Vendredi, à l’Assemblée, se tenait une réunion sur la pornographie, avec Thérèse Hargot, Israël Nisand, Grégory Dorcel, Marc Vannesson, et le député Poisson. Tous partagent le même constat : les conséquences d’un accès prématuré (voire un accès tout court pour certains intervenants) à la pornographie sont dramatiques. Charlotte d'Ornellas relate les débats.
Israël Nisand indique : « J’ai entendu parlé de zoophilie dans 100% des collèges dans lesquels je suis intervenu »… Les enfants sont incapables de prendre la moindre distance par rapport à ce qu’ils voient. Pour eux, les images sont le réel, et ces images détruisent la confiance, l’affectivité, le regard et les aspirations de ces enfants. « On regarde pour savoir ce qu’aiment les meufs », est une réponse communément entendue dans ces écoles. Les « meufs », de leur côté, acceptent de faire des choses qu’elles viennent raconter en pleurant le lendemain.
Thérèse Hargot déclare :
« Nous avons voulu nous affranchir de l’autorité religieuse, désacraliser la sexualité, et nous en avons fait un objet de consommation, créant ainsi un nid à l’industrie pornographique. Aujourd’hui, cette dernière est vecteur de normes de jouissance, de réussite, d’efficacité, qui sont terriblement angoissantes pour des enfants qui ne peuvent les atteindre. Alors posons-nous la question : la société que nous voulons est-elle celle de la marchandisation de la sexualité ? »
« La pornographie a dégradé l’image de la femme, mais également celle de l’homme ».
Israël Nisand ajoute :
« Il y a même des bobos pour trouver encore que la pornographie est le meilleur moyen pour apprendre la sexualité, or nous savons – par des études – que la consommation de ces images n’est pas sans conséquence ». « Des études montrent un coefficient de corrélation entre l’âge de la première vue d’une image pornographique, la quantité de consommation de ces images et le rapport à la sodomie dans les premiers rapports sexuels ». « Lors d’une étude, une personne sur cent déclarait avoir un appétit pédophile. Après trois heures de visionnage d’images pédo-pornographiques, on était passé à 12% ». « La pornographie a une influence indéniable sur les pratiques sexuelles des enfants mais également sur celle des adultes ».
Marc Vannesson indique :
« En 2004, une étude a été menée sur 1000 jeunes, la consommation de pornographie est souvent liée à de l’absentéisme scolaire, une forte consommation d’alcool, et parfois même au suicide. Cela ne veut pas dire que la pornographie est responsable de cela, mais que le malaise est global. La réponse doit l’être aussi ». « La sexualité est toujours abordée comme une question de santé publique, et trois thèmes sont abordés en priorité. Au primaire : reproduction, changement du corps, égalité homme-femme. Au collège : respect, IVG/contraception, sida. Au lycée : IVG/contraception, sida, respect. Mais n’importe quel professionnel vous dira qu’un tel discours de peur et de protection, alors que l’on parle de liberté, ne peut faire prendre aucune décision ajustée ».
Jean-Frédéric Poisson, organisateur du colloque, conclut :
« Je vais réfléchir à créer les journées parlementaires de la protection des mineurs contre la pornographie », promettant par ailleurs d’user de « tous ses pouvoirs parlementaires pour questionner le gouvernement sur ce qu’il compte faire, concrètement, pour faire appliquer la loi ».