"Du 8 au 14 décembre 1947, quatre fillettes témoignent avoir vu la Vierge Marie dans l’église romane Saint-Gilles de l’Île-Bouchard, village de Touraine. À dix reprises elle s’entretient avec elles. Elle leur demande de prier pour la France au bord de la guerre civile, et leur promet du bonheur dans les familles.
Jacqueline Aubry, aînée des quatre petites filles qui ont témoigné avoir vu la Sainte Vierge dans l’église de l’Île-Bouchard en 1947, est partie vers le Père le 15 mars 2016 à l’âge de 80 ans. Sa sépulture a été célébrée par Mgr Bernard-Nicolas Aubertin le 19 mars, solennité de saint Joseph. Pendant des dizaines d’années, avec l’autorisation de l’Église, elle a raconté les choses comme elle les avait vécues avec ses yeux d’une petite fille de 12 ans. Le résumé de son récit en quatre mots pourrait être celui-ci : un contexte, une demande, une promesse et une école.
Un contexte : l’après-guerre.
Nous sommes au sortir de la Seconde Guerre mondiale. La France n’est pas encore reconstruite, il y a même moins à manger en 1947 qu’en 1945. À la campagne, peu importent les tickets de rationnement : chacun a ses arbres fruitiers et ses clapiers, on est autosuffisant. Tandis qu’en ville, début décembre, il y a des émeutes devant les boulangeries. Ce climat social difficile est encore alourdi par le début de la guerre froide. Staline a décidé de prendre le pouvoir partout en Europe. En France, il va passer par le Parti Communiste Français et la CGT qui déclenchent une grève générale qui devient une grève insurrectionnelle. On est au bord de la guerre civile. Le gouvernement Schuman mobilise deux classes d’âges sous les drapeaux pour faire face aux troubles.
Le 8 décembre 1947, vers 8 ou 9 heures du matin, le Père Finet entre dans la chambre de Marthe Robin, une mystique de la Drôme et lui dit : « La France est foutue ! » Mais Marthe répond : « Non Père, la Sainte Vierge va apparaître et demander la prière des petits enfants. » À l’Île-Bouchard ce même jour vers 13 heures, les fillettes contemplent une « Belle Dame » qui ne dit pas une parole. Puis, lors de sa deuxième venue environ 50 minutes plus tard, elle prononce cette première phrase : « Dites aux petits enfants de prier pour la France car elle en a grand besoin. »
Une demande : prier pour la France.
La Dame va insister à quatre reprises. Ainsi le mardi 9 décembre à 13h : « Je vais vous dire un secret que vous pourrez redire dans trois jours : priez pour la France qui, ces jours-ci, est en grand danger » ; ou encore le mercredi 10 décembre à 13h : « Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles mais pour vous demander de prier pour la France. » Et enfin, le vendredi 12 décembre à 13h, la Dame fait encore la même demande aux enfants : « Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles mais pour que vous priiez pour la France. »
Le 9 décembre, le Comité central de grève constitué par les fédérations CGT ordonne la reprise du travail. Le 12, la France est définitivement sauvée de la guerre civile et le travail a repris. Ce même jour, le mot « Magnificat » devient lisible sur la poitrine de la Sainte Vierge.
Depuis les événements, cette prière pour la France n’a pas cessé dans l’église Saint-Gilles et s’est même amplifiée : chaque second samedi de chaque mois, la messe est célébrée pour la France, en lien avec d’autres sanctuaires qui prient pour notre pays ; chaque dimanche aux vêpres, la triple invocation à Marie pour la France termine les vêpres et le Salut du Saint-Sacrement. Plusieurs pèlerinages pour la France arrivent aussi à l’Ile-Bouchard. Et prochainement, le 14 juillet 2016, nous organisons un pèlerinage des petits enfants pour notre pays.
Une promesse : le bonheur dans les familles.
Au détour d’une phrase, Marie fait une promesse passée inaperçue : « Je donnerai du bonheur dans les familles. » Aujourd’hui, à l’Amoris Laetitia, la joie de l’amour (titre de la dernière lettre du Pape sur la famille), succède souvent le chagrin de la dispute, de la séparation. L’Île-Bouchard est devenu « un hôpital de campagne » pour la famille : sept sessions par an de vacances spirituelles et familiales avec une journée couple qui en a sauvé plus d’un, pèlerinage des familles, des parents seuls, retraite pour couples en espérance d’enfants, etc. Pour que la joie de l’amour résonne à nouveau, de nombreuses familles y viennent en pèlerinage. Demain 22 mai 2016, nous accueillons le 32ème pèlerinage des familles organisé par les Association Familiales Catholiques (AFC).
Une école : apprendre à prier.
Enfin, du lundi 8 au dimanche 14 décembre 1947, la Vierge met en place tout au long de la semaine comme une école de prière : Ainsi le mardi 9 décembre à 17h, elle demande : « Chantez le Je vous salue Marie, ce cantique que j’aime bien », puis : « Dites à la foule de s'approcher pour réciter une dizaine de chapelet. » Puis la petite Jacqueline raconte que la Vierge bénit l’assistance par un « majestueux signe de croix ».
Le jeudi 11 décembre à 13h, elle demande à deux reprises de « rechanter le Je vous salue Marie ». Puis elle demande pour la deuxième fois : « Priez-vous pour les pécheurs ? », avant d’insister : « Surtout, priez beaucoup pour les pécheurs. » Marie apprend aux petites fille l’invocation : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. »
Enfin le dernier jour, la Vierge Marie demande : « Chantez le Je vous salue Marie. Récitez une dizaine de chapelet. » Puis : « Dites à la foule de chanter le Magnificat. »
Le samedi et le dimanche, les cinq dizaines de chapelet sont priées.
Prier pour la France, pour les familles, apprendre à prier… sont toujours d’actualité !
Abbé Xavier Malle, curé de la paroisse/sanctuaire de L’Île-Bouchard