Extrait du message du pape François pour la 53e journée des communications sociales :
[…] Le réseau est une occasion pour promouvoir la rencontre avec les autres, mais il peut également renforcer notre auto-isolement, telle une toile d’araignée susceptible de piéger. Les enfants se trouvent les plus exposés à l’illusion que le Web social puisse pleinement les satisfaire au plan relationnel, jusqu’au phénomène dangereux des jeunes « ermites sociaux » qui courent le risque de se rendre complètement étranger à la société. Cette dynamique dramatique révèle une faille sérieuse dans le tissu relationnel de la société, une lacération que nous ne pouvons ignorer.
Cette réalité multidimensionnelle et insidieuse pose diverses questions de caractère éthique, sociale, juridique, politique, économique, et interpelle aussi l’Église. Tandis que les gouvernements cherchent des voies de réglementation légale pour sauver la vision originelle d’un réseau libre, ouvert et sécurisé, nous avons tous la possibilité et la responsabilité d’en favoriser une utilisation positive.
Il est clair qu’il ne suffit pas de multiplier les connexions pour faire augmenter également la compréhension mutuelle. Comment retrouver, par conséquent, la vraie identité communautaire en ayant conscience de la responsabilité que nous avons les uns envers les autres aussi sur le réseau en ligne ? […]
En vertu de notre être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu qui est communion et communication-de-soi, nous portons toujours dans le cœur la nostalgie de vivre en communion, d’appartenir à une communauté. « Rien, en fait – affirme Saint Basile –, n’est plus conforme à notre nature que de nous fréquenter mutuellement, d’avoir besoin les uns des autres ».
Le contexte actuel nous appelle tous à investir dans les relations, à affirmer aussi sur le réseau et à travers le réseau le caractère interpersonnel de notre humanité. À plus forte raison nous, chrétiens, sommes appelés à manifester cette communion qui est la marque de notre identité de croyants. La foi elle-même, en fait, est une relation, une rencontre; et sous la poussée de l’amour de Dieu, nous pouvons communiquer, accueillir et comprendre le don de l’autre et y correspondre.
C’est la communion à l’image de la Trinité qui distingue la personne de l’individu. De la foi en un Dieu qui est Trinité, il découle que, pour être moi-même, j’ai besoin de l’autre. Je suis vraiment humain, vraiment personnel, seulement si je me mets en relation avec les autres. Le terme de personne désigne en fait l’être humain comme « visage », face à l’autre, engagé avec les autres. Notre vie grandit en humanité avec le passage du caractère individuel à celui personnel; l’authentique chemin d’humanisation va de l’individu qui perçoit l’autre comme un rival, à la personne qui le reconnaît comme un compagnon de voyage. […]