L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) réunira en février un collège d’experts pour élaborer une liste de recommandations pour «améliorer l’accès des personnes transgenres à une offre de soins de qualité, et respectueuse». L’OMS a communiqué les noms et biographies de ses 21 experts, précisant que ceux-ci ont été sélectionnés parmi les chercheurs dont l’expertise est la plus pertinente, mais aussi parmi les représentants des professions de santé concernées, et parmi les usagers, c’est-à-dire les trans et les associations qui les représentent.
Or la communication de cette liste d’experts a fait réagir plusieurs autres associations qui militent pour une approche plus prudente des questions liées à la transition de genre. La Society for Evidence-based Gender Medicine (SEGM), association internationale réunissant une centaine de médecins et chercheurs dénonçant le manque de garanties scientifiques entourant les interventions hormonales ou chirurgicales à destination des personnes trans, déplore la «composition biaisée» du collège d’experts de l’OMS, mais aussi une consultation publique menée dans un délai trop court et donc, en définitive, «un processus d’élaboration de recommandations précipité». Dans un courrier adressé à l’OMS, les médecins et chercheurs regrettent que le vocabulaire employé par l’OMS ne soit pas neutre, car le but avoué du travail des experts est de faciliter l’accès aux transitions de genre, et d’encourager les États à permettre «l’autodétermination de l’identité de genre».
Des cliniciens britanniques et irlandais ont écrit à l’OMS dans le même sens, sous l’égide d’un réseau de médecins préoccupés par ces questions, le Clinician Advisory Network on Sex and Gender. En France, en Belgique et en Suisse, ces spécialistes ont été rejoints par l’Observatoire de la petite sirène, un collectif présidé par la pédopsychiatre Caroline Eliacheff et la psychanalyste Céline Masson, qui a également écrit à l’OMS. Une pétition internationale rassemble à ce jour plus de 11.000 signatures d’associations ou de personnalités inquiètes par l’initiative de l’OMS. Caroline Eliacheff observe :
«Sur les 21 experts choisis par l’OMS, 7 sont des personnes trans. Et au total, 16 sont des militants transactivistes, tandis qu’aucun n’est porteur d’une voix critique sur l’approche trans-affirmative du sujet. Ce collège d’experts ne représente pas l’état des controverses actuelles soulevées par cette approche. Surtout, aucun des pays qui ont opté pour des voies alternatives à l’approche trans-affirmative n’est représenté dans ce groupe !»