacun issu d’une famille de six enfants, s’inquiétant, face à la déferlante migratoire musulmane, de l’avenir de ses… 2 enfants. Ou dans le spectacle de ces pieux laïcs italiens, toujours célibataires à 40 ans, mais multipliant les chapelets pour le salut de l’Italie catholique. Les uns et les autres ont oublié la sage sentence de Saint-Exupéry : « Chaque sentinelle est responsable de tout l’empire. » (Terre des hommes)
Tous les modèles familiaux ne se valent pas
A l’occasion des émeutes ethniques du mois de juin dernier, certains commentateurs se sont émus de ce que 30% des jeunes interpellés ne vivaient pas avec leur père et n’étaient élevés que par leur mère. Mais qui a osé remonter aux racines de ces échecs éducatifs ? On ne peut, « en même temps », mettre sur le même plan toutes les modalités d’organisation des familles : traditionnelles monogamiques, polygamiques, monoparentales, homoparentales, etc. puis venir se plaindre de l’absence des pères dans l’éducation des jeunes garçons. De même on ne peut, « en même temps », déplorer la baisse de la natalité française et au nom d’un individualisme hédoniste exacerbé favoriser, par la loi, la fragilité des unions. Il existe, en effet, un lien direct entre nuptialité et fécondité. Moins l’union est stable, plus la probabilité qu’il y ait des enfants diminue, ce qui est psychologiquement tout à fait cohérent. Tout ce qui fragilise le mariage, sa stabilité et son indissolubilité a, ainsi, un impact direct sur la démographie.
L’égalité homme/femme aboutit à la disparition de la mère
Ayant confondu l’égalité des dignités avec l’équivalence des fonctions, la société moderne a décrété que, pour son épanouissement personnel, aucune femme ne devait plus compter sur le soutien d’aucun homme. L’homme, parfois trop heureux de cette situation, s’est déchargé de cette responsabilité, devenue une « oppression ». C’est donc, généralement seule, que la femme doit désormais envisager de faire carrière, puis de fonder une famille dans une union qui a 50 % de chances d’être rompue. La femme n’est plus reconnue comme épouse et mère, elle est devenue un homme- producteur et consommateur- comme les autres. Quant à l’homme, ayant obtenu un rallongement de son congé paternité pour se remettre des fatigues de la maternité, il a désormais toute faculté de laisser libre cours à sa libido, la femme lui proposant un corps toujours disponible pour le plaisir et assumant trop souvent seule – même si chacun sait que ce sont souvent les hommes qui font pression pour interrompre une grossesse ou différer une naissance -, par la pilule ou l’avortement, l’éventualité d’une naissance.
Le socialisme contre la famille
Enfin, si nous voyons aujourd’hui les fruits de la politique anti familiale menée par François Hollande (baisse du quotient familial, mise sous condition de ressources des allocations familiales, etc.) le mal est plus profond. Pour les démographes, la vitalité démographique d’une population est constituée par les naissances de rang 4 et au-delà. En effet, le seuil de remplacement des générations est de 2,1 enfants par femme, mais certaines n’auront pas d’enfants en raison des aléas de la vie ou à la suite d’un choix volontaire. De plus, la vie moderne génère une augmentation très sensible du nombre de couples stériles, ce qui est souvent un drame. Or, ce seuil de 4 enfants est difficilement conciliable avec une vie professionnelle, surtout à plein temps. La réalité est que renoncer à une vie professionnelle pour s’occuper de ses enfants c’est diminuer les revenus de son ménage, réduire son niveau de vie, parfois subir une forme de mépris social et ne pas cotiser pour sa retraite. En revanche, s’occuper des enfants des autres apporte revenus, considération sociale et retraite. Dans les sociétés traditionnelles, les enfants étaient une richesse car ils travaillaient jeunes et assuraient les vieux jours de leurs parents. Dans les sociétés modernes, les enfants sont d’abord un coût, important, pour les parents et leur existence, ou non, influe très peu sur le montant des retraites versées. Se pencher sur les questions démographiques sans prendre en compte ces réalités est se condamner à faire beaucoup de bruit pour rien.
Hormis dans quelques isolats catholiques, ces faits, alliés à la crainte de l’avenir, l’emportent sur toute autre considération. Il y a quelques années déjà, François Brigneau s’en inquiétait : « Ami, je sens venir la fin. La fin du pays gaulois » (La dernière lanterne). Chacun aura compris qu’au regard de ces enjeux, l’interdiction du port de l’abaya à l’école est un peu anecdotique. Il est un mystère, mais une réalité, que la survie d’une civilisation dépend, en bonne part, de la générosité des hommes et des femmes à transmettre la vie au-delà, souvent, de leurs intérêts immédiats mais dans un esprit de maternité et paternité responsables au regard de leurs différents états de conjoints, de parents, de maillons d’une chaîne civilisationnelle, etc. Il en va, aujourd’hui, de la France, de son avenir, de son peuple, de sa civilisation.
Jean-Pierre Maugendre